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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hésitation, se précipita dans le réduit obscur qu’il entrevoyait : c’était ce sombre cabinet où se trouvait l’entrée de la cave, d’une part, et de l’autre, l’entrée du long corridor qui aboutissait à la rue.
    Les trois assaillants voulurent se jeter à la suite de Pardaillan dans ce réduit. Mais la porte se ferma à leur nez et ils se mirent à hurler toutes les insultes qui avaient cours à l’époque en frappant du pommeau de leur épée.
    Ce n’était pas le vieux routier qui avait fermé la porte : c’était Huguette !…
    Quand elle avait vu la tournure que prenait la bagarre, elle avait rapidement fait le tour par la rue et le corridor, et avait ouvert, puis refermé à clef la porte du réduit.
    – Vous ! s’écria Pardaillan qui reconnut Huguette.
    – Fuyez ! fit la jolie hôtesse en montrant le corridor.
    – Pas avant de vous avoir remerciée, dit le vieux routier qui, rengainant sa rapière, saisit Huguette par la taille et l’embrassa sur les deux joues, tandis que les mignons continuaient à vociférer.
    – Un pour moi ! Un pour le chevalier ! dit Pardaillan.
    Aussitôt, il s’élança dans le corridor et, l’instant d’après, il détalait le long de la rue Saint-Denis.
    – Tu ne nous échapperas pas, cette fois ! criait Maugiron et Quélus, tandis que Maurevert courait chercher un marteau pour défoncer la serrure.
    Il se heurta à Huguette dans la salle des banquets.
    – Un marteau ! commanda Maurevert.
    – Inutile, dit Huguette. Je vais ouvrir avec une clef.
    – Vous serez récompensée, ma brave femme.
    La porte ouverte, les trois spadassins virent le couloir et comprirent que le vieux renard avait fui.
    – Le terrier avait double issue, dit Maurevert.
    Et tous trois s’élancèrent. Mais trop tard ! Pardaillan était déjà loin, courant vers la Truanderie, non pour y chercher refuge, mais pour y trouver les compagnons dont il avait besoin pour assurer le départ du maréchal.
    Dans la rue, il fut rejoint par Pipeau, qui, fidèle à ses habitudes, tenait dans sa gueule un saucisson enlevé sur les tables de la
Devinière
.
    Huguette, après le départ des mignons, revint à la cuisine, où elle trouva son mari cramoisi de fureur.
    – Ah ! vociférait Landry, j’espère bien que M. de Pardaillan n’aura plus la pensée de me payer !
    – Pourquoi donc ? fit Huguette en souriant. Il faudra pourtant qu’il paie, nous ne sommes pas assez riches pour abandonner une note pareille, ajouta-t-elle en désignant l’aune de papier que Landry tenait toujours à la main.
    – Ouais ! fit l’aubergiste. Toutes les fois qu’il me vient payer, il y a bataille et bris de vaisselle dans ma pauvre auberge !
    – Bah ! marquez toujours…
    – Vous avez raison, ma femme !
    Et maître Landry, ayant poussé un soupir, ayant murmuré : « Allons ! ce ne sera pas encore pour cette fois ! » s’assit à une table, commanda qu’on lui apportât de l’encre et une plume, et il fit à la fameuse note la rallonge suivante :
    –
Item
, un déjeuner complet et bien conditionné. Ci : deux écus et cinq sols.
Item
, une bouteille de vieux Beaugency : trois écus.
Item
, deux flacons de Saumur : deux écus.
Item
, vaisselle brisée : vingt livres.
Item
, un saucisson volé par le chien de M. de Pardaillan ; quinze sols et quatre deniers.
    – Donnez, que j’enferme la note, dit Huguette qui avait lu par-dessus l’épaule de son mari.
    Landry lui remit le papier et regagna ses cuisines en proie à la plus sombre mélancolie.
    Au-dessous du total général, Huguette écrivit alors :
    « Reçu de M. de Pardaillan deux baisers, un pour lui, un pour M. le chevalier son fils, de la valeur de quinze cents livres chacun. »
    Et elle enferma la note dans l’armoire de sa chambre à coucher.
    Vers six heures du soir, le vieux Pardaillan rentra à l’hôtel de Montmorency sans avoir fait d’autre mauvaise rencontre. Il avait fait une longue station dans la Truanderie et avait eu un entretien mystérieux avec un certain nombre de ces figures patibulaires qui pullulent en ce lieu. Pardaillan ne dédaignait aucune fréquentation… maréchaux ou truands.
    Il souriait dans sa moustache et murmurait :
    – Voyons ce qu’il sera advenu de la rencontre que j’ai si habilement préparée !
    A quelle rencontre faisait-il allusion ?
    On se rappelle que le vieux routier avait d’abord quitté son fils en lui disant qu’il allait à la Truanderie, puis, qu’il était revenu

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