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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Cassivellaunos. Or, Mandubraccios prétendait que son père avait été tué par Cassivellaunos et que lui-même n’avait échappé à la mort qu’en s’enfuyant sur le continent.
    — Ce qui était complètement faux, intervint Cunobélinos. Je peux en porter témoignage.
    — Peut-être, répondit prudemment Commios, mais cela a servi de prétexte. Mandubraccios est allé trouver César et lui a raconté sa version des faits. Bien entendu, César, toujours à l’affût d’une justification pour ses actes, y a vu l’occasion rêvée pour une intervention militaire. Il fallait punir le criminel et rétablir Mandubraccios dans ses droits en tant que roi des Trinovantes. C’est pourquoi il m’a dépêché en ambassadeur auprès des peuples de l’île de Bretagne afin d’en visiter le plus grand nombre possible, de les engager à se mettre sous le protectorat du Sénat et du peuple romains, et enfin de leur annoncer l’arrivée prochaine du proconsul.
    — J’avoue qu’une telle proposition nous a bien fait rire !… s’exclama Cunobélinos. Pour qui se prenait Jules César ?
    — L’ambition n’a pas de limites, répondit Commios, et elle développe l’orgueil. Je suis donc venu ici et j’ai répété mot pour mot les discours de César. Mais j’ai pris soin d’avertir tes compatriotes de ce qui les attendait et de leur dévoiler les plans romains. C’est ainsi que j’ai rencontré Cassivellaunos et que je lui ai suggéré de rassembler les troupes les plus valeureuses des peuples bretons et, sinon de harceler tout de suite les Romains à leur arrivée, du moins de les surveiller attentivement et de les attaquer le cas échéant, au moment où ils s’y attendraient le moins. J’ai donc accompli ma mission. J’étais l’ambassadeur de César. Mais je pense que j’ai été aussi la conscience de tous nos peuples et que j’ai œuvré pour leur liberté.
    — Nous t’en remercions, Commios, dit Cunobélinos. Effectivement, lorsque le proconsul a débarqué sur nos rivages, venant du pays des Morins, il s’est aperçu que, sur toutes les collines des environs, il y avait des troupes rangées en ordre de bataille 10 .
    — C’est à ce moment-là qu’il a commencé à douter de moi. Je lui avais certifié que les Bretons étaient prêts à le recevoir et à discuter avec lui. Le fait que ces mêmes Bretons soient en armes en train de guetter son arrivée prouvait que j’avais mal accompli ma mission ou que je l’avais trahi. Pourtant, à ce moment-là, il ne m’en a pas tenu rigueur. Sans doute voulait-il me ménager pour l’avenir. Bref, après quelques escarmouches sans conséquences, tes compatriotes ont demandé la paix et engagé des négociations avec lui. César n’était pas sûr de lui car la plus grande partie de ses troupes n’était pas encore sur place, et il ne disposait pas encore de sa cavalerie.
    — Entre nous, dit Cunobélinos, les cavaliers de César, c’étaient des Germains qu’il payait à prix d’or !…
    — C’est exact, reprit Commios. En tout cas, il en est resté pour ses frais, car sa flotte, qu’il avait pourtant minutieusement équipée, fut prise dans une violente tempête, et la plupart des navires, du moins ceux qui n’avaient pas sombré, ont dû rebrousser chemin et revenir vers le pays des Morins. Il se trouvait ainsi complètement isolé au milieu d’un pays qui manifestait presque ouvertement son hostilité à des envahisseurs venus de l’autre extrémité du continent. Certes, il a tenté d’y remédier en faisant construire d’autres navires par les hommes dont il disposait, mais c’était loin d’être suffisant pour établir une liaison efficace avec le continent.
    La jeune fille vint remplir une nouvelle fois les coupes. Les quatre hommes les vidèrent presque immédiatement. Ils paraissaient quelque peu échauffés.
    — C’est alors que nos Bretons ont pris l’offensive, reprit Cunobélinos. Ils se sont mis à attaquer les légionnaires que César envoyait au ravitaillement. Puis ils les ont affrontés avec une tactique que les Romains ignoraient complètement, celle des chars de combat 11 . Le camp de César fut même encerclé et le proconsul s’empressa de traiter avec les Bretons. Pour ne pas avoir l’air de capituler, il demanda de nombreux otages et, sous prétexte d’éviter les tempêtes d’équinoxe, il se hâta, en pleine nuit, de faire embarquer ses quelques troupes et de lever l’ancre en direction

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