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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’arrêta de
nouveau, la main droite posée, sans qu’il s’en rendît compte, sur la garde d’Excalibur.
    « En
revanche, poursuivit-il, la loi autorise une chose. Si un roi est inapte à
régner, son Conseil peut gouverner à sa place du moment qu’il accorde au roi l’honneur
et les privilèges de son rang. Merlin m’assure qu’il en va ainsi et le roi
Cuneglas m’affirme que cela s’est produit sous le règne de Brychan, son arrière-grand-père.
    — Fou
comme une chauve-souris ! » intervint Cuneglas d’un air guilleret.
    Arthur
esquissa un sourire, puis fronça les sourcils en tâchant de rassembler ses
pensées : « Ce n’est jamais ce que j’ai voulu, protesta-t-il d’un ton
calme, sa voix grave résonnant dans la chambre ruisselante de pluie, mais je
proposerai au Conseil de Dumnonie de régner à la place de Mordred.
    — Oui ! »
cria Culhwch.
    Arthur le fit
taire : « J’avais espéré que Mordred acquerrait le sens des
responsabilités, mais tel n’est pas le cas. Qu’il ait voulu ma mort, ça m’est
bien égal, mais qu’il ait perdu son royaume ne saurait me laisser indifférent.
Il a manqué au serment prêté le jour de son acclamation et je doute aujourd’hui
qu’il soit jamais en mesure de respecter ce serment. »
    Il s’arrêta et
nombre d’entre nous durent se demander combien de temps il lui avait fallu pour
comprendre une chose qui était si claire à nos yeux. Depuis des années, il se
refusait obstinément à reconnaître l’inaptitude de Mordred, mais aujourd’hui,
maintenant que Mordred avait perdu son royaume et, ce qui était bien pire aux
yeux d’Arthur, qu’il n’avait pas su protéger ses sujets, Arthur était enfin
prêt à regarder la vérité en face. L’eau gouttait sur sa tête nue, mais il
semblait n’y prêter aucune attention.
    « Merlin
m’assure, continua-t-il d’une voix mélancolique, que Mordred est possédé par un
esprit malin. Je ne suis pas qualifié pour en juger, mais ce verdict ne me
paraît pas invraisemblable. Si le Conseil en est d’accord, je proposerai donc
que, une fois le royaume restauré, nous rendions à notre roi tous les honneurs
qui lui sont dus. Il peut vivre au Palais d’hiver, il peut chasser, il peut
manger comme un roi et céder à tous ses appétits dans le cadre de la loi, mais
il ne gouvernera pas. Je propose que nous lui donnions tous les privilèges,
mais aucun des devoirs de son trône. »
    Des
acclamations générales saluèrent sa déclaration. Il semblait maintenant que
nous eussions une raison de nous battre. Non pas pour ce misérable crapaud de
Mordred, mais pour Arthur, parce que, malgré tout son beau discours sur le
Conseil qui gouvernerait à la place de Mordred, nous savions tous ce que ses
mots signifiaient. Arthur serait le roi de Dumnonie, en fait sinon en titre, et
c’est dans cet heureux dessein que nous allions guerroyer. Ce fut un concert d’acclamations,
parce que nous avions maintenant une raison de combattre et de mourir. Nous
avions Arthur.
     
    *
     
    Arthur choisit
vingt de ses meilleurs cavaliers et me demanda instamment de prendre vingt de
mes plus robustes lanciers pour notre ambassade auprès d’Aelle : « Il
nous faut impressionner ton père, me dit-il, et on ne fait pas forte impression
à un homme en arrivant avec des lanciers vieillissants et fourbus. Nous prenons
nos meilleurs hommes. » Il insista aussi pour que Nimue fût des nôtres.
    Nous laissâmes
la garde de Mordred aux lanciers de Meurig. Mordred était au courant des
projets d’Arthur le concernant, mais il n’avait pas d’alliés à Glevum ni la
moindre fierté dans son âme pourrie, même s’il eut la satisfaction de voir
Ligessac étranglé sur le forum. Après cette mort lente, il se campa sur la
terrasse de la grande salle et bredouilla un discours pour menacer d’un pareil
destin tous les autres traîtres de Dumnonie. Puis il regagna ses quartiers d’un
air renfrogné tandis que nous suivions Culhwch dans l’est. Culhwch était allé
rejoindre Sagramor pour lancer l’assaut qui, espérions-nous, permettrait de
sauver Corinium.
    Arthur et moi
devions traverser les belles campagnes de la riche province orientale du Gwent.
C’était un pays de hauteurs parsemé de somptueuses villas, d’immenses fermes et
de grandes fortunes, pour l’essentiel amassées sur le dos des moutons qui
paissaient sur les collines onduleuses. Nous marchions sous deux étendards
 – l’ours d’Arthur et

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