L'énigme de l'exode
t’embrasse », puis par « Je t’embrasse fort ». Mais cela ne lui convenait toujours pas. Difficile d’exprimer ce qu’on ressent par texto. Ces formules semblaient vides de sens. Il se sentit ridicule. Ce n’était vraiment pas le moment d’ergoter sur des détails de ce genre. Malgré tout, il avait envie de le faire. Il pianota encore pour écrire quelques mots, les relut et fut troublé par leur teneur plaintive. Mais il avait déjà perdu trop de temps. Il mit les photos en pièces jointes et les envoya avant de changer encore d’avis.
Omar jura entre ses dents, ralentit et s’arrêta. Knox leva les yeux et ne vit qu’une paire de phares sur la route principale, à environ un kilomètre.
— Que se passe-t-il ?
— Regardez là-bas, dit Omar.
Knox comprit de quoi il parlait : la lune se réfléchissait sur un pick-up garé devant le pont en bois.
— Bon sang ! murmura-t-il.
— Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Omar.
— Il doit bien y avoir un moyen de sortir d’ici. Cherchons une autre route.
Omar passa la première en force et le moteur crissa.
— J’ai une automatique, expliqua-t-il avec un sourire contrit.
— Vous voulez que je conduise ?
— Ce serait peut-être mieux.
Ils échangèrent leurs places. Knox attacha sa ceinture de sécurité et ils firent demi-tour, en quête d’une autre route. Le pick-up les suivit lentement pour ne pas les perdre de vue tout en restant à une distance prudente, entre eux et le pont. Knox franchit une colline et fit demi-tour. Dès l’instant où le pick-up apparut, il enfonça le champignon, droit dans sa direction, et la jeep rugit en rebondissant dans les cahots. Omar, agrippé à la poignée de sa portière, enfonçait instinctivement une pédale de frein imaginaire. Mais Knox garda le pied au plancher. Le pick-up fit demi-tour et se lança dans la course pour atteindre le pont. Knox avait de l’avance, mais le vieux moteur de la jeep était moins puissant, et le pick-up gagnait du terrain.
— On ne s’en sortira jamais ! cria Omar.
— Cramponnez-vous ! lui cria Knox, qui zigzaguait en soulevant des gerbes de terre, pour empêcher le pick-up de dépasser la jeep. Il décrivit un large cercle, puis braqua brusquement en direction du pont. Il y était presque lorsqu’un 4x4 surgit de l’obscurité, droit devant eux, tous feux allumés. Ébloui, Knox pila en se protégeant les yeux, la main en visière, mais c’était trop tard. Les pneus glissèrent, la jeep se mit à osciller, manqua le pont et plongea dans le canal d’irrigation. Knox eut le réflexe de plaquer Omar au fond de son siège, mais le capot s’écrasa contre le fossé, le métal se froissa et le pare-brise vola en éclats dans un fracas épouvantable. Violemment retenu par sa ceinture, Knox fut projeté en arrière et reçut un coup à la base du crâne. Il perdit connaissance.
Chapitre 12
I
Lily posa discrètement la main sur le bras de Stafford dans l’espoir que celui-ci se calme un peu, mais il l’ignora, se resservit du vin et poursuivit.
— Les gens ne comprennent rien au judaïsme, déclara-t-il. Ils connaissent Abraham, Noé, Jacob et tous les autres patriarches, et pensent que les Juifs sont arrivés en Égypte avec des croyances et des coutumes bien définies, qu’ils les ont conservées pendant tout leur séjour et qu’ils sont repartis sans avoir subi la moindre influence. Mais cela n’a pas pu se passer comme ça. Lorsqu’on porte un regard impartial sur le judaïsme, on se rend compte qu’il trouve ses origines en Égypte, et plus précisément dans le monothéisme d’Akhénaton.
— C’est une affirmation audacieuse, observa Fatima.
— Si vous ne me croyez pas, relisez le récit de la création dans la Genèse. L’idée selon laquelle tout a créé à partir du vide était un concept égyptien. L’homme créé à l’image de Dieu, qui a aussi créé la terre et le ciel, est aussi une notion propre à la tradition égyptienne. De nombreux passages de la Bible ont été repris quasiment mot pour mot. Prenez, par exemple, les confessions négatives du Livre des Morts : « Je n’ai pas blasphémé. Je n’ai pas causé de peine. Je n’ai pas tué. Je n’ai pas copulé. » Mettez les verbes au futur et vous avez les Dix Commandements. Le psaume 34 s’inspire d’une inscription retrouvée à Amarna. C’est une copie de l’hymne à Aton d’Akhénaton.
— Une copie ! s’indigna Fatima. Ils ont quelques points communs, c’est
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