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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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Marguerite et de Christiane y ont eu lieu, à Hameln, en juin 1946…
    Quelques jours après ma visite à Fulda, Christiane m’a rapporté ce que lui avait dit Marguerite, bien des années auparavant : la mère de notre père, Frederike Reimer, avait écrit à Marguerite, à l’époque. Elle lui avait proposé une aide financière, après la naissance de Christiane. Ce qui signifie que notre père avait dû se confier à sa propre mère. Marguerite avait refusé cette aide. Elle préférait se débrouiller toute seule.
    Christiane se souvient aussi des versements d’argent réguliers que notre père avait faits.
    En outre, toujours sur les cartes postales, je m’aperçois que, pendant sa dernière année d’emprisonnement en Russie, en 1955, Werner inscrivait, comme expéditeur, le nom composé « REIMER-S… ». Pourquoi ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que Marguerite recevait des nouvelles par le biais des cartes postales envoyées à la famille, à Fulda ?
    24 mai. Christiane m’appelle. Elle est inquiète. Sa mère va très mal. Christiane avait prévu de me rendre visite à la fin du mois de mai. Elle ne sait pas si cela sera toujours possible.
    En apprenant l’état de santé de Marguerite, je prends la décision de faire un voyage en Alsace, le plus vite possible, pour ne pas manquer l’occasion de faire sa connaissance.
    Christiane et moi, nous avons le même sentiment : sa mère veut « partir », quitter ce monde…
     
    Visite de Christiane
     
    27 mai. Christiane vient finalement me voir à Düsseldorf, avec son chien. Elle le traite comme un enfant – elle me dit qu’elle n’a jamais pensé à avoir des enfants.
    Nous passons presque trois jours entiers ensemble, toutes seules, sans être dérangées, pour la première fois, comme deux sœurs. Elle a osé s’éloigner de son compagnon, même si elle a eu du mal à lui expliquer la raison de son voyage. Pour lui, je suis toujours la fille de l’amie allemande que Marguerite fréquentait à l’époque, à Paris.
    Nous parlons. Nous nous promenons. Nous essayons de « rattraper » 70 années ! Ce n’est pas possible en trois jours, il va nous falloir de la patience…
    Je lui fais écouter la voix de notre père sur une cassette. Il l’avait enregistrée en 1975, à l’occasion du 20 e anniversaire de son retour de captivité en Russie. On l’entend parler, il est très content, cette date est importante : le 16 octobre 1955, pour lui, une deuxième vie a commencé. Chaque année, il le rappelait à ma mère, à moi, à ses anciens camarades de guerre… Ce jour-là, mon père m’avait demandé de jouer quelques chansons pour lui à la guitare. Il avait ramené l’instrument de Russie et il avait voulu que j’apprenne à en jouer. Je n’ai jamais aimé la guitare. Sur la cassette, on nous entend chanter ensemble. Il y a même une chanson française. Ce n’est que maintenant que je m’en rends compte.
    Christiane écoute la voix de son père. Elle a 69 ans. Quelle chance… Elle n’avait jamais pensé pouvoir l’entendre un jour. L’image de son père entre petit à petit dans sa conscience, très lentement… Nous écoutons la cassette plusieurs fois. Christiane est très calme. Normalement, elle parle sans arrêt.
    Je lui montre le film que notre père a fait à Paris, en 1941. J’ai essayé de la préparer à quelques scènes, en les lui décrivant à l’avance. Christiane voit sa mère dans le jardin de la maison, à Massy-Verrières. Elle dit : « Cela me fait tout drôle de la voir si jeune… »
    Nous regardons la séquence tournée à la gare de l’Est, avec les soldats qui partent en Russie. Pour la première fois de sa vie, Christiane voit ses deux parents ensemble, l’un à côté de l’autre. Nous visionnons les scènes plusieurs fois d’affilée. Au bout d’un certain temps elle ne se sent pas bien. Nous arrêtons.
    Plus tard, je lui montre des souvenirs de notre père, des photos, et le résultat de mes recherches. Je lui présente des images de trois foyers du Lebensborn où elle est passée pendant la guerre : Wégimont, Schalkhausen et Steinhöring. Elle n’en a jamais entendu parler.
    28 mai. Dans l’après-midi, Christiane appelle sa mère au téléphone, depuis chez moi. Elle me propose d’échanger quelques mots avec Marguerite.
    15 heures 40 . J’entends, pour la première fois, la voix de la mère de ma demi-sœur.
    Je me présente, je lui parle de ses lettres et de

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