Les 186 marches

extrait jusqu’à présent. De même pour la chaux et le ciment. Le fer, je pense pouvoir l’assurer grâce à une collaboration très étroite avec le c. p. Pleiger des Hermann Gœring-Werke, de même que le bois par l’octroi de concessions dans le nord des territoires russes ; j’en ai parlé avec le secrétaire d’État Alpers.
    – Maintenant, je voudrais passer à une autre question. J’ai calculé qu’avant la fin des opérations militaires nous aurions quelque cent milliards de dettes de guerre intérieures. Il nous faut donc, dans toutes les mesures que nous prenons, tenir compte du fait que pour permettre à l’Etat d’exécuter en temps de paix le vaste programme des constructions culturelles et sociales prévues, la plus rigoureuse économie prussienne doit présider à toutes les autres nécessités, exigences et budgets. C’est la raison pour laquelle je vous demande dès aujourd’hui de prendre toutes mesures en vue d’arriver par une formation appropriée à faire de nos prisonniers des travailleurs, voire des travailleurs spécialisés, par exemple des spécialistes capables de creuser des fondations, de couler des dalles de béton ; d’autres qui puissent élever les murs, ajuster la charpente du toit ; d’autres encore qui posent les fenêtres, etc. de manière que dans tous les bâtiments officiels et privés de la S. S. et de la police le coût de la construction soit réduit au minimum, c’est-à-dire à ce que nous ne pouvons faire nous-mêmes : câbles électriques, chauffage central, sauf les canalisations que nous fabriquerons, réfrigérateurs, machines et appareils ménagers, etc. Tout le reste, soit environ 80 % d’une maison d’habitation ou d’un bâtiment officiel, devra être exécuté par nos propres matériaux et notre propre main-d’œuvre. Si nous ne procédons pas ainsi nous n’aurons ni casernes, ni écoles, ni bâtiments administratifs convenables, ni habitations pour nos hommes de la S. S. dans le vieux Reich. Je ne pourrai pas non plus créer, en tant que commissaire du Reich pour l’Affirmation de la Race allemande, les gigantesques centres de colonisation grâce auxquels nous germaniserons l’Est.
    – J’envoie également cette lettre à tous les chefs des directions centrales afin que l’ensemble de la S. S. apprenne à penser selon ces lignes directrices. L’oberabschnittfiihrer de l’Est en prendra de même connaissance.
    Speer, en fin de son premier discours de ministre de l’Armement et des Munitions :
    – Je vous adresse, à vous tous, la demande d’être à mes côtés dans la solution de cette tâche difficile et de me prêter l’aide nécessaire dans vos provinces (Gaue) pour la reconversion totale en économie de guerre. Dans l’exécution de cette tâche, aucune décision ne doit être influencée par des considérations, des futurs travaux de paix. Ni la planification, ni l’aménagement d’installations industrielles ne peuvent être menés pendant la guerre en fonction d’intérêts économiques purement privés… jusqu’à cet hiver, chacun de nous y compris moi-même, avions nos désirs particuliers provenant de nos aspirations de promouvoir le travail de paix même pendant la guerre. A présent, la situation ne tolère plus ces travaux de paix… Le Führer lui-même n’a donné qu’à contrecœur son consentement à l’interruption des travaux en vue de la nouvelle structuration de la capitale du Reich, et vous savez qu’il avait décidé que leur réalisation était « Ja tâche la plus importante d’édification dans le Reich » et « la contribution la plus significative pour assurer notre victoire »… Par ailleurs, comme je l’ai constaté, le Führer n’attend pas de vous, après la fin de la guerre, que vous lui fassiez la surprise d’avoir exécuté des planifications et des édifices de paix. Je sais qu’il n’appréciera aucunement de façon positive des constructions de paix réalisées éventuellement pendant la guerre.
    L’historien Joseph Billig qui, le premier, a consacré une étude essentielle aux camps de concentration dans l’économie du Reich hitlérien, et qui souligne le rôle primordial joué par les projets architecturaux dans le développement des camps, constate également cette contradiction :
    – C’est que la volonté de Hitler était ambivalente ; tourné vers la Wehrmacht, il donne l’exclusivité aux impératifs militaires, par contre avec Himmler il se