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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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possibilités très étroit. Soit la montre était déjà hors d'usage, soit elle avait été cassée au cours d'un certain événement, ou ultérieurement. Si Saint-Louis, contrairement au dire de Bricart, avait été tué à la place de Lardin près de sa voiture, la montre pouvait avoir été brisée lors du meurtre. Or si elle s'était arrêtée à minuit quatre, il était tout à fait impossible, et les témoignages abondaient, que Semacgus fût l'auteur de l'assassinat puisqu'à la même heure il était au Dauphin couronné. Nicolas dévidait à une vitesse folle les conséquences de cette découverte.
    C'est Semacgus lui-même qui, ignorant qu'ils en étaient informés, venait de leur révéler l'existence du passage des Blancs-Manteaux, même si la chose lui avait été un peu arrachée. Il est vrai que ces confidences pouvaient être aussi des tentatives de dévoiement. Nicolas avait appris à ne pas sous-estimer l'intelligence du chirurgien de marine. D'autre part, la complexité des meurtres de Descart et de Lardin pouvait conduire aux conclusions les plus contradictoires. Il regarda Semacgus qui s'était rassis. Il paraissait éprouvé et soudain vieilli. Nicolas eut pour lui un mouvement de compassion qu'il se retint d'exprimer. Il restait une dernière carte à jouer ; il en ressentait l'amère nécessité.
    — Semacgus, je dois vous informer d'un autre fait très grave. Le corps du commissaire Lardin a été retrouvé, ce matin, dans le souterrain de la rue des Blancs-Manteaux, à demi dévoré par les rats. Louise Lardin vous accuse expressément de l'avoir tué. Il vous aurait surpris dans vos ébats et vous vous seriez battus.
    Semacgus releva la tête. Il était pâle et accablé.
    — Cette femme ne m'aura rien épargné ! soupira-t-il. Je n'ai jamais vu Lardin ce matin-là. Je ne suis pour rien dans sa mort. Je vous dis la vérité. J'éprouve l'impression de n'être point entendu et de parler dans le vide. Vous n'avez pas répondu à ma question, où avez-vous trouvé cette montre ?
    — Dans la poche d'un misérable qui, de surcroît, détenait votre voiture ensanglantée. Nous devons vous quitter, Semacgus. Ne craignez rien : si vous êtes innocent, justice vous sera rendue. Bourdeau et moi, nous vous vous le garantissons.
    Il s'approcha de Semacgus et lui tendit la main.
    — Je suis désolé pour Saint-Louis, mais j'ai peu d'espoir qu'on le retrouve vivant.

    Ils sortirent, impatients de quitter la Bastille où le chirurgien paraissait être, avec son geôlier, la seule personne vivante. Ils avaient hâte de retrouver l'air libre et d'échapper à l'oppression du lieu. Le froid et le soleil revenu leur firent du bien.
    Nicolas fut heureux d'apprendre que l'inspecteur partageait son sentiment. Il avait lui aussi noté le caractère toujours ambigu des propos de Semacgus. La distance ironique qu'il n'avait jamais cessé de prendre avec cette affaire depuis son début ne pouvait que lui nuire. Seul l'attachement jamais démenti à son serviteur nègre ne faisait pas de doute. Maisrien dans ses déclarations ne conduisait à mettre en cause leur bonne foi. Cependant, ajoutait Bourdeau, c'était toujours la même histoire avec ce diable d'homme. On lui aurait donné son billet de confession sans hésiter quand bien même mille questions sans réponses pouvaient susciter le soupçon. Tout concourait ainsi à en faire, suivant le moment ou l'humeur, le plus habile des imposteurs ou le plus maladroit des innocents.
    Nicolas éclaira Bourdeau sur l'incident de la montre. Il estima que le plus sage était de maintenir Semacgus au secret tant que les conditions de la mort de Lardin n'étaient pas éclaircies. Bourdeau observa que Mauval devrait être au moins interrogé mais n'insista pas, au grand soulagement de Nicolas. Celui-ci aurait dû entrer dans des détails qu'il ne pouvait donner.
    Tout en devisant, il songeait que, si l'affaire Lardin s'éclairait avec la découverte du corps du commissaire, il n'en était pas de même de celle des papiers du roi. Et qu'en était-il des messages laissés par Lardin ? En retrouverait-on de nouveaux, et destinés à qui ? Avaient-ils été rédigés avant ou après sa disparition ? À quels motifs répondait leur distribution à ses proches ? S'agissait-il de compliquer le jeu dangereux dans lequel il était plongé ? Nicolas ne pouvait s'ôter de l'esprit l'idée que ces messages étaient d'ordre testamentaire. Que le nom du roi y fut mentionné en

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