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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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du sud, en
sécurité à l’intérieur de l’une des forteresses de terre des Anciens.
    Le coucher du
soleil nous arracha à notre sommeil. La nuit tombée, nous reprîmes la route à
travers un riche et beau pays où aucun Saxon n’avait encore mis le pied. Mais
aucun villageois ne nous mit au défi, car, par temps de troubles, seul un
demeuré irait interroger des hommes en armes voyageant nuitamment. Au point du
jour, nous avions atteint la grande plaine, le soleil levant projetant l’ombre
des tertres des Anciens sur l’herbe pâle. Certains monticules abritaient encore
des trésors gardés par des goules, et nous les évitions avec soin pour les cuvettes
d’herbe où nos chevaux pouvaient manger pendant que nous nous reposions.
    La nuit
suivante, au clair de lune, nous passâmes devant les Pierres, ce grand cercle
mystérieux où Merlin avait donné à Arthur son épée et où, de longues années
auparavant, nous avions donné de l’or à Aelle avant de marcher vers Lugg Vale.
Nimue se faufila parmi les grands piliers couronnés, les touchant avec son
bâton, puis se plaça au centre et leva les yeux vers les étoiles. On approchait
de la pleine lune, et son éclat donnait aux pierres une luminosité blafarde. « Ont-elles
encore de la magie ? demandai-je à Nimue quand elle nous eut rejoints.
    — Un peu,
mais elle s’estompe, Derfel. Toute notre magie est en train de passer. Nous
avons besoin du Chaudron, fit-elle en souriant dans la nuit. Mais il n’est pas
loin maintenant, je le sens. Il vit encore, Derfel, et nous allons le retrouver
et le rendre à Merlin. »
    La passion l’avait
reprise, maintenant, la même passion qu’elle avait montrée alors que nous
approchions de la fin de la Route de Ténèbre. Arthur marchait dans la nuit pour
retrouver sa Guenièvre, moi pour me venger, et Nimue pour appeler les Dieux
avec le Chaudron. Mais nous étions encore peu nombreux face aux multitudes
ennemies.
    Nous étions au
cœur du nouveau pays de Lancelot, mais nous ne voyions encore aucune trace de
ses guerriers ni aucun signe des bandes de chrétiens enragés qui continuaient,
disait-on, à terroriser les païens dans les campagnes. Les lanciers de Lancelot
n’avaient rien à faire dans cette partie de la Dumnonie, car ils surveillaient
les routes de Glevum, tandis que les chrétiens avaient dû partir pour soutenir
son armée dans l’idée qu’elle accomplissait l’œuvre du Christ. Ainsi est-ce
sans dommage que nous quittâmes la grande plaine pour entrer dans les terres
arrosées de la côte sud. Alors que nous contournions la ville fortifiée de
Sorviodunum, la fumée des maisons incendiées parvint jusqu’à nous. Mais nul ne
nous défia parce que nous marchions sous une lune presque pleine et que les
charmes de Nimue nous protégeaient.
    C’est dans la
cinquième nuit que nous arrivâmes sur la côte. Nous avions évité la forteresse
romaine de Vindocladia où Lancelot, assurait Arthur, avait certainement mis des
troupes en garnison. À l’aube, nous étions cachés au fond des bois, au-dessus
de la crique où se dressait le Palais marin. Le palais n’était qu’à quelques
centaines de mètres à l’ouest. Nous y étions parvenus sans nous faire repérer,
tels des spectres dans la nuit.
    Et nous allions
attaquer de nuit. Lancelot se servait de Guenièvre comme d’un bouclier. En le
lui retirant, nous redeviendrions libres de nos mouvements. Et nous pourrions
porter nos lances vers son cœur de traître. Mais pas au nom de Mordred, car
nous nous battions désormais pour Arthur et pour le royaume heureux que nous
entrevoyions au-delà de la guerre.
    Comme les
bardes le disent aujourd’hui, nous nous battîmes pour Camelot.
     
    *
     
    La plupart des
lanciers passèrent la journée à dormir tandis qu’Arthur, Issa et moi nous
glissions à l’orée du bois pour observer le palais, sur l’autre flanc de la
petite vallée.
    Il avait fière
allure avec ses pierres blanches qui étincelaient sous le soleil matinal. Nous
regardions son flanc est depuis une crête légèrement plus basse que le palais.
Son mur est n’était brisé que par trois petites fenêtres, si bien qu’on aurait
dit une grande forteresse blanche sur une colline de verdure, bien que l’illusion
fût quelque peu gâtée par le grand poisson barbouillé à la poix sur le mur de
chaux, vraisemblablement pour préserver le palais de la fureur des chrétiens en
vadrouille. C’est sur la longue façade sud qui

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