Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
prendrai sur moi de donner à Sa Majesté une explication appropriée. Les exigences de la France n'insulteront jamais à la générosité du Siam. Mais Mergui est hors de question. Sa Majesté a déjà nommé des Anglais pour y commercer en son nom, et leurs résultats sont tout ce qu'il y a de plus satisfaisant. Il n'est pas dans nos coutumes de récompenser le succès par la dépossession. »
    Le visage de Tachard s'éclaira. C'était au moins un compromis, et le bain de sang pourrait encore être évité. « Merci, mon Seigneur. Votre générosité n'a d'égale que votre sagesse. Que devrai-je dire à l'ambassadeur en ce qui concerne les perspectives de conversion de votre maître ?
    — Qu'elle est proche mais qu'elle ne sera jamais obtenue par la pression. Seuls les actes impressionnent le Seigneur de la Vie. Si, d'une façon ou d'une autre, il venait à se méfier des intentions françaises — réaction que vos exigences initiales auraient inévitablement suscitée —, vous perdriez sa confiance et avec elle son respect croissant pour la vraie foi.
    — Je comprends, mon Seigneur.
    — Eh bien ! je vais demander à mon maître la permission pour vos hommes de débarquer. Vous feriez mieux de rester ici jusqu'à ce que vous puissiez leur transmettre la réponse. Je conseillerai que Cébéret du Boullay soit autorisé à installer son quartier général à Bangkok et que le général Desfarges reçoive la permission d'amener sa garde du corps à Ayuthia pour présenter ses armes et son allégeance à Sa Majesté. » L'expression de Phaulkon se durcit à nouveau. « Mais sachez encore une chose, mon Père. En étant forcé de garder le silence sur le fait que vous avez demandé Mergui, je vais manquer à mon devoir et à mon serment de tenir mon maître au courant de tout ce qui concerne son royaume. Et c'est le cœur lourd que je le trompe. »
    On entendit des pas s'approcher. L'instant d'après, la silhouette d'un Européen vêtu d'un haut-de-chausses gris et d'une chemise se prosterna sur le seuil.
    « Votre Excellence, veuillez me pardonner cette intrusion, mais il y a ici un messager du Palais. Sa
    Toute-Puissante Majesté y réclame votre présence de toute urgence.
    — Merci, Bashpool. Eh bien, mon Père ! Vous pourriez avoir votre réponse plus tôt que prévu. Je ne crois pas que vous ayez déjà rencontré Bashpool, mon secrétaire. Bashpool, je vous présente le père Tachard. » Les deux hommes se saluèrent. « Je voudrais que vous vous occupiez du père Tachard jusqu'à mon retour.
    — Entendu, Votre Excellence. »
    Phaulkon pénétra dans ses appartements privés en s'interrogeant sur la nature pressante de la convocation qu'il avait reçue. Comme il devait voir Sa Majesté plus tard dans la matinée, dans à peine plus d'une heure, la question devait être fort urgente. Il commença à se changer rapidement pour revêtir sa tenue de rigueur au palais : panung de soie brodé d'or — cadeau du Seigneur de la Vie en personne — destiné à n'être porté qu'en présence du roi, veste crème à col mandarin et à boutons de filigrane, chapeau conique cerclé de trois anneaux d'or. Mais c'était avant tout l'épée de cérémonie et la boîte à bétel incrustée de diamants qui indiquaient qu'il occupait la position la plus en vue dans la rigide hiérarchie du Siam. Dans un instant il ferait venir son escorte, cent cinquante serviteurs qui l'accompagnaient partout, ainsi qu'il convenait à un homme de son rang, car plus le nombre de marques de dignité était grand, plus nombreuse était l'escorte. Elle était bien loin, l'époque palpitante où il pouvait flâner seul, les yeux grands ouverts, le long des canaux grouillants de vie d'Ayuthia, et s'émerveiller de chaque chose. Maintenant il ne pouvait s'aventurer au-dehors qu'avec toute la pompe et tout le faste attachés à sa position élevée.
    Entendant un coup discret à la porte, il leva les yeux, surpris. « Qui est là ?
    — Pardonnez-moi, Constant. Je ne voulais pas vous déranger, répondit une douce voix en portugais. Puis-je vous voir un instant ? »
    Il sourit. Sa femme n'avait pas l'habitude de s'aventurer dans ses appartements privés, encore moins là où il s'habillait en pleine journée. Peut-être avait-elle eu vent de la convocation ou été avertie de l'arrivée de Tachard. Elle était manifestement fascinée par la venue des catholiques français et espérait sans doute en apprendre davantage.
    « Entrez, Maria. Je

Weitere Kostenlose Bücher