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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avait en somme passé de si bons moments.
    A l’aspect vénérable des flacons que Landry lui-même déposa sur la nappe éblouissante, il comprit qu’il était devenu aux yeux de l’aubergiste un personnage d’importance.
    – Hum ! grommela-t-il, l’argent est tout de même une bonne chose ! Avec de l’argent qu’il me suppose, j’achète à crédit le respect et l’admiration de ce digne homme. Que serait-ce si j’étais réellement riche ! Décidément, si nous ne mourons pas, le chevalier et moi, il faudra que je me mette à gagner beaucoup d’argent.
    A ce moment, Huguette entra dans la salle.
    – Toujours fraîche, rose et tendre comme un jeune radis qui croque à la dent, dit le vieux Pardaillan.
    Huguette, sans s’étonner de la bizarrerie de cette comparaison, sourit et soupira.
    – Il paraît donc que vous nous abandonnez ? dit-elle en découpant une tranche de venaison qu’elle plaça dans l’assiette tandis que Landry versait dans son gobelet un vin qui tombait en cascade de rubis.
    « Admirable tableau ! songea Pardaillan en se renversant sur le dossier de sa chaise. Le bon Landry à ma droite, qui me verse un délectable nectar ; la jolie Huguette à ma gauche, avec ses bras nus roses et blancs, et devant moi ce pâté, cette venaison plus douce à l’œil encore que le regard de l’hôtesse… et au fond, cette belle cuisine qui flamboie, ah ! que n’est-ce ainsi tous les jours !… Et dire que le chevalier m’invite à mourir !… Morbleu !… »
    Et il reprit avec une émotion sincère – l’émotion du vieux routier sans gîte, sans feu ni lieu qui fait halte à la bonne auberge :
    – Oui, ma chère madame Huguette, nous partons pour… pour des pays inconnus. Et avant de partir, nous avons songé, mon fils et moi, que nous avions un vieux compte à régler ici…
    – Ah ! monsieur ! fit Landry avec attendrissement.
    Et il ajouta :
    – Je vais chercher la note.
    – Ma chère Huguette, dit alors le vieux Pardaillan, je crois qu’il sera difficile au chevalier de venir acquitter ce qu’il vous doit, bien qu’il m’ait annoncé son intention de passer à la
Devinière
.
    – Monsieur le chevalier ne me doit rien, fit vivement Huguette.
    – Si fait, par la mort du diable ! A telles enseignes que je vais vous citer ses propres paroles. Quant à la jolie Huguette, a-t-il dit, ce n’est pas de l’argent que je lui dois, mais deux bons baisers en reconnaissance des attentions qu’elle a eues pour moi. Et je voudrais lui dire aussi que, quoi qu’il arrive, je ne l’oublierai jamais, et que je lui garderai toujours une bonne place parmi les plus doux et les meilleurs de mes souvenirs.
    – Le chevalier a dit cela ? s’écria l’hôtesse en rougissant de plaisir.
    – Sur ma foi ! Et je crois qu’il n’a dit que la moitié de ce qu’il pensait. Aussi, je vais m’acquitter de la commission, que je tâcherai de faire en conscience.
    Là-dessus, le vieux routier se leva, et embrassa Huguette deux fois sur chaque joue, ce qui faisait bonne mesure. Puis, se rasseyant, il leva son verre, dit gravement : « A votre santé, jolie Huguette ! » et but d’un trait, selon les usages de galanterie ayant cours sur les grandes routes.
    – Monsieur, fit alors l’hôtesse toute rêveuse, je n’oublierai jamais la bonne pensée qu’a eue pour moi monsieur le chevalier. Dites-le-lui, je vous prie. Et je veux à mon tour lui témoigner ma gratitude par un avis…
    – Parlez, ma chère…
    – Eh bien, dites-lui bien qu’elle l’aime ! fit Huguette avec un soupir.
    – Qui cela ? s’écria Pardaillan étonné.
    – Celle qu’il aime, la jolie demoiselle… Loïse…
    Le vieux routier sauta sur sa chaise.
    – Elle l’aime, continua Huguette, j’en suis sûre. J’ai vu ce pauvre jeune homme si malheureux…
    – Ah ! ma chère Huguette, vous êtes un ange !…
    – Si malheureux que je n’ai pu m’empêcher de lui dire à lui-même. Répétez-le lui, et lorsqu’il sera le mari de Loïse, qu’il se souvienne que c’est moi qui lui ai annoncé son bonheur.
    – Corbleu ! Dites que vous lui portez bonheur, ma bonne Huguette. Ah ! c’est ainsi ?… Ah bien ! voilà qui change diablement les choses !… Vive Dieu !… Que je vous embrasse encore !…
    Sur ce, nouvelle embrassade. Après quoi, le vieux Pardaillan continua son repas avec une infinie satisfaction, et, le vin de Landry aidant, commença à entrevoir le moment où il assisterait au

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