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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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traitée.
    — Lancelot
vous craint trop pour la malmener, Seigneur. »
    Quelques
instants plus tard, Dinas et Lavaine firent leur apparition sous l’arcade. Ils
portaient leurs robes blanches de druides. Lorsque je les vis, je touchai la
garde d’Hywelbane et promis à l’âme de ma fille que les hurlements de ses
meurtriers feraient reculer d’effroi tous les Enfers. Les deux druides se
dirigèrent vers le pavillon, s’inclinèrent devant Guenièvre et s’attablèrent à
côté d’elle. Gwydre arriva en courant quelques minutes après. Guenièvre lui
passa la main dans les cheveux et le confia aux soins d’une servante.
    « C’est
un bon garçon, dit Arthur tendrement. Pas la moindre trace de dissimulation en
lui. Pas comme Amhar et Loholt. Je les ai ratés, n’est-ce pas ?
    — Ils
sont encore jeunes, Seigneur.
    — Mais
ils servent mon ennemi, aujourd’hui, observa-t-il d’un air lugubre. Que vais-je
faire d’eux ? »
    Culhwch aurait
sans doute conseillé de les tuer, mais je me contentai d’un haussement d’épaules :
« Envoyez-les en exil. » Les jumeaux pourraient rejoindre les
malheureux qui n’avaient de serment envers aucun seigneur. Ils pourraient
vendre leurs épées jusqu’au jour où ils se feraient enfin tuer dans quelque
obscure bataille contre les Saxons, les Irlandais ou les Écossais.
    D’autres
femmes firent leur apparition sous les arcades : les unes étaient des
servantes, d’autres des courtisanes. Lunete, mon premier amour, comptait parmi
les douze confidentes et prêtresses de Guenièvre.
    Au milieu de
la matinée, je m’endormis, la tête dans les bras, mon corps abandonné à la
chaleur du soleil estival. À mon réveil, Arthur était parti, mais Issa était de
retour :
    « Le
seigneur Arthur est retourné voir les lanciers.
    — Qu’as-tu
vu ? fis-je en bâillant.
    — Six
autres hommes. Tous des gardes saxons.
    — Des
Saxons de Lancelot ?
    — Tous
dans le grand jardin, Seigneur, répondit-il en hochant la tête. Mais pas plus
de six. Au total, nous avons vu dix-huit hommes, et il doit y en avoir d’autres
pour monter la garde de nuit, mais malgré tout ils ne doivent pas être plus d’une
trentaine. »
    Je lui donnai
raison. Trente hommes suffisaient à garder ce palais. Plus serait superflu, d’autant
que Lancelot avait besoin de toutes ses lances pour garder son royaume volé.
Levant la tête, je vis que l’arcade était maintenant déserte, excepté quatre
gardes qui avaient l’air de s’ennuyer à mourir. Deux étaient adossés aux
piliers ; deux autres bavardaient sur le banc de pierre où Guenièvre avait
pris son petit déjeuner. Leurs lances reposaient contre la table. Les deux
gardes postés sur la petite plate-forme du toit avaient l’air également désœuvrés.
Le Palais marin se réchauffait sous le soleil d’été et nul n’aurait pu soupçonner
la présence d’un ennemi dans les parages.
    « Tu as
dit à Arthur pour les Saxons ?
    — Oui,
Seigneur. Il a répondu qu’il fallait s’y attendre. Lancelot aura voulu qu’elle
soit sous bonne garde.
    — Va
dormir, dis-je. À moi de faire le guet, maintenant. »
    Il se retira
et, malgré ma promesse, je me rendormis. J’avais marché toute la nuit et j’étais
fatigué. Qui plus est, aucun danger ne semblait pouvoir nous menacer à l’orée
du bois. Soudain, des aboiements et un bruit de grosses pattes grattant la
terre m’arrachèrent à mon sommeil.
    Terrorisé, j’ouvris
les yeux et aperçus devant moi deux lévriers, la gueule pleine de bave : l’un
aboyait, l’autre grondait. Je cherchai mon poignard, mais une voix de femme
appela les chiens : « Couchés ! lança-t-elle d’une voix forte. Drudwyn,
Gwen, Couchés ! Du calme ! » Les chiens se couchèrent à contrecœur
et je me tournai : Gwenhwyvach m’observait. Elle était vêtue d’une vieille
robe marron avec un châle sur la tête et un panier plein d’herbes sauvages sous
le bras. Son visage était plus rebondi que jamais et sa chevelure, pour ce qu’on
en devinait sous le châle, mal peignée.
    « Le
seigneur Derfel assoupi ! » fit-elle d’un air joyeux.
    Je portai un
doigt à mes lèvres et jetai un coup d’œil du côté du palais.
    « Ils ne
me surveillent pas, dit-elle. Ils se fichent pas mal de moi. Qui plus est, je
me parle souvent à moi-même. Comme font les fous, vous savez.
    — Vous n’êtes
pas folle. Dame.
    — C’est
bien dommage. Je ne vois vraiment pas ce

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