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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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la reine.
    Alors, il revint au cadavre ; à grand-peine, il le souleva et le transporta ou plutôt le traîna jusque dans les jardins. Et il referma la petite porte. Puis à nouveau, il chargea sur ses épaules le lugubre fardeau et parvint enfin jusqu’à la petite maison si coquette que nous avons décrite et où se trouvaient ses laboratoires.
    Lorsque le corps se trouva étendu sur une grande table de marbre, lorsque Ruggieri l’eut déshabillé et soigneusement lavé, sa première besogne fut de lui injecter des aromates destinés à empêcher toute décomposition pendant quelques jours au moins ; et ceci n’était qu’un jeu pour ce redoutable créateur de poisons. Quand ces diverses manipulations furent accomplies, il s’aperçut qu’il faisait grand jour. Mais il n’éteignit pas les flambeaux qu’il avait allumés ; il ferma hermétiquement les rideaux pour faire une nuit factice dans le laboratoire.
    Il revint alors s’asseoir près de la table de marbre à laquelle il s’accouda, et examina le corps de son fils : il était labouré de coups de poignard dont plusieurs avaient pénétré jusqu’aux sources de la vie ; la poitrine, les épaules, le cou étaient zébrés de longues plaies entrouvertes. La tête avait conservé une sérénité remarquable. Evidemment, Marillac ne s’était pas aperçu qu’on le tuait. Le premier coup qui lui avait été porté au moment où il descendait vers Alice, avait dû le foudroyer. Les paupières étaient légèrement soulevées. Ruggieri essaya en vain de les fermer et, n’y arrivant pas, il jeta sur le visage un mouchoir de fine baptiste parfumée qu’il avait trouvé dans le pourpoint du mort et qui était au chiffre d’Alice : probablement un de ces souvenirs que les amants aiment à place sur leur cœur pour avoir toujours sur eux quelque chose de la bien-aimée.
    Ruggieri n’était nullement ému.
    La douleur paternelle disparaissait dans l’effort cérébral du savant.
    Et cet effort devait être énorme.
    Car pendant plusieurs heures de suite, le mage demeura pétrifié dans une immobilité telle qu’on l’eût pris pour un autre cadavre, si une espèce de tremblement n’eût parfois agité ses mains. Il était d’ailleurs aussi pâle que le mort qu’il étudiait. Mais ses yeux laissaient échapper une flamme ardente : il y avait de la folie dans ce regard d’où toute expression humaine avait disparu.
    A un moment de cette sinistre méditation, il bredouilla quelques mots :
    – Il a perdu tout son sang… l’opération n’en est-elle pas simplifiée ?… je recoudrai toutes ces plaies, sauf une… celle-ci… qui a ouvert la carotide… c’est par là que je dois faire la transfusion…
    A un autre moment de la journée, il murmura :
    – Nostradamus ne m’a-t-il pas affirmé qu’il avait obligé le corps astral d’un de ses enfants à demeurer près de lui pendant plus d’un mois ?… Et moi-même, n’ai-je pas vu tressaillir à diverses reprises les cadavres que je voulais ranimer ? Est-ce que le corps astral n’était pas là, alors, qui essayait de réintégrer sa demeure charnelle ? Qu’a-t-il manqué pour que la résurrection fût certaine et la réincarnation complète ? Sans doute un rien… une parole de charme qui m’aura fait défaut, ou peut-être une défaillance de mon énergie… cette fois-ci, ma volonté ne défaillira pas… et lorsque mon fils revivra, nous fuirons…
    Vers le soir, à l’heure où la nuit commençait à tomber au dehors, Ruggieri se leva brusquement, courut à une vaste armoire pleine de livres et de manuscrits, et il se mit à la fouiller fébrilement.
    Cette fois, il était bouleversé d’émotion : il tremblait convulsivement et il répétait :
    – Oh ! je le trouverai… je le trouverai…
    Au bout de deux heures, ayant jonché le parquet de papiers et de volumes épars, il finit par mettre la main sur ce qu’il cherchait : c’était un livre qui ne contenait guère qu’une cinquantaine de pages. Il était relié en bois, avec un fermoir de fer. Les pages étaient moisies. Les caractères de l’écriture étaient hébraïques.
    Ruggieri poussa un cri terrible en mettant la main sur ce volume et, tout tremblant, il l’emporta sur la table de marbre, près du cadavre. Lentement, il se mit à le feuilleter. Ses yeux, d’un seul trait, parcouraient chaque page.
    A la vingt-neuvième page, il eut comme un sourd rugissement, et son doigt se posa, s’incrusta sur une

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