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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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tendit le bras et – les yeux fixés sur ceux de Villaverde – massa les plaies ouvertes pour y faire pénétrer la poudre. Celle-ci brûlait, ignoblement, mais Navarro ne broncha pas, même quand Villaverde se mit à hurler si fort que le tueur eut l’impression que ses propres tympans allaient éclater.
    Aussi brusquement qu’il avait commencé, Navarro s’interrompit. Il tourna le dos à Villaverde, prit une serviette sur un meuble et s’essuya les mains, debout devant la baie vitrée, les yeux fixés sur la mer.
    Villaverde sentit que la douleur diminuait. Puis, très vite, son pouls s’accéléra. Il pensa à Torres et comprit que d’ici quelques instants il aurait perdu le contrôle de son esprit.
    Au bout d’un moment, Navarro se retourna vers lui. Il se tenait absolument immobile, fixant Villaverde en murmurant des mots incompréhensibles.
    C’est alors que cela vint. Beaucoup plus tôt que Villaverde ne s’y attendait.
    Il avait très chaud. La sueur se mit à couler sur son visage. L’acide gastrique lui remontait dans la bouche, il eut un haut-le-cœur, faillit étouffer. Quand il ferma les yeux, il vit des formes primitives glisser sous ses paupières. Il les rouvrit, mais les formes étaient toujours là, ondulant devant l’image de Navarro et du gymnase.
    Il referma les yeux, résistant à la confusion qui s’emparait de lui. Des couleurs aveuglantes prirent le relais et disparurent aussi brusquement, comme si quelqu’un avait actionné un interrupteur au fond de ses yeux. L’obscurité était intense, absolue… il n’en avait jamais rencontré de pareille. Il ouvrit les yeux, terrifié à l’idée d’être aveugle, et les créatures firent leur apparition. Des reptiles et des serpents, horribles, sifflants. Des formes humanoïdes tordues qui grondaient entre leurs crocs monstrueux, le menaçaient de tous les coins à la fois. Et, derrière elles, des murs noirs qui se refermaient, se resserraient sur lui comme un étau géant.
    Il se mit à hurler, referma les yeux dans l’espoir de repousser l’horreur. Il tenta de résister, se força à penser à autre chose, à quelque chose de lénifiant, et revit ce qui resterait sa dernière virée à Black’s Beach. Il se concentra sur les vagues qui roulaient depuis la fosse sous-marine, à huit cents mètres au large. Sur la houle brutale qui fonçait vers le rivage, un rouleau après l’autre, et libérait son énergie au fond des grands creux. Il se rappela l’odeur de la mer, le cri des mouettes au-dessus de sa tête, la sensation du pouvoir naturel des vagues tandis qu’il pagayait pour rejoindre la file.
    Pendant un court instant, cela marcha. Quand la vague arriva, il ressentit une sérénité délicieuse. Il sauta sur sa planche. Plia les genoux. Equilibra son poids. Mais quelque chose se précipitait vers lui. Pas la plage. Pas l’océan. C’était autre chose. Ça venait du plus profond de lui-même. Cela le heurta avec une violence qui dépassait la force des plus grosses vagues qu’il eût jamais chevauchées. Le choc vida l’air de ses poumons. Incapable de respirer, il cherchait à retrouver son souffle. Villaverde avait l’impression que tous ses organes venaient s’écraser sur son cœur… Tout à coup, cela jaillit des plaies de sa poitrine.
    Un serpent tricéphale noir, gluant, aussi gros qu’un boa, émergea d’un champ de flammes, se déroula hors de son torse, se replia sur lui-même avant de se dresser à hauteur de son visage et de gronder dans sa direction, ses énormes mâchoires montrant leurs rangées de crocs.
    Villaverde voyait les flammes jaillir de ses plaies, il sentait l’odeur de sa peau qui brûlait et savait qu’elle grésillait et se liquéfiait sous l’effet de la chaleur. Il sut qu’il serait réduit en cendres dans quelques secondes. Il hurla, tenta de se détourner du monstre qui lui faisait face, mais celui-ci suivit le mouvement, se déplaça pour venir souffler sur son visage trempé de sueur et lui demanda, dans un sifflement répété par l’écho :
    — Où sont-ils ?

60
    Mon fils est la réincarnation de l’homme que j’ai tué .
    Il me semblait en tout cas que c’était bien ce que Tess venait de dire. J’avais encore la tête sens dessus dessous, comme si c’était moi qui vivais une expérience extracorporelle.
    C’était absurde.
    — Mais de quoi parles-tu ?
    Ce furent les seuls mots que je réussis à articuler.
    — Des choses qu’Alex se rappelle. Les

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