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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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derniers temps, on exécuta également des personnes qui ne faisaient pas partie de l’effectif des détenus, mais qui avaient été envoyées au camp uniquement pour être exécutées. Elles furent mises à mort sur-le-champ. Il s’agissait probablement de soldats fuyant le front, soldats arrêtés par les S. S.
    Il est bien évident que la plupart des déportés, avant leur exécution, suivaient un « traitement spécial » administré par le charpentier S. S. Wilhelms Müller.
    – D’après moi, Müller était un sadique homosexuel. Avant de battre les détenus, il avait des yeux exorbités qui brillaient d’un éclat inhabituel. Un jour, il disait au détenu : « Tu me mets à bout. » Un autre jour, il se contentait de le frapper à la figure et de dire en souriant : « Aujourd’hui, je suis de bonne humeur. » Le caractère sadique de Müller s’affirme par ceci : peu avant la débâcle, alors qu’il s’attendait à devoir partir au front, il s’adressa à moi en ces termes : « Mon vœu le plus cher est de voir ton nom sur la liste des morts. » Dans un autre cas, un détenu fugitif avait été repris. Müller l’avait tout d’abord battu sauvagement et lui avait fait savoir qu’il serait pendu le lendemain. Mais, lorsque l’on eut constaté que ce détenu était un chanteur viennois, celui-ci dut chanter pendant une heure, sous la menace, des chansons viennoises et des refrains à la mode. Souvent, avec une joie toute particulière, Müller avait menacé de bastonnade, soudainement et sans aucun motif, les détenus occupés dans la « section politique ». Chaque fois que les menacés tressaillaient de peur, Müller se réjouissait. Il faisait venir à lui les détenus d’autres sections, qui avaient été envoyés à la « section politique » pour y accomplir certaines tâches. Il les questionnait, allait chercher les dossiers de ces détenus. Lorsque les détenus avaient répondu, il prétendait que les réponses données étaient en contradiction avec le contenu du dossier. Il battait les détenus. Müller était, en même temps, expert pour toutes les questions intéressant les prisonniers de guerre russes. Il s’occupait de l’action « K ».
    – Le Sturmmann Schlünder de Linz aidait Müller à ces tâches. Tout comme les autres membres des S. S. de la section politique, Müller exigeait des détenus, occupés dans la section politique, qu’ils « organisent » pour lui telle ou telle chose. Journellement, un ou deux détenus s’occupaient des « affaires personnelles » de Müller. Je ne signalerai qu’un cas auquel je fus mêlé. La couronne en or de l’une de mes dents s’était détachée. En parlant, un S. S. s’en aperçut. Il me demanda (en présence de cinq ou six autres S. S.) si j’avais échangé ma dent en or contre du pain. Il arrivait souvent que des détenus, nouvellement arrivés, échangent une dent, qu’ils arrachaient, contre du pain. Je répondis : « Non, elle est tombée »… et je la sortis de ma poche. Dans les deux heures qui suivirent, quatre S. S. de la section politique vinrent me solliciter : « Donne-nous ta dent, tu auras du pain. » Les trois derniers furent déçus car le premier, l’Unterscharführer et aspirant officier Grams, avait reçu la dent et m’avait promis un morceau de pain. Ensuite, Grams me demanda de lui fournir une alliance en or en échange de pain, -il raconta qu’il avait perdu son alliance. Pour les détenus qui se rendaient coupables de fraude d’or, on prévoyait la peine de mort « indirecte ». Soit on battait le condamné jusqu’à ce que mort s’ensuive et l’on portait dans son dossier l’inscription « faiblesse cardiaque », soit plus simplement on le pendait et… il s’était suicidé.
    – Les détenus qui se trouvaient au camp et pour lesquels une demande était parvenue (par exemple une lettre des parents demandant pourquoi ils n’écrivaient pas, une demande de procuration à signer, etc.) durent se présenter à l’interrogatoire. Cette convocation à l’interrogatoire de la section politique amena de nombreux détenus à envisager la question du suicide dans la nuit qui précédait l’interrogatoire. La convocation était donnée le soir, après l’appel. De nombreux suicides qui ont eu lieu la nuit par électrocution – les détenus touchaient les fils de la clôture électrifiée – doivent être attribués à la convocation visant l’interrogatoire à

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