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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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que seule une concurrence acharnée permettait d’obtenir des réalisations de haute qualité. Il ne pouvait concevoir que nos possibilités fussent limitées et passait outre quand je lui objectai que bientôt plus aucun délai ne pourrait être respecté, du fait que les Gauleiter utilisaient pour leurs propres besoins toute la pierre à bâtir de leur région.
    – Himmler vint en aide à Hitler. Ayant appris que nous étions menacés par une pénurie de briques et de granit, il suggéra d’utiliser des détenus pour en assurer la production. Il proposa à Hitler de construire à Sachsenhausen, près de Berlin, une vaste briqueterie, qui serait propriété de la S. S. et placée sous sa direction. Comme Himmler était très ouvert aux innovations, il trouva bientôt un inventeur pour proposer un nouveau procédé pour la fabrication des briques. Mais la production promise ne put démarrer car l’invention fit long feu.
    – La seconde promesse de Himmler, toujours à l’affût de quelque projet d’avenir, aboutit au même résultat. Il voulait, en se servant des détenus des camps de concentration, produire des blocs de granit pour les bâtiments de Nuremberg et de Berlin. Il fonda sans tarder une firme sous un nom quelconque et se mit à extraire des pierres. Mais les entreprises S. S. étant d’une incompétence inimaginable, les blocs présentaient des fêlures et des fissures et la S. S. dut finalement admettre qu’elle ne pourrait fournir qu’une petite partie des blocs de granit promis. Le service des ponts et chaussées du docteur Todt prit livraison du reste de la production pour en faire des pavés. Hitler, qui avait mis de grands espoirs dans les promesses de Himmler, fut de plus en plus irrité et finit par déclarer sarcastiquement que les S. S. feraient mieux de s’occuper de la production de pantoufles de feutre et de sacs en papier, selon la tradition des établissements pénitenciers.
    Nous reviendrons en détail sur cet « aspect des choses » que Speer veut minimiser. Mais le fait est que Speer finança les entreprises S. S. et qu’elles fonctionnèrent dans les camps de concentration jusqu’à la libération. On peut même aller plus loin… et il est certain que l’intelligent Speer a flairé le danger en préparant sa défense dans une cellule de Nuremberg : si « Speer architecte » n’avait pas accepté la main-d’œuvre concentrationnaire, les différents camps n’auraient pas connu de tels développements et, en 1942, « Speer responsable de l’armement » n’aurait pas eu suffisamment d’ouvriers pour creuser les galeries souterraines qui abriteraient l’industrie de guerre et faire fonctionner les machines. Une autre ambiguïté, fondamentale pour la déportation, réside dans l’attitude de Hitler qui, d’un côté, ordonne dès juillet 1941 de stopper toute construction « non utile à la guerre » et de l’autre conseille à Himmler de poursuivre son effort de production pour les « monuments ». Nous ne pouvons que constater ces contradictions dans les textes.
    Himmler : 5 décembre 1941. Lettre circulaire à tous les commandants de camps.
    – Les plans de la S. S. pour la construction, surtout dans l’après-guerre, exigent que, dès maintenant, soient prises, à une large échelle, les mesures préparatoires… Dès maintenant, nous avons une commande du Führer en vertu de laquelle la DEST, en tant qu’entreprise de la S. S., aura à fournir annuellement, à partir du commencement de la paix, au moins 100 000 mètres cubes de granit pour les grands édifices du Führer. Ceci dépasse en volume ce que toutes les carrières de pierres fournissaient avant la guerre dans l’ancienne Allemagne. (Altreich) (NO-385).
    Himmler : 31 janvier 1942. Lettre à Oswald Pohl.
    – J’ai lu votre lettre concernant le programme en cours de l’Office central des constructions. Il en ressort que le seul programme officiel, c’est-à-dire celui qui englobe les bâtiments de la S. S. et de la police, coûtera en chiffre rond 13 milliards répartis sur cinq ans. Je crois que les bâtiments énormes que nous voulons construire pour la Waffen-S. S., la S. S. générale et la police ne sont pas compris. Nous avons déjà examiné verbalement la possibilité de nous procurer les contingents nécessaires. Pour ce qui est de la pierre, nous nous débrouillerons nous-mêmes, bien entendu, et le cubage sera même beaucoup plus important que ce que nous avons

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