Les 186 marches
vouloir traverser le fleuve. Ces criminels sont trop lâches pour se porter à la rencontre des Russes qu’ils prétendaient combattre. Sans doute cherchent-ils à se camoufler avec leurs familles qui se trouvent de ce côté-ci.
– Le « Truppen-Revier » (infirmerie S. S.) est transformé en hôpital de campagne où nos blessés sont l’objet de soins attentifs de la part des docteurs et des infirmiers affectés à cette tâche d’honneur.
– La matinée avance. Par toutes les routes venant de l’est et du nord-est arrivent des fuyards de la Wehrmacht. Ils se rendent et se laissent désarmer. Un petit détachement avancé fait ainsi toute une compagnie prisonnière. A midi, plus de sept cents prisonniers allemands sont en notre pouvoir, dont beaucoup de contingents de milice et des unités du « Front de travail » employés aux fortifications. Nous nous voyons obligés de les remettre en liberté ou de les diriger vers Linz où se trouvent les Américains. Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de les nourrir.
– Des centaines de nouveaux combattants de l’A.M. I. entrent en ligne. Malheureusement, nos troupes n’ont pas beaucoup de munitions et c’est bien cela qui préoccupe le commandement. Des ordres sont donnés pour que les troupes de protection qui entourent le camp ne gardent que les dotations strictement nécessaires ; le reste sera dirigé vers nos positions du Danube.
– Au début de l’après-midi, le commandant Lavin, qui avait été envoyé à Linz avec deux officiers autrichiens pour établir la liaison avec les Alliés revient irrité, et rend compte de sa mission. Une garde américaine les avait arrêtés et désarmés, malgré leurs explications, se refusant à déranger leur officier qui dormait. Ils furent enfermés dans une chambre et n’ont pu parler aux chefs qu’à 9 heures du matin. Les Américains ne sont pas en mesure de préciser à quelle heure ils seront à Mauthausen, mais ils arriveront le plus rapidement possible et veulent que le pont soit préservé.
– Vers 4 heures de l’après-midi, après qu’un nouvel assaut contre le pont eut été repoussé, la situation se trouvant assurée, on procède à un élargissement des organes de direction de l’A. M. I. et à la création de comités nationaux où toutes les tendances sont représentées. L’état-major, sous les ordres du major soviétique Pirogow, est réorganisé. Y figurent maintenant le colonel autrichien Codré et un autre officier qui ne faisait pas partie de l’A. M. I. Le commandant Miguel a transmis le haut commandement au colonel Codré.
– Chaque état-major national se réorganise et les appareils militaires vont se transformer en unités régulières nationales, englobant la quasi-totalité des hommes valides en une petite armée solidement encadrée et disciplinée.
– A 5 heures de l’après-midi, de nouveaux détachements partent pour effectuer la relève des forces du village et des positions avancées. Celles-ci sont citées à l’ordre du jour pour avoir soutenu, vingt-quatre heures durant, tous les assauts S. S. au cours d’une nuit particulièrement dure et en dépit du manque de ravitaillement. Sont cités aussi quelques cas individuels : et Suner et les autres mécaniciens qui, aux garages, se sont surpassés, réparant les voitures et travaillant sans arrêt pour maintenir les transports et communications à la disposition du commandement.
– A 18 h 30, les avant-gardes américaines atteignent le camp et, peu après, occupent le village.
– A cet instant, la situation est la suivante : désespérée pour l’ennemi de l’autre côté du fleuve, battant en retraite sous la pression des Russes à l’est et au sud-est et des Alliés à l’ouest et sud-ouest. Au nord, le Danube et nos positions que des groupes attaquent encore avec le vain espoir de percer. La tâche est finie, les troupes américaines assurent la protection. A 19 heures, l’ordre général de repli est donné pour toutes les forces qui se trouvent sur les bords du Danube, les routes et le village. Ensuite pour toutes les autres.
– Les déportés remettent les armes aux Américains et rentrent au camp qui vibre d’enthousiasme et d’allégresse.
– Le 7 mai, nous avons la satisfaction infinie d’assister aux derniers combats. En face de nous, dans la plaine au-delà du Danube, le quadrilatère de quelques kilomètres encore occupé par les S. S. se rétrécit
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