L'épopée des Gaulois
propos de la rivalité entre deux prétendants au pouvoir suprême, Convictolitavis, partisan de l’alliance avec les Romains, et Cotos, qui était tout prêt à se rallier à la cause de Vercingétorix. Très inquiet, car il avait un besoin essentiel de l’aide des Éduens, César s’en alla chez eux et, à force de promesses, il réussit à leur faire choisir Convictolitavis comme chef unique. Et il en profita pour demander aux Éduens de lui fournir un important contingent de cavaliers. Cela fait, le proconsul rejoignit ses armées. Il les divisa en deux groupes : il envoya le premier vers le nord, pour combattre les Sénons et les Parisii, sous la direction de son lieutenant Labiénus, et avec le deuxième, il se dirigea vers ce qu’il pensait être le cœur de la rébellion, la citadelle de Gergovie, en plein pays des Arvernes.
Mais Vercingétorix, averti de ses plans, avait fait couper tous les ponts qui franchissaient l’Allier. De ce fait, les Romains et leurs auxiliaires eurent toutes les peines du monde à passer le fleuve avant de se retrouver au bas de la forteresse de Gergovie. Et ce fut à ce moment que le proconsul apprit la trahison de Convictolitavis qu’il avait pourtant fait désigner comme chef des Éduens. Celui-ci, en effet, avait confié le contingent de cavaliers fournis à César à un jeune noble de grande envergure, un certain Litaviccos, mais l’engageant secrètement à abandonner les Romains et à rejoindre l’armée du chef arverne. Mais Litaviccos, trahi lui-même par deux de ses rivaux, Éporédorix et Viridomaros, fut obligé d’abandonner la plus grande partie de sa cavalerie aux mains de César et d’aller, en compagnie de ses vassaux et clients, se réfugier à l’intérieur des murailles de Gergovie.
César, qui craignait la défection de tous ses alliés, malgré leurs engagements et leurs serments, redoutait de plus en plus un embrasement général de la Gaule qui l’aurait isolé complètement au centre d’un pays rempli d’ennemis, coupé qu’il était de ses bases de départ et du ravitaillement qu’il aurait dû en recevoir. Et comme le siège qu’il avait mis autour de Gergovie s’étalait dans le temps, le proconsul, inquiet de ce qui se tramait un peu partout chez les peuples qu’il croyait avoir soumis, songeait sérieusement à abandonner la lutte contre les Arvernes et à lever le siège de Gergovie. Mais, apercevant une colline qui semblait ne pas être défendue, il ne put résister au désir d’y lancer un assaut afin de s’y établir et d’avoir enfin un endroit stratégiquement sûr, dominant certaines fortifications adverses et qui pourrait servir de base pour une attaque dirigée cette fois vers le cœur de la forteresse.
S’étant renseigné sur l’état des lieux, le proconsul envoya vers cette colline, au milieu de la nuit, de nombreux escadrons. Il leur ordonna de se répandre de tous côtés en faisant le plus de bruit possible. Puis, à l’aube, il fit sortir de son camp un grand nombre de mulets chargés de bagages, les fit débâter, et ordonna que les muletiers, coiffés de casques, prenant l’aspect et l’allure de cavaliers, fissent un détour à travers les collines avoisinantes, cela pour faire croire à une attaque généralisée. Il leur adjoignit quelques cavaliers qui devaient, pour donner le change, se répandre un peu partout. Mais, après cette diversion, tous ceux qui étaient engagés dans cette action devaient se rassembler en un même point.
Cependant, les gens de la forteresse apercevaient de loin ces mouvements, car de Gergovie la vue plongeait sur le camp romain sans toutefois qu’il fût possible, à une telle distance, de se rendre compte exactement de ce qui se passait. L’inquiétude gagna les Gaulois qui concentrèrent toutes leurs forces sur les remparts pour les protéger d’un assaut qu’ils prévoyaient comme inévitable. Mais, en cachette de tous, César avait envoyé une légion dans le fond d’un vallon boisé où les arbres la dissimulaient à tous les regards. Et quand il vit que le camp de ses ennemis avait été vidé, il fit avancer ses troupes en leur ordonnant de camoufler leurs casques et leurs enseignes afin de ne pas attirer l’attention des défenseurs de la ville. Enfin, il leur expliqua la difficulté de l’entreprise due à l’inégalité des positions, précisant qu’il faudrait agir par surprise et non pas engager une bataille rangée. Alors, il donna le signal de
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