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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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nous ! »
fit-il avec aigreur.
    Un spasme
déforma le visage d’Arthur et je crus qu’il allait céder à une terrible
explosion de colère, mais quand il ouvrit la bouche, sa voix était étrangement
calme : « Mets la main droite sur la pierre », ordonna-t-il à
son fils.
    Loholt crut
que c’était pour prêter serment et posa docilement la main au centre de la
Pierre royale. Arthur tira Excalibur. Loholt comprit l’intention de son père et
retira la main : « Non ! cria-t-il. Par pitié, non !
    — Retiens-la,
Derfel », fit Arthur.
    Loholt se
débattit, mais il n’était pas de force à résister. Je le giflai pour le
soumettre, puis découvris son bras droit jusqu’au coude et le posai à plat sur
la pierre, où je le maintins fermement tandis qu’Arthur brandissait sa lame.
Loholt criait : « Non, père. Par pitié ! »
    Mais Arthur
était sans pitié ce jour-là. Et il le demeura longtemps encore : « Tu
as levé la main contre ton père, Loholt, et pour cela tu perds et le père et la
main. Je te renie. » Et sur cette redoutable malédiction, il abattit son
épée : un jet de sang gicla à travers la pierre tandis que Loholt faisait
un bond en arrière. Il poussa un cri perçant en saisissant son moignon sanglant
et en apercevant sa main tranchée, puis il gémit de douleur. « Bande-le,
ordonna Arthur à Nimue. Puis le petit imbécile pourra filer. » Sur ce, il
s’éloigna.
    D’un coup de
pied, je fis tomber de la pierre la main coupée avec ses deux pathétiques
anneaux de guerrier. Arthur avait laissé tomber Excalibur sur l’herbe. Je
ramassai l’épée et la déposai avec respect sur la mare de sang. Voilà qui était
dans l’ordre des choses : la bonne épée sur la bonne pierre. Il avait
fallu tant d’années pour en arriver là.
    « Maintenant,
nous attendons, conclut Arthur d’un air sinistre. Laissons le salaud venir à
nous. »
    Il était
encore incapable de prononcer le nom de Lancelot.
     
    *
     
    Lancelot
arriva deux jours plus tard.
    Nous ne le
savions pas encore, mais sa rébellion s’effondrait. Renforcé par les deux
premiers contingents de lanciers du Powys, Sagramor avait isolé les hommes de
Cerdic à Corinium, et le Saxon ne lui échappa qu’au prix d’une marche de nuit à
pas forcés, et encore la vengeance de Sagramor lui coûta-t-elle plus de
cinquante hommes. La frontière de Cerdic était toujours beaucoup plus à l’ouest
qu’autrefois, mais la nouvelle qu’Arthur était en vie et avait repris Caer
Cadarn et la menace de la haine implacable du Numide suffirent à persuader le
Saxon d’abandonner son allié Lancelot. Il se rabattit sur sa nouvelle frontière
et envoya des hommes prendre ce qu’ils pouvaient des terres belges de Lancelot.
Au moins Cerdic avait-il profité de la rébellion.
    Lancelot se
rendit à Caer Cadarn avec son armée. Le noyau dur de cette armée se composait
de sa garde saxonne et de deux cents guerriers belges, renforcés par des
centaines de recrues chrétiennes, convaincus de faire l’œuvre de Dieu en
servant Lancelot. Mais le fait qu’Arthur eût repris le Caer et les attaques de
Morfans et de Galahad au sud de Glevum semèrent la confusion dans leurs rangs
et les démoralisèrent. Les chrétiens se mirent à déserter, même s’ils étaient
encore au moins deux cents derrière Lancelot lorsque celui-ci arriva entre
chien et loup, deux jours après que nous avions repris la colline royale. Si seulement
il osait attaquer Arthur, il conservait une chance de garder son royaume, mais
il hésita et, à l’aube, Arthur m’envoya auprès de lui avec un message. Je
portais mon bouclier renversé et avais noué quelques feuilles de chêne à la
pointe de ma lance pour bien montrer que je venais parlementer, non me battre.
Un chef belge vint à ma rencontre et jura de respecter la trêve avant de me
conduire au palais de Lindinis où Lancelot s’était installé. J’attendis dans la
cour extérieure, sous le regard de lanciers moroses, tandis que Lancelot n’arrivait
pas à décider s’il devait ou non me recevoir.
    J’attendis
plus d’une heure, mais enfin Lancelot parut. Il avait passé son armure d’écailles
émaillées de blanc, portant son casque doré sous un bras et son épée au
crucifix à la hanche. Amhar et Loholt, avec ses bandages, se tenaient derrière
lui, encadré par sa garde saxonne et une douzaine de chefs. Bors, son champion,
se tenait à côté de lui. Il se dégageait de tous des

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