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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de son propre avancement que du caractère de Mordred. »
Nabur était ce magistrat chrétien à qui l’on avait confié la tutelle de
Mordred, et c’est ce même Nabur qui avait mis le plus d’ardeur à comploter
contre Arthur. Nabur et, bien entendu, l’évêque Sansum. « Et Nabur n’est
pas un soldat, poursuivit Arthur. Je prie le ciel que Mordred règne en paix,
Derfel, mais il a besoin de connaître l’art de la guerre, comme tous les rois,
et je te crois le mieux placé pour le lui enseigner.
    — Non, pas
moi ! Je suis trop jeune ! »
    Arthur rit de
cette objection. « C’est aux jeunes d’élever les jeunes, Derfel. »
    Au loin, une
corne annonça que l’on commençait à rabattre le gibier du fond de la vallée.
Tous les chasseurs se glissèrent entre les arbres, enjambant les taillis de
ronces et les troncs morts couverts de champignons. Nous avancions lentement,
guettant le bruit terrifiant du sanglier à travers les broussailles. « Qui
plus est, ajoutai-je, ma place est dans ton mur de boucliers, non pas dans la
nursery de Mordred !
    — Tu
continueras à faire partie de mon mur de boucliers, Derfel. Tu crois que je me
priverais de toi ? » Son visage s’épanouit en un large sourire. « Je
ne veux pas t’attacher à Mordred. Je veux simplement que tu le prennes sous ton
toit. J’ai seulement besoin qu’il soit élevé par un honnête homme. »
    Je repoussai
le compliment d’un haussement d’épaules, puis songeai d’un air coupable à l’os
propre et intact que j’avais rangé dans ma bourse. Était-il honnête, me
demandai-je, de recourir à la magie pour amener Ceinwyn à changer d’avis ?
Je la regardai, et elle me jeta un coup d’œil accompagné d’un timide sourire. « Je
n’ai pas de toit, dis-je à Arthur.
    — Mais tu
vas en avoir un, et bientôt. » Puis il tendit la main, et je restai cloué
sur place, attentif aux bruits devant nous. Un gros animal écrasait les
broussailles. D’instinct, chacun s’accroupit, tenant sa lance à quelques centimètres
au-dessus du sol. Mais la bête effrayée n’était qu’un beau cerf avec de bons
andouillers. Détendus, nous le laissâmes continuer son chemin. « Nous le
chasserons demain, peut-être, lança Arthur en le regardant filer. Laisse donc
tes lévriers faire leur course du matin ! » cria-t-il à Guenièvre.
    Elle rit de
bon cœur et dévala la colline pour nous rejoindre, les lévriers tirant sur leur
longe. « J’aimerais bien, dit-elle, les yeux vifs et le visage rougi par
le froid. La chasse est mieux ici qu’en Dumnonie.
    — Mais
pas le pays, me dit Arthur. Il y a une propriété au nord de Durnovarie. La
place de Mordred est là-bas, et je veux t’en faire le tenancier. Je te donnerai
également une autre terre, pour toi celle-là, mais tu peux bâtir une salle sur
la terre de Mordred et l’élever là-bas.
    — Tu la
connais, intervint Guenièvre. C’est celle qui est au nord de la propriété de
Gyllad.
    — Je la
connais. » C’était une terre bien arrosée pour les cultures avec de
bonnes prairies pour les moutons. « Mais je ne suis pas sûr de savoir
élever un enfant », grommelai-je. Les cornes retentirent. Les chiens
aboyaient. On entendit des vivats à notre droite, signe que quelqu’un avait
trouvé la curée, mais notre partie du bois était encore déserte. Un petit
ruisseau dévalait à notre gauche ; à droite, la pente était boisée. Les
rochers et les racines des arbres étaient couverts de mousse.
    Arthur balaya
mes craintes. « Ce n’est pas toi qui t’en chargeras, mais je tiens à ce qu’il
soit élevé chez toi, avec tes serviteurs, tes manières, ta morale et ton
jugement.
    — Et ta
femme », ajouta Guenièvre.
    Un craquement
de broutilles me fit lever les yeux. Lancelot et son cousin Bors étaient là,
tous deux debout devant Ceinwyn. La hampe de la lance de mon ennemi était
peinte en blanc, et il portait de grandes bottes de cuir et un manteau de cuir
souple. Je me retournai vers Arthur. « Ma femme ? Première nouvelle. »
    Il me prit par
le coude, oubliant la chasse aux sangliers. « Je compte faire de toi le
champion de la Dumnonie, Derfel.
    — C’est
trop d’honneur pour moi, répondis-je prudemment. Qui plus est, vous êtes le
champion de Mordred.
    — Le
prince Arthur, dit Guenièvre qui aimait à l’appeler prince alors qu’il n’était
qu’un bâtard, est déjà chef du Conseil. Il ne saurait être en même temps

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