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L'énigme de l'exode

L'énigme de l'exode

Titel: L'énigme de l'exode Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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changeaient immédiatement les idées. Mais ce soir-là, en se penchant vers Housniya qui tendait les bras vers lui pour s’accrocher à son cou, il ne parvint pas à se libérer l’esprit. Il s’efforça de ne pas laisser transparaître son anxiété et franchit le rideau de perles pour l’emmener à la cuisine. Lorsqu’il l’embrassa furtivement sur le front, il remarqua avec fierté mais aussi inquiétude à quel point ses cheveux étaient noirs et crépus sur son cuir chevelu fragile et blanc.
    Yasmine leva les yeux de la cocotte, les yeux fatigués, le visage luisant de vapeur.
    — Ça sent bon, dit Naguib.
    Il tenta de chaparder un petit morceau, mais elle lui donna une tape sur la main. Ils se sourirent. Après treize ans de mariage, il était encore surpris par la fraîcheur de leur affection. Housniya s’assit en tailleur sur le sol, un bloc de papier sur les genoux, et se mit à dessiner des animaux, des arbres et des maisons. Regardant par-dessus son épaule, il la complimentait et lui posait des questions. Mais il ne tarda pas à plonger dans une rêverie hantée par les fléaux de ce monde. Ce ne fut que lorsque Yasmine lui toucha l’épaule qu’il réalisa qu’elle lui avait dit quelque chose. Il secoua la tête pour chasser ses idées noires et s’efforça de lui adresser un sourire chaleureux.
    — Oui ?
    — À quoi tu penses ? demanda-t-elle.
    — À rien de particulier.
    Mais il ne put empêcher ses yeux de revenir sur sa fille.
    — Housniya, ma chérie, dit Yasmine d’une voix douce. Peux-tu nous laisser seuls un instant ?
    Housniya leva les yeux, perplexe ; mais elle avait appris à obéir. Elle rassembla ses affaires et sortit sans un mot.
    — Alors ? insista Yasmine.
    Naguib soupira. Parfois, il aurait aimé que sa femme ne le connaisse pas aussi bien.
    — Nous avons trouvé un corps, aujourd’hui, avoua-t-il.
    — Un corps ?
    — Une jeune fille.
    Le regard de Yasmine se dirigea instinctivement vers le rideau de perles.
    — Quel âge avait-elle ?
    — Treize, peut-être quatorze ans.
    — Et elle a été... assassinée ? formula-t-elle avec difficulté.
    — Il est encore trop tôt pour le dire, mais probablement, oui.
    — Ça fait trois en un mois.
    — Les deux autres étaient d’Assiout.
    — Et alors ? Peut-être ont-ils changé de coin parce qu’il y avait trop de risques là-bas.
    — On ne sait pas depuis combien de temps elle était là. Il n’y a aucune raison d’établir un lien entre ces affaires.
    — Et pourtant, c’est ce que tu as fait, non ?
    — Peut-être.
    — Qu’est-ce que tu vas faire ?
    — Pas grand-chose, avoua Naguib. Gamal a d’autres priorités.
    — Je ne vois pas ce qu’il peut y avoir de plus important que de trouver le meurtrier de trois jeunes filles.
    — Vu le climat ambiant, Gamal pense que ce n’est pas le moment...
    Naguib laissa sa phrase en suspens. De l’autre côté du rideau, Housniya fit mine de chanter pour elle-même mais, en réalité, elle chantait pour que ses parents l’entendent, la sachent près d’eux et la protègent.
    — Promets-moi de rechercher celui qui a fait ça, dit Yasmine d’un ton farouche. Promets-moi de l’arrêter avant qu’il ne se remette à tuer.
    L’espace d’un instant, Naguib revit l’épouvantable dépouille momifiée, encore enveloppée dans la bâche. Quel visage allait-il découvrir la prochaine fois ? Il regarda sa femme droit dans les yeux, comme il le faisait toujours dans les moments importants, lorsqu’il voulait lui montrer qu’elle pouvait lui faire confiance.
    — Oui, dit-il, je te le promets.

    III
    — Elles sont bonnes ? demanda Omar en se penchant vers Knox pour regarder les photos sur l’écran du téléphone.
    — Regardez la route, répondit Knox, tandis qu’Omar faisait de nouveau grincer les vitesses de la jeep.
    — Elles sont très sombres, on dirait.
    — Je devrais peut-être les envoyer à Gaëlle. S’il y a quelque chose à tirer de ces clichés, elle y parviendra.
    — Espérons-le. On ne peut pas montrer ça à la police.
    — Quand je pense que vous avez tenté de me dissuader d’en prendre...
    Knox commença à écrire un texto, ce qui n’était pas chose facile, au milieu des cahots, sans même avoir de ceinture de sécurité pour le maintenir sur son siège.
    Ai pris photos jointes sur site (de Thérapeutes ?) Lumière insuffisante. Peux-tu m’aider ? Urgent. Bisou.
    Il fronça les sourcils, insatisfait, et remplaça « Bisou » par « Je

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