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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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avait agi réglementairement, pendant son service, et ne possédait pas d’autre moyen d’empêcher l’évasion. De Vienne parvenait, plus tard, l’ordonnance de non-lieu du juge docteur Kaltenbrunner. Le dossier était alors classé. En aucun cas, à la vérité, on n’a entamé une procédure d’enquête et on n’a jamais interrogé d’autres témoins, par exemple : les chefs de kommandos, les kapos et autres détenus.
    – On envoyait aux parents une lettre de condoléances conçue en ces termes : « Votre père ; époux, fils, etc.) a été abattu le… alors qu’il tentait de s’évader. Je ne puis dire pourquoi il a agi d’une façon aussi inconsidérée alors qu’il n’avait pas de chance de réussir. Je présume qu’il a agi, frappé par un accès subit de folie. Tous les détenus savent que la tentative de fuite doit être sévèrement réprimée. Je vous fais part de mes condoléances, (s) Schulz S. S. Obersturmführer. »
    – Au cours de l’automne 1944, un juge fut envoyé à Mauthausen. C’était l’Untersturmführer Govers, juriste dans la vie civile et haut fonctionnaire des postes, originaire de Hambourg. Il fut versé par le tribunal des S. S. à la section politique où il s’occupa des enquêtes. Il fut détaché à Mauthausen parce, que maints rapports adressés au tribunal des S. S. étaient tout à fait différents des attestations médicales et des procès-verbaux joints en annexe. Ainsi, il était arrivé que, dans la même affaire, un écrit traitait de fusillade pendant l’évasion tandis que le deuxième écrit parlait d’un soi-disant suicide par pendaison. L’Untersturmführer Go vers prit sa tâche au sérieux. Cela alla même au point que, dans divers cas, il avait ordonné l’exhumation de détenus qui, soi-disant, étaient morts dans un camp extérieur de Mauthausen des suites de troubles circulatoires mais qui, en réalité, avaient été fusillés. La section politique s’opposa à Go vers et, enfin, le commandant du camp Ziereis obtint que Govers fût relevé de ses fonctions. Jusqu’en 1943, en principe, tous les Juifs qui étaient arrivés à Mauthausen accidentellement et séparément, furent abattus « alors qu’ils fuyaient ». Certains d’entre eux étaient des hommes qui, vu leur état physique, n’auraient pu fuir. Tous les documents et dossiers relatifs à ces cas ont été brûlés comme tous les autres. Cependant, je suis parvenu à soustraire une partie de ces écrits et à les mettre en lieu sûr en vue des enquêtes ultérieures. J’ai confié ces écrits au détenu espagnol Juan du bureau du camp de concentration de Mauthausen. Ce détenu a reçu des parties de dossiers qui se rapportent au meurtre de détenus espagnols (1).
    – Au cours des premières années de Mauthausen, d’après le contenu des dossiers, des suicides par « saut dans le vide », étaient très fréquents. Ainsi le même jour, cinquante-cinq Juifs se seraient jetés l’un après l’autre dans la carrière. En réalité, on les a jetés dans la
    (1) Tous ces documents « sauvés » par le déporté Hans Kanthak ont été largement utilisés dans l’ensemble des procès contre les tortionnaires de Mauthausen.
    carrière car la psychologie criminelle ne connaît pas de tels suicides en masse.
    – Un cas particulier : dans un kommando de travail d’un camp extérieur, un détenu italien eut les Témoin Alois Höllriegl : Oui, je m’en souviens, c’était en 1941. A cette époque j’étais à la compagnie de garde et en service sur le mirador qui limitait la carrière du Wienergraben. Je pus voir le matin six ou huit prisonniers amenés par deux S. S. que je connaissais, l’un était le Hauptscharführer Spatznöcker et l’autre l’Unterscharführer Edenhofer. Ils se sont approchés en faisant des gestes curieux…
    Le Président : Attendez. Vous allez trop vite. Parlez plus lentement.
    Témoin Alois Höllriegl : J’ai vu qu’ils s’approchaient du précipice près de la carrière Wienergraben. Du mirador de garde, j’ai vu deux S. S. qui frappaient les prisonniers et pus remarquer qu’ils voulaient les forcer à se jeter de la falaise ou bien les y pousser. Je remarquai un prisonnier couché par terre qui était piétiné. Les gestes montraient qu’on lui ordonnait de se jeter de la falaise. Le prisonnier le fit bientôt, probablement par désespoir, à la suite de tous les coups qu’il avait déjà reçus.
    Colonel Amen : Quelle

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