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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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porte.
    Le chien interrogea le chevalier, qui dit :
    – Va.
    – Je vais à la
Devinière
, puisque tu as des scrupules en ce qui regarde maître Landry, reprit le routier.
    – Je vous accompagne, mon père.
    – Non pas, mordiable. Le chien me suffira en cas d’attaque. Il pourra aussi me servir de courrier. Mais toi, ne bouge pas d’ici.
    Le chevalier fit un geste d’acquiescement, et Pardaillan père s’éloigna, suivi du chien, heureux d’entreprendre seul la besogne d’exploration qu’il avait méditée. Car, sous prétexte d’aller à la
Devinière
payer les dettes de son fils, le routier voulait surtout s’assurer que l’hôtel n’était pas surveillé, qu’ils n’avaient pas été suivis, enfin, que le chevalier était en sûreté parfaite.
    – Une fois à Montmorency, songeait-il, je le déciderai à me suivre, et du diable si je n’arrive pas à lui faire oublier toutes les Loïse du monde, et à oublier du coup son envie de mourir. Belle solution, ma foi !… A son âge, j’eusse enlevé la petite, voilà tout. Le monde dégénère…-D’ailleurs, qui sait si ma ruse ne va pas arranger les choses ? C’est un tour de vieille guerre. J’en ai plus d’un dans mon sac… Allons, Pipeau, saute sur ton maître.
    Pardaillan tendit son bras et le chien sauta, avec un aboiement sonore.
    A quelque ruse ? à quel tour faisait-il allusion ?
    Nous le dirons tout à l’heure à nos lecteurs.
    Pour le moment, suivons le vieux routier dans son exploration. Il parcourut les rues avoisinantes et ayant constaté que tout paraisse parfaitement tranquille, n’ayant rien vu de suspect, descendit jusqu’au bac pour traverser la Seine.
    Alors, il gagna la rue Saint-Denis et parvint à la
Devinière
en se promettant bien de pousser jusqu’au cabaret de Catho par la même occasion.
    Maître Landry vit arriver Pardaillan avec un certain étonnement mélangé de crainte et d’espérance.
    – Qui sait si cette fois enfin je ne serai pas payé ? murmura le digne aubergiste.
    – Maître Landry, dit Pardaillan, je viens payer mes dettes et celles de mon fils, car nous allons quitter Paris pour longtemps sans doute.
    – Ah ! monsieur, quel malheur ! s’écria Landry qui essaya vainement de prendre une figure attristée.
    – Que voulez-vous, mon cher monsieur Grégoire, nous nous retirons après fortune faite.
    L’aubergiste ouvrit des yeux énormes.
    – Mais je ne vois pas dame Huguette, reprit Pardaillan. J’ai une commission à lui faire de la part de mon fils.
    – Ma femme va arriver dans un instant. Mais monsieur me fera bien l’honneur de déjeuner encore une fois dans mon auberge, puisqu’il est sur le point de quitter Paris ?
    – Très volontiers, mon cher ami. Et d’ailleurs, tandis que je déjeunerai, vous établirez notre compte.
    – Oh ! monsieur, la chose ne presse pas, fit Landry dans le ravissement de son âme.
    – Si fait ! Je ne m’en irais pas tranquille et ne voudrais pas vous faire tort d’un denier.
    – Puisqu’il en est ainsi, monsieur, je vous avouerai que votre compte est tout préparé.
    – Ah ! ah !
    – Vous m’en aviez vous-même donné l’ordre, et par deux fois vous fûtes sur le point de régler cette misère. Seulement, vous en fûtes toujours empêché par des circonstances regrettables…
    – Pour vous ? fit Pardaillan en éclatant de rire.
    – Non pas, mais pour vous, monsieur, dit Landry, qui se mit à rire aussi par politesse. En effet, la première fois, vous eûtes ce terrible duel avec ce M. Orthès…
    – Vicomte d’Aspremont. C’est ainsi que vous le nommiez.
    – C’est vrai. Et la deuxième fois… au moment où je tendais déjà la main, vous vous élançâtes dans la rue.
    – Oui, j’avais vu passer un vieil ami, que je voulais serrer dans mes bras.
    – En sorte que nous en demeurâmes là, acheva Landry d’un air si piteux que le vieux routier eut un deuxième accès d’hilarité, aussitôt partagé par l’aubergiste.
    « Diable ! songeait Landry, n’indisposons pas un homme qui m’apporte de l’argent. »
    Cependant on dressait le couvert sur une petite table, tandis que Pipeau reprenant instantanément ses vieilles habitudes, entrait dans la cuisine de cet air hypocrite et détaché des biens de ce monde qui inspirait tant de confiance à ceux qui ne connaissaient pas la gourmandise et l’astuce de ce chien.
    Pardaillan se mit donc à table, et non sans quelque mélancolie, inspecta cette salle d’auberge où il

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