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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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la photo où on la voit avec notre père. Je lui dis que je suis ravie de l’entendre, que j’ai souvent pensé à elle… Que j’ai admiré son courage pendant la guerre et après. Qu’elle a bien agi, que je suis tellement heureuse d’avoir trouvé sa fille Christiane, après deux années de recherches. Que l’on s’entend bien, Christiane et moi, qu’on parle beaucoup et qu’on rigole. Que je l’aime beaucoup, Christiane. Que j’imagine bien qu’avec Werner, cela ne devait pas être facile. Que, malgré tout, il ne l’avait pas oublié. Qu’il avait conservé ses lettres et la photo… Elle répond seulement : « Ah bon… »
    Marguerite m’écoute. De temps en temps, elle dit : « C’est très gentil. » Elle me demande pourquoi je « parle si bien le français ». Je lui décris mon amour pour son pays et sa langue, depuis ma jeunesse.
    Nous parlons pendant huit minutes. À la fin de la conversation, je lui propose : « Madame, si vous voulez bien, je vous rendrai visite la prochaine fois que je viendrais en Alsace. »
    Tout d’abord, elle ne dit rien. Silence. Elle hésite. Elle réfléchit. Elle finit par répondre : « Vous savez, il y a des jours où je me sens bien. Et il y en a où je ne me sens pas bien… Alors, on verra. » Nous nous disons « Au revoir ».
    Ensuite, elle discute de nouveau avec Christiane. Elle lui dit : « Tu me préviens quand Iris viendra. Je veux être bien habillée et coiffée. »
    Ce coup de fil est un moment d’émotion intense. Christiane est soulagée que tout se soit bien passé. Nous avons toutes les deux les larmes aux yeux. Sans le dire, nous nous rendons compte que la boucle est en train de se refermer.
    29 mai. Je montre à Christiane la petite tour Eiffel, d’une vingtaine de centimètres de hauteur, le cadeau que notre père avait reçu, comme tous ses camarades, pour Noël 1940, à Paris. Je lui montre son écriture : sur une petite plaquette de bois, en dessous de la tour, il a marqué : SS - A.R. 4 . ; 4 e  régiment SS d’artillerie. Il faut le voir pour pouvoir réaliser que tout cela a vraiment eu lieu…
    Je lui montre maintenant un cornet à dés, en cuir. Mon père et moi, on jouait souvent avec ces dés. Nous nous amusions beaucoup. J’aime bien me rappeler ces moments-là. Nous faisions un bruit incroyable en agitant les dés dans le cornet et en les lançant sur la table. On rigolait et on hurlait comme des fous. Je demande à Christiane ce qu’elle ressent, si elle est jalouse… « Non », répond-elle. Je lui fais toucher le cornet, les cinq dés et le petit crayon, avec lequel nous notions les résultats. Elle sent l’odeur du cuir, vieux et usé, du cornet à dés de son père et de sa sœur.
    Pour Christiane, c’est la limite. À cet instant, elle n’en peut plus.
    30 mai. Il fait une chaleur terrible. 37 degrés. C’est le jour le plus chaud du mois de mai. Christiane rentre chez elle, en Alsace. Elle emporte dix sacs, la corbeille du chien, les peluches du chien et le chien lui-même. Il faut du temps pour tout charger dans la voiture.
    Deux jours après son retour, elle m’explique qu’elle se sent très bien. Depuis des années, elle souffre de tétanie. Ses mains tremblent. Pour la première fois, la tétanie s’est arrêtée. L’une de ses mains ne tremble plus. Cela revient au bout de quelques jours, mais c’est un signe intéressant.
    22 juin. Je réserve une chambre dans un hôtel de Strasbourg.
    23 juin. C’est l’anniversaire de Marguerite. Elle a 91 ans. Comme l’année précédente, je pense à elle.
     
    En Alsace
     
    10 juillet – 14 juillet. Voyage à Strasbourg.
    11 juillet. Je retrouve Christiane au parc de l’Orangerie. Elle me dit d’emblée : « Iris, nous n’irons pas voir maman demain. Je sais que tu es très déçue. Mais, elle est très méchante et agressive. Elle va nous mettre à la porte toutes les deux. »
    Je lui réponds : « On ira. »
    Le soir même, elle rappelle sa mère. Marguerite est d’accord pour une visite d’un quart d’heure, le lendemain.
    12 juillet. La visite à Marguerite. Avant d’entrer dans la maison de repos, Christiane me supplie : « Ne lui parle surtout pas de la guerre ou de notre père. Elle a une aversion pour lui. »
    16 heures 15. En entrant dans la chambre de Marguerite, nous tombons sur un monsieur, souriant, assis à côté de son lit. Christiane ne le connaît pas. « Je suis prêtre », dit-il. Le

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