L'énigme de l'exode
profiteront de l’occasion pour salir le nom du Christ, car c’est ce que font les infidèles. Ils salissent le nom du Christ ! Tu veux aider des infidèles à salir le nom du Christ ? C’est ça que tu veux ?
— Non, révérend, bien sûr que non.
— Bien. Alors écoute-moi. Personne n’a besoin de savoir ce qui s’est passé ici. C’était un accident, c’est tout. Ces hommes roulaient à toute vitesse au milieu de la nuit. Cela n’a rien d’étonnant.
— Oui, révérend.
— Retourne au site. Si on te pose des questions, tu dis que tu as fait un tour mais que tu n’as rien vu. C’est compris ?
— Oui, révérend. Et vous ?
— Ne t’inquiète pas pour moi. Va-t’en !
— Bien, révérend.
Le pasteur regarda Nathan s’éloigner au volant du pick-up. C’était le problème avec les jeunes. L’argile de leur esprit était encore malléable. Elle n’avait pas encore durci dans le four des causes justes. Peterson devrait se débrouiller seul. Il descendit le long du fossé en essayant d’éviter les éclats de verre. Il avait un téléphone mobile à récupérer.
Chapitre 13
I
Fatima garda le silence pendant quelques instants avant de répondre à Stafford, peut-être pour lui laisser le temps de prendre conscience de l’incongruité de sa propre véhémence.
— Réfuter ? demanda-t-elle d’une voix posée. Réfuter quoi, exactement ?
Stafford parut troublé.
— Ma thèse, répondit-il.
— Mais vous m’avez promis des preuves, objecta Fatima, qui parlait si bas que Gaëlle avait du mal à l’entendre. Comment pourrais-je réfuter votre thèse avant d’avoir entendu vos preuves ?
Stafford la regarda d’un air ébahi.
— Je ne comprends pas, bafouilla-t-il. Les preuves, je viens de vous les apporter.
— Vraiment ? Vous appelez ça des preuves. Tout ce que j’ai entendu jusqu’à présent, ce ne sont que des hypothèses. Des hypothèses bien documentées, j’en conviens, mais de simples hypothèses.
— Comment pouvez-vous dire cela ?
— Cher monsieur Stafford, comprenez-moi bien. Personnellement, je ne crois ni à la Bible ni en son dieu. Mais peut-être y croyez-vous. Peut-être croyez-vous que ce dieu a créé le monde en sept jours, que les animaux sauvés par Noé ont été les seuls à survivre au déluge, et que nous parlons des langues différentes parce l’homme a voulu atteindre les cieux en construisant la tour de Babel. Est-ce en cela que vous croyez ?
— Je vous l’ai dit, je ne prends pas ce qui est dit dans la Bible au sens littéral.
— Mais vous accordez une certaine validité à ce texte, alors qu’il est contredit par les faits historiques et archéologiques.
— Ce n’est pas ce que j’ai dit.
— Je suis ravie de l’entendre. Alors permettez-moi de vous dire ce que je pense de la Bible. Je pense qu’il s’agit de l’histoire traditionnelle d’un peuple cananéen. Ni plus, ni moins. Et j’estime que sa validité historique doit être évaluée aussi scrupuleusement que celle de n’importe quelle autre histoire traditionnelle, et non tenue pour acquise sous prétexte que de nombreuses personnes confèrent à ce texte une valeur sacrée. En tant qu’historien, vous êtes d’accord avec moi, n’est-ce pas ?
— Tout à fait.
— Bien. Or, pour évaluer la validité d’une histoire traditionnelle, nous devons faire abstraction de ce que nous savons, examiner les faits pour connaître la vérité et, ensuite seulement, revenir à cette histoire traditionnelle pour la confronter avec les faits. Toute autre approche serait tendancieuse. Et vous savez quoi ?
— Quoi ?
— Lorsqu’on applique cette méthode, la Bible n’est pas crédible, en particulier les premiers livres. Il n’existe aucune preuve attestant la véracité des faits qu’elle rapporte. Rien ne prouve que les Juifs aient existé, en tant que peuple, à l’époque d’Akhénaton, qu’ils aient vécu en grand nombre en Égypte, ni qu’ils aient quitté ce pays lors d’un exode de masse.
Le défi et l’alcool firent monter le feu aux joues de Stafford.
— Alors d’où viennent tous ces récits ? demanda-t-il.
— Qui sait ? Beaucoup d’entre eux ont manifestement été empruntés à des cultures plus anciennes. On reconnaîtra, par exemple, l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh. D’autres passages semblent être des variations sur le même thème. Sans doute les auteurs de la Bible ont-ils voulu marteler leur message moral. L’homme conclut une
Weitere Kostenlose Bücher