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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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hasard.
    — Aussi votre sentiment nous serait-il précieux quant aux moyens d’en user pour parvenir à nos fins.
    Sartine se leva et se mit à arpenter son salon tout en marmonnant. Il s’arrêta devant Nicolas, posa les mains sur ses épaules et le regarda dans les yeux.
    — Nicolas, murmura-t-il, comme toujours, vous êtes notre homme. Il n’y a que vous capable d’entrer dans les arcanes d’une mission aussi délicate.
    Il avait repris le ton du ministre. Le Noir souriait, béat. Il ne ressentait désormais nul ombrage de l’autorité de Sartine que, parfois, dans le passé…
    — Ce qu’il faut, reprit l’ancien ministre, c’est accéder au plus haut, sinon au plus près.
    — Au plus haut ? Que voulez-vous dire ?
    — Hé ! Que voulez-vous comprendre ? Quoi d’autre que d’approcher le prince et de s’en faire accepter.
    — Et le comment de la chose ?
    Sartine reprit sa déambulation, se frottant les mains avec une sorte de jubilation nerveuse.
    — Oh, oh ! Les vieilles méthodes sont à reprendre. Comment , comment , aurait dit Saint-Florentin.
    Il reprit place dans sa bergère.
    — Nous sommes, nous avons été… la meilleure police de l’Europe. Les souverains nous l’envient. Celle qui retrouvait les montres qu’elle faisait elle-même dérober pour mieux les restituer, si vite que l’honneur en rejaillissait.
    Il se frappa la poitrine.
    — Je ne compte plus les ordres dont j’ai ainsi été honoré !
    — J’entends bien, dit Le Noir l’air inquiet. Mais comment y parvenir ?
    —  Comment , toujours comment  ! Allons, ne soyons pas timorés. Si les choses n’ont pas changé etdemeurent égales à ce qu’elles ont toujours été, nous avons peuplé les chancelleries étrangères de nos gens. Où logera le comte du Nord ?
    — La question n’est pas tranchée. Tout peut encore changer dans les plans du prince. Soit l’auberge, soit la résidence de son ministre à Paris.
    — Je reprends. Là où il se trouvera, un objet précieux lui appartenant doit lui être dérobé. Sa perte aurait de telles conséquences que l’intéressé en sera réduit à faire appel à nous. Benoîtement, notre Breton apparaîtra, il écoutera, enquêtera, avisera, disparaîtra et reparaîtra avec l’objet en mains. Joie du prince, aussitôt ouvert à tout.
    Il claqua des doigts.
    — Que ce soit le marquis de Ranreuil ajoutera son piquant. On recevra avec gratitude et élan la proposition d’adjoindre cet élément dans sa suite afin d’assurer sa sûreté.
    Sartine avançait, virevoltait, mimait la chose, imprimait sur son visage sévère mille grimaces censées singer celles du prince, de Nicolas ou d’imaginaires interlocuteurs.
    — Voilà qui est bel et bon, dit Le Noir. Encore faut-il savoir ce qu’on doit dérober et surtout qui s’en chargera.
    — Foin de réticences ! Du détail le chef ne se doit point mêler. Vous avez dans vos services, si rien n’a changé depuis que j’eus l’honneur de les diriger, de nombreux hommes à talents particuliers qui traiteront de la question ou s’adresseront à ceux qui recourent à d’aussi condamnables occurrences. Qu’on lâche ces chiens-là et le gibier sera vite attrapé !
    — Et quel objet ? demanda Nicolas. Une montre, si facile par ailleurs à dérober, ne me semble pasde rigueur et ne laisserait pas de jeter le soupçon sur la chose.
    — Certes, dit Sartine. C’est bien là le hic et le hoc . De plus, il convient que cette enquête demeure environnée de…
    —  Ténèbres , dirent dans un parfait ensemble le commissaire et le lieutenant général de police.
    Sartine les considéra, étonné.
    — Oui, c’est cela. On dirait que vous vous êtes donné le mot. Car imaginez le scandale et les conséquences d’une découverte de notre plan.
    — Et l’objet ? réitéra Nicolas, qui demeurait obsédé par ce détail qui n’en était pas un.
    — Il serait sage de prendre l’avis de notre ministre en Russie. Encore que la discrétion requise… Qui est en fonctions ? Il y a longtemps que Juigné a rompu. C’est Vérac, je crois. Peu importe, il me revient que le baron de Corberon a fait l’intérim comme chargé d’affaires. Il peut nous être utile. Il est rentré il y a peu et connaît bien le pays.
    Nicolas fut surpris de la science de Sartine, si retiré en apparence du monde de la cour, sur des points aussi précis.
    — Je vous donnerai un billet pour lui. Il demeure pour l’heure

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