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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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extrême à l'autre. Fixez, je vous prie, votre opinion sur ma personne et épargnez-moi l'hospitalité du roi. Je faisais mes comptes, elle me revient fort cher et pourtant je ne suis pas embastillé depuis longtemps. Quatre livres, quatre sols pour la nourriture, une livre pour le vin, quarante sols pour le bois qu'on me fait attendre et, pardonnez-moi ces détails vulgaires, une livre et deux sols pour les draps et un pot de chambre. L'ordure qui servait de couverture quand je suis arrivé dans ce palais m'a procuré l'agrément d'une éruption de feux volants 70 qui me fait me gratter jusqu'au sang. Au demeurant, je ne me plains pas. J'ai la chance de n'être pas « à la paille 71 », mais, convenez que la privation de sa liberté est sensible à un innocent, et, comme je comprends que je suis ici sous le coup d'une lettre de cachet, je crains de n'être jamais jugé et de croupir ici jusqu'à la consommation des siècles.
    — Votre libération dépendra sans doute de notre conversation, fit sèchement Nicolas.
    — Je préfère ce terme à celui d'interrogatoire. Vous chantez toujours un peu au-dessus de la gamme, Nicolas. C'est affaire de jeunesse, le fond n'est pas mauvais.
    — C'est sans doute que la clarté de vos réponses n'est pas toujours ce qu'elle devrait être.
    — Je n'aime guère les propos en forme d'énigme. Il y en a toujours un qui se fait dévorer au bout du compte. Votre ton est peu amical, mon cher Nicolas.
    — Considérez, monsieur, que vous avez pour l'instant affaire au policier.
    — Qu'il en soit ainsi ! soupira le chirurgien.
    Semacgus se leva, retourna sa chaise paillée et s'assit, comme il en avait l'habitude, à califourchon, les bras sur le dossier et le menton dans ses deux mains.
    — Je souhaiterais réexaminer avec vous les événements de la soirée du Dauphin couronné, commença Nicolas.
    — Je vous ai pourtant tout dit.
    — Il a fallu s'y reprendre à deux fois. Et ce qui m'intéresse maintenant, c'est la seconde partie de la soirée. Une fille a assuré que vous l'aviez quittée à peine entré dans sa chambre. À quelle heure, au fait ? La dernière fois, vous vous en êtes tiré par une pirouette.
    — Que sais-je ? Entre minuit et une heure, je n'ai pas l'œil en permanence sur ma montre.
    — À quelle heure êtes-vous arrivé rue des Blancs-Manteaux pour rejoindre Louise Lardin ?
    — N'ayant pas retrouvé ma voiture avec Saint-Louis qui devait m'attendre rue du Faubourg-Saint-Honoré, j'ai cherché un fiacre, ce qui m'a pris un bon quart d'heure. J'ai dû arriver rue des Blancs-Manteaux vers les deux heures.
    — Pouvez-vous décrire dans le détail votre arrivée ?
    — Comme je vous l'ai déjà dit, la voie était libre quand Louise mettait une chandelle allumée derrière la croisée de sa chambre donnant sur la rue. Cependant, ce matin-là, il n'y avait pas de chandelle, et elle était en masque devant sa porte pour me faire, cette fois, entrer elle-même. Elle revenait tout juste d'un bal de carnaval.
    — Décidément, toute cette famille s'égayait !
    Bourdeau toussa et, d'un geste, demanda la parole.
    — Vous avez dit « cette fois ». Qu'entendez-vous par là ?
    — Qu'à l'accoutumée, je la retrouvais dans sa chambre.
    — Vous aviez donc la clef de la porte d'entrée ?
    — Ce n'est pas ce que j'ai dit.
    Bourdeau fit un pas en avant et se pencha vers le chirurgien.
    — Alors qu'avez-vous dit ? Il serait temps, monsieur, que vous cessiez d'égarer la justice. Elle peut être bonne fille mais ses retours sont féroces et sa main est sur vous.
    Semacgus regarda Nicolas mais celui-ci approuvaitd'un long mouvement de tête les propos de son adjoint.
    — À vous dire vrai, j'entrais par les Blancs Manteaux, par une porte du jardin. Je ne vous en avais pas parlé auparavant, le détail ne me semblant pas d'importance. Louise m'avait demandé d'être discret à ce sujet.
    — Les Blancs-Manteaux ? rugit Bourdeau. Qu'ont-ils à voir avec les Lardin ?
    — Les caves du couvent communiquent avec celles de la maison. Le jour, vous pouvez entrer par l'église, qui est ouverte. La nuit, par la porte du jardin dont j'ai la clef. Il suffit alors de rejoindre une chapelle désaffectée, vous descendez dans la cave, passez sous la rue et remontez dans le caveau de l'office.
    — Et ce matin-là ?
    — Louise m'a expliqué qu'en raison de la neige qui venait de tomber, il était plus prudent de ne pas emprunter la voie habituelle. C'est pour cela qu'elle

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