Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
monseigneur, on crochète ce qu’on peut… les uns, des serrures, les autres des cœurs humains…
    – Mais entrez donc, je vous en supplie. Laissez-moi exercer tous les devoirs de l’hospitalité.
    Pardaillan n’hésita pas.
    Il entra.
    Le maréchal referma la porte.
    Ils se trouvaient alors dans une vaste antichambre sur laquelle s’ouvraient deux portes ; l’une d’elles donnait sur une sorte de salon qui n’était pas la salle d’honneur de l’hôtel, mais une sorte de parloir intime réservé aux amis du maréchal. C’est dans ce salon que Damville fit entrer Pardaillan. Il posa son flambeau sur la cheminée et, désignant un fauteuil à son étrange visiteur, il s’assit lui-même.
    – Ah çà, dit Pardaillan qui s’assit sans se faire prier, vous m’attendiez donc, monseigneur ?
    – Monsieur de Pardaillan, je vous attendais sans vous attendre. On attend toujours un homme comme vous. Dans la situation que nous occupons l’un vis-à-vis de l’autre, je n’ai cessé de penser que vous auriez tôt ou tard le désir de me voir.
    – Voyons, monseigneur, dites-moi que vous étiez prévenu de ma visite, dit Pardaillan qui songea à Gillot.
    – C’est la vérité, répondit Damville.
    – Puisque vous êtes en veine de franchise, ne pourriez-vous me dire qui vous a prévenu ?
    – C’est facile, et je ne vois aucune raison de vous cacher ce détail. Un de mes officiers que vous connaissez bien, pour qui vous professez la plus vive amitié… ce brave Orthès.
    – Monsieur le vicomte d’Aspremont !
    – Lui-même. Si vous avez de l’amitié pour lui, il a pour vous une telle affection qu’il recherche toutes les occasions de vous apercevoir, ne fût-ce qu’un instant. Je crois qu’il a quelque chose d’intéressant à vous dire.
    – Je l’écouterai volontiers, monseigneur. Il y a en effet une conversation engagée entre ce digne gentilhomme et moi, et il faudra bien que le dernier mot reste à l’un ou à l’autre. Mais daignez continuer, monseigneur, vous disiez donc…
    – Je vous disais, mon cher monsieur, que votre excellent ami Orthès, dans l’espoir de vous serrer dans ses bras, ne cesse de rôder autour de l’hôtel de Montmorency.
    – Ah ! songea Pardaillan, ce n’est donc pas Gillot !
    – Ce soir donc, il vous a suivi, il vous a vu escalader le mur de mon enclos, et tandis que vous forciez l’office, il est entré par la grande porte et m’a prévenu de votre visite. J’étais sur le point de me coucher. Mais pour avoir le plaisir de vous voir, j’ai résolu de veiller. Bien m’en a pris, puisque vous voilà.
    – Oui, me voilà, dit Pardaillan. Mais, monseigneur, puisque vous poussez la condescendance à ce point, vous me permettrez bien de vous poser une petite question, une seule ?
    – Comment donc ! Dix questions, question ordinaire et question extraordinaire, vous avez droit à toutes les questions !
    Cette fois, le vieux routier ne put s’empêcher de pâlir !
    Est-ce qu’il allait être livré au bourreau ?
    Est-ce qu’on allait lui appliquer la question, c’est-à-dire la torture !…
    Pourtant, il fit bonne contenance et reprit :
    – Je vous demanderai donc, monseigneur, si vous êtes seul, si je puis vous parler à cœur ouvert.
    – Monsieur de Pardaillan, vous pouvez tout me dire, et décharger votre cœur. Quant à être seul, vous comprenez bien que ce serait vous faire injure. Il n’y aura jamais trop de braves officiers autour de moi pour faire honneur à un homme tel que vous. Et d’ailleurs, voyez !
    A ces mots, le maréchal se leva. Trois portes s’ouvraient sur cette salle : l’une par laquelle Pardaillan était entré ; la deuxième qui donnait sur la chambre à coucher ; la troisième qui ouvrait sur un cabinet d’armes.
    Damville ouvrit la première, et Pardaillan aperçut douze gardes sur deux rangs, armés de hallebardes.
    Le vieux routier hocha la tête, et Damville referma. Puis, du même pas tranquille, il ouvrit la deuxième porte, et une quinzaine de gentilshommes apparurent à Pardaillan : ils avaient tous l’épée à la main.
    – Bonsoir, messieurs ! dit le vieux routier en saluant.
    Les gentilshommes demeurèrent immobiles et muets.
    Cette deuxième vision disparut aussitôt, le maréchal ayant refermé la porte. Il alla alors ouvrir la troisième, et cette fois, ce furent six arquebusiers, prêts à faire feu, qui apparurent ; derrière eux, Orthès, prêt à donner le signal d’une

Weitere Kostenlose Bücher