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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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rappela les murmures de stupéfaction qui avaient salué sa première allocution de ce genre dans la langue royale. C'était six ans plus tôt, presque jour pour jour. Les mandarins assemblés avaient été abasourdis quand il avait pris la parole, car aucun étranger n'avait auparavant réussi ni même cherché à maîtriser le langage exclusif de la Cour. Peu de farangs, ainsi qu'on appelait les étrangers, parlaient la langue locale, et plus rares encore étaient ceux qui jouissaient d'une position assez élevée pour être mis en présence du Seigneur de la Vie. Sa Majesté elle-même était restée momentanément sans voix en entendant ces syllabes altières sortir de la bouche d'un farang. Ce n'est que quelque temps plus tard que Phaulkon avait appris combien le Seigneur de la Vie avait été profondément touché par ses efforts. Le jeu en avait certainement valu la chandelle.
    Dès ses premiers instants au Siam, Phaulkon avait su que ce fascinant pays lui réservait une destinée spéciale, et il avait entrepris de le connaître à fond. Il s'était rendu au fin fond du pays, s'était rasé le crâne et était entré dans un monastère bouddhiste où pendant six mois, vêtu de safran, il avait mené la vie d'un moine novice, méditant sur les écritures et sortant seul à l'aube avec sa sébile. Auprès d'un vieux moine qui avait été pour un temps au service du défunt roi, il avait appris à grand-peine les majestueuses formules de l'ancienne langue pâlie. Après tout, on ne pouvait s'adresser à Sa Majesté dans la langue commune, et si jamais Phaulkon venait à exaucer son rêve de paraître un jour en présence du roi-
    La voix autoritaire venue d'en haut interrompit ses pensées : « Vichaiyen, nous désirons connaître les nouvelles concernant les Français. »
    Phaulkon s'était habitué à son nouveau nom. A la Cour et à travers tout le Siam, il était connu comme le Pra Chao Vichaiyen, ou Prince de la Connaissance, un nom que Sa Majesté lui avait conféré. Seuls les farangs l'appelaient encore par son ancien nom.
    « Puissant souverain, je reçois vos ordres sur mes cheveux et sur ma tête. Le prêtre, le jésuite Tachard, est venu voir votre esclave. Il souhaite demander humblement au Seigneur de la Vie la permission pour les Français de débarquer.
    — Nous voyons. Mais peut-on leur faire confiance, à ces Français ?
    — Auguste Seigneur, autant qu'aux Anglais ou aux Hollandais. Mais nous avons davantage besoin d'eux.
    — Amènent-ils avec eux la garde que nous avons demandée pour notre protection ?
    — Auguste Seigneur, votre indigne esclave le croit.
    — Vous n'en êtes pas sûr, Vichaiyen ?
    — Puissant souverain, la poussière de vos pieds ne souhaiterait pas vous faire part d'informations non vérifiées.
    — Sage précaution, Vichaiyen. Mais ne disposez-vous donc pas de faits ?
    — Auguste Seigneur, je ne peux que répéter ce que le prêtre m'a dit. Qu'une délégation de marque envoyée par votre estimé homologue, le roi Louis de France, est arrivée. Les principaux émissaires en sont l'ambassadeur de La Loubère, un diplomate aguerri de haut rang, et Claude Cébéret du Boullay, l'un des douze directeurs de la Compagnie française des Indes orientales. » Phaulkon fit une pause. « Et il y a également un général Desfarges, Votre Majesté.
    — Un général, dites-vous ? Nos généraux commandent des régiments d'éléphants de guerre, Vichaiyen. Que commandent les généraux français ?
    — Auguste Seigneur, moi, un grain de poussière sous la plante de vos pieds, j'ai cru comprendre que le général a été envoyé à titre de cadeau spécial pour Votre Majesté, de marque d'estime particulière du roi Louis envers le Seigneur de la Vie. Pour une sécurité renforcée de Votre Majesté, les gardes du corps d'élite ont été placés sous le commandement d'un maréchal de France au lieu du capitaine d'usage.
    — Nous voyons. Et selon le prêtre, quels effectifs ce général aura-t-il sous ses ordres ?
    — Auguste Seigneur, il m'a dit cinquante.
    — Ce sont les effectifs que vous, Vichaiyen, avez requis de mon frère, le roi de France ?
    — Ceux-là mêmes, Auguste Seigneur. »
    Pourquoi cet interrogatoire serré ? se demandait
    Phaulkon.
    Ses pensées furent interrompues par une respiration sifflante et une toux venues d'en haut. Phaulkon se rappela soudain le récent diagnostic du père Brouet. Ce prêtre avait été chargé d'interpréter des

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