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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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ciel nous a envoyé de l’aide au bon moment. Marguerite semble tout à fait tranquille. Le prêtre s’en va.
    Christiane me présente. Marguerite est pratiquement aveugle, mais elle entend très bien ma voix. Je m’approche pour qu’elle puisse me voir un petit peu plus. Nous nous serrons la main. Elle parvient à distinguer ma silhouette, guère plus. Elle me dit : « Vous avez les cheveux châtains… » Je regarde très attentivement cette femme qui a eu une telle importance dans la vie de mon père, de notre père. Je constate qu’à son âge, 91 ans, elle est toujours très belle, avec des yeux extrêmement clairs, un regard profond. Je regarde ses mains, toujours fines et graciles, exactement comme sur la première photo que j’ai vue d’elle. Je pense à mon père. Je le comprends. Marguerite s’excuse : elle n’est « pas bien coiffée ».
    Il fait une chaleur terrible, c’est le jour le plus chaud du mois de juillet. Je dis à Marguerite : « Madame, il fait une chaleur terrible aujourd’hui, mais il y a trois fleurs dans cette pièce : une Marguerite, une Christiane Marguerite [c’est son deuxième prénom] et une Iris. Alors, cela n’a aucune importance d’être bien coiffée ou pas. » À ce moment-là, Ist das Eis gebrochen  : la glace est rompue. Elle rit. Christiane rit. Je suis heureuse de les voir sourire, la mère et la fille.
    Je remercie Marguerite pour le cadeau qu’elle m’a fait. Elle est interloquée. Je lui explique : « Vous m’avez fait le plus beau cadeau de ma vie, madame. C’est votre fille, Christiane, ma sœur. » Marguerite me dit qu’elle est très heureuse que je sois là : « Si un jour je m’en vais, Christiane ne sera pas toute seule. »
    Nous parlons, nous rions toutes les trois, comme trois filles de 20 ans. Marguerite a les larmes aux yeux. Christiane l’a remarqué aussi.
    Marguerite me permet de prendre quelques photos. C’est difficile : elle arrive à peine à bouger et elle ressent des douleurs. Elle s’exclame : « Quel ménage ! »
    Nous ne restons pas 15 minutes. Nous restons une heure. Nous sommes heureuses, toutes les trois. Je suis assise juste à côté de Marguerite, au bord de son lit. Je prends sa main. Tout est très naturel. Je prends la main de Christiane. Nous restons comme cela un petit instant, toutes les trois, nos mains se touchent. Christiane dit : « La famille est réunie. »
    C’est bientôt l’heure du déjeuner. Marguerite s’adresse à moi : « Vous m’avez remonté le moral aujourd’hui. » Je lui réponds : « Si cela vous fait plaisir, je pourrai vous appeler, de temps en temps, pour parler un peu. » Elle reprend : « Oui, je veux bien. »
    Nous nous disons au revoir, nous nous faisons la bise. Je la regarde partir sur sa chaise roulante.
    Le lendemain, Christiane me confie qu’elle est soulagée. Elle ajoute : « Je te donne la permission d’appeler maman. » Quelques jours après notre visite, sa mère semble ne plus se rappeler de rien. Elle demande à Christiane : « C’est qui, Iris ? »
     
    Les souvenirs de la voisine
     
    13 juillet. Visite chez la voisine de Marguerite, dans le petit village d’Alsace où elle s’est installée après la guerre. Marguerite est née ici, en 1920. Elle s’y est mariée en 1948. La voisine connaît Christiane depuis son enfance. Elle lui dit : « Vous êtes arrivée à l´âge de 5 ans. » Depuis, la fille de cette voisine a confié à Christiane qu’elle avait passé quelque temps, en 1947, dans une maison qu’ils possèdent à Cherbourg, en Normandie. Christiane n’avait jamais entendu parler de cela avant. Elle n’a jamais posé ces questions. Ce sont mes interrogations qui suscitent des réactions.
    En 1948, Marguerite épouse donc Roger M. L’homme adopte Christiane. Tout ce qu’il demande à Marguerite, c’est de détruire tous les documents en rapport avec le père de Christiane : lettres, photos… Marguerite brûle tout. Mais ces souvenirs vont constituer un « fil rouge » qui ne cessera jamais d’être présent dans sa vie. Werner reste dans son cœur, dans ses pensées, elle n’arrive pas à l’oublier.
    Ce jour-là, Christiane raconte : « Mon père adoptif ne m’a jamais fait ressentir que je n’étais pas sa fille à lui. » Elle l’aimait beaucoup. Il est décédé en janvier 2009. Le même mois, sa mère est tombée très malade. Il a fallu lui trouver une maison de repos.
    Ce jour-là, la

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