Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
Bretons, reprit Cunobélinos. Nous parlons la même langue, nous avons la même religion, nous avons les mêmes façons de vivre. N’est-il pas vrai, ô Commios ?
    — Certes, répondit le Gaulois. C’est bien pour cela que je viens me réfugier chez vous. Ainsi n’ai-je pas l’impression de quitter mon pays et de me retrouver au milieu d’étrangers dont je ne comprendrais ni le langage ni les habitudes.
    — Et c’est aussi pour cela que nous t’accueillons si volontiers parmi nous. Mais reprends donc ton récit à propos de ta soi-disant soumission à César. Cela intéressera grandement mon fils, car il a à cœur de conserver dans sa mémoire tous les hauts faits héroïques accomplis par nos ancêtres. Tu es peut-être l’ultime témoin de ce qui s’est passé en Gaule ces derniers temps, Commios. Révèle-lui ce que tu sais…
    L’Atrébate, qui était allongé sur la couche de paille et de joncs, se redressa et s’assit sur ses jambes croisées. Il termina le contenu de sa coupe d’hydromel. Il regarda un instant le jeune homme et sourit parce qu’il sentait en lui une volonté farouche de conserver un héritage qui était plus précieux que tous les trésors du monde. Puis il reprit la parole.
    — J’en étais au moment où César s’inquiétait des rapports fraternels que les Bretons entretenaient avec les Gaulois. Il ne se sentait pas en sécurité et me le disait. Il fallait, selon lui, établir un protectorat sur les Bretons afin de les neutraliser. Cette prétention m’avait bien fait rire et je lui avais déclaré tout crûment qu’il se faisait des illusions : jamais les Bretons n’abaisseraient la tête devant les armées romaines, à plus forte raison si elles restaient cantonnées sur le continent. Alors, il m’exposa son idée : tenter une intimidation sur les populations bretonnes dans un premier temps et ensuite débarquer sur l’île de Bretagne, non pas pour la conquérir, mais pour démontrer que Rome avait les moyens d’envahir tout pays qui ne se rangerait pas sous son autorité. Alors, tandis qu’il faisait construire hâtivement des navires pour transporter ses troupes de l’autre côté de la mer, il m’envoya chez vous en ambassadeur. Je parlais la même langue que les Bretons, je connaissais beaucoup de tes compatriotes. J’étais l’homme de la situation. Et c’est ainsi, Cunobélinos, que j’ai débarqué sur la côte, non loin d’ici, et que je suis venu dans ton village pour la première fois.
    — Je m’en souviens très bien, dit Cunobélinos. Tu t’es présenté à moi, Commios, et tu m’as franchement exposé la situation. Tu m’as expliqué qu’il fallait ruser et attirer le proconsul romain dans un piège duquel il ne pourrait se tirer sans dommage pour sa réputation et son autorité parmi les nombreux prétendants au pouvoir suprême à Rome.
    — Oui, dit Commios, car le proconsul n’était pas à l’aise et l’avouait. Son but principal était de faire savoir aux peuples gaulois qu’ils n’avaient rien à attendre des peuples bretons. Il n’a jamais eu l’intention de conquérir la Bretagne : cette île, pour lui, était pleine de dangers, mais ce qu’il voulait, c’était acquérir la neutralité de ses habitants. De plus, n’oublie pas qu’il se trouvait à la fin de l’été et que les troupes romaines n’étaient guère habituées à séjourner dans des régions qu’on qualifiait volontiers d’ hyperboréennes pendant les mois d’hiver. Il s’était renseigné sur l’île de Bretagne en interrogeant des marchands qui avaient coutume de franchir les détroits plusieurs fois par an. Or ceux-ci lui avaient affirmé qu’ils ne connaissaient rien de cette île en dehors des régions qui font face à la Gaule. C’était pur mensonge, en réalité, mais ces marchands, la plupart du temps des Grecs qui faisaient le commerce des vins, n’avaient aucune envie de voir les Romains bousculer leurs habitudes et les empêcher de commercer librement.
    — Mais, dit alors Cunobélinos, c’est à ce moment qu’est intervenu un traître, un vrai traître celui-là. Je veux parler de Mandubraccios.
    — C’est exact. Il s’agit là d’une affaire assez sordide. Le père de Mandubraccios avait été roi du peuple des Trinovantes mais, à la suite de certaines circonstances, il avait été tué dans une embuscade et les Trinovantes lui avaient choisi pour successeur un homme courageux et entreprenant du nom de

Weitere Kostenlose Bücher