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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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assista, muet d’horreur, à l’abominable drame qui se déroulait dans sa pensée.
    La pensée était complexe, hérissée, tortueuse, insaisissable… et le drame qui en jaillissait était simple, terriblement limpide.
    Voici : Marillac était arrivé à Paris sachant que Catherine était sa mère, la haïssant pour ses persécutions, la haïssant pour l’avoir abandonné, résolu à frapper en elle la mère infâme et la reine sanglante… Marillac avait vu une fois Catherine, et le doute était entré dans son âme lorsque la reine lui avait offert une royauté… Une royauté à lui ! Pourquoi ? Sinon parce que sa mère se repentait !… Marillac avait revu deux fois, trois, quatre fois la reine – toujours appelé, toujours cherché par elle ! Et alors, la pitié avait remplacé le doute. Puis l’étonnement de voir Catherine si peu semblable aux affreux portraits que l’on faisait d’elle ! Puis l’émotion de cette maternité qui voulait et n’osait s’affirmer ! Puis la joie de sentir qu’il pouvait l’aimer ! Puis ce bonheur étrange : que Catherine, sa mère, lui garantisse l’amour et la pureté d’Alice !
    La mort inexplicable de Jeanne d’Albret, son agonie, ses mystérieux avertissements, ce regard de terreur qu’elle avait eu en lui montrant le coffret d’or, présent de Catherine, cette mort, disons-nous, fit rentrer le soupçon dans l’esprit du comte.
    Quel soupçon ? Que Catherine avait assassiné Jeanne d’Albret.
    Non ! Oh non ! Il ne voulait pas y croire ! C’était contre nature, cela dépassait les bornes de l’odieux que Catherine eût fait de lui l’assassin inconscient de la reine de Navarre ! Non, non ! Jamais il ne permettrait à son cœur d’accepter la monstrueuse hypothèse ! Il se rejetait avec rage dans la joie, dans l’amour, dans le bonheur.
    Pourquoi ? Ah ! pourquoi… Voici le drame !…
    S’il accusait Catherine, s’il acceptait l’infâme soupçon, s’il admettait sa mère meurtrière, c’est donc que sa mère se jouait de lui !
    Et alors ?…
    C’est donc que Catherine jouait un rôle dans ses effusions de maternité contenue ! C’est donc qu’elle mentait, encore, toujours, toujours ! C’est donc qu’elle mentait aussi en lui garantissant la dignité d’Alice ! C’est donc qu’Alice était une créature de Catherine ! C’est donc que cet amour aboutissait à la plus effroyable erreur !
    Et alors ?…
    Plus rien !…
    Si Alice l’avait joué, si Alice était indigne, si son amour s’effondrait… Oh ! mille morts plutôt ! Il fallait en hâte, de toutes ses forces, de toute son énergie, de toute sa puissance, repousser le soupçon, se raccrocher furieusement à la certitude de l’amour d’Alice, de sa pureté, de son innocence ! Il fallait donc repousser le soupçon qu’Alice était complice de Catherine ! Il fallait donc repousser le soupçon qu’il y avait une complicité possible, qu’il y avait un crime, que Catherine était criminelle !…
    Voilà dans quels abîmes tournoyait l’âme du comte de Marillac, semblable à l’aigle frappé à mort qui tombe, qui bat de l’aile, qui veut se raccrocher à quelque rocher, à quelque pousse de ronces, qui tombe, sans fin, dans un suprême vertige, qui s’enfonce dans les profondeurs noires, et qui, dressant la tête par un dernier effort, entrevoit une dernière fois tout là-haut le ciel pur et radieux…
    Voilà pourquoi il s’arracha violemment à sa méditation. Voilà pourquoi, éclatant de rire, il alla ramasser la clef que le chevalier avait jetée, la remit tranquillement à la serrure de l’armoire et s’écria joyeusement :
    – Pardieu, mon cher ami, je crois que nous sommes fous… C’est votre faute aussi ! Pourquoi m’avoir parlé de la mort de Jeanne d’Albret ? Pourquoi m’avoir forcé à évoquer cette agonie ? Quand j’y songe, mon esprit bat la campagne…
    Il secoua rudement la tête.
    – Ah ! oui, j’y suis. C’est ce costume noir qui est cause de tout… Eh bien, oui, mon cher, je me marierai en noir, je veux porter le deuil de la grande amie que je pleurerai toujours… Parlons d’autre chose, voulez-vous ?
    – Volontiers, comte, dit le chevalier en essuyant la sueur froide qui mouillait ses tempes. Un dernier mot toutefois.
    – Parlez, cher ami.
    – C’est bien décidément demain que doit avoir lieu votre mariage ?
    – Demain soir, à minuit, à Saint-Germain-l’Auxerrois… Mais vous êtes seul à

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