Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
Il prit une pioche en fer d’environ 30 centimètres de longueur et frappa Jakobs dix à quinze fois au visage. Ensuite, Bachmayer prit le malheureux et le ligota. Il lui lia bras et jambes derrière le dos et le pendit dans un local. Il fit baisser les rideaux d’occultation de ce local et ferma celui-ci. Bachmayer fut aidé par le Lagerälteste Schops, détenu allemand soi-disant pour raison de sûreté. Le HauptScharführer Heider était présent et regardait avec intérêt, semblable à un curieux qui assiste à l’abattage d’une bête. Vers 7 heures du matin, le lundi, Jakobs se trouvait encore au cachot. Bachmayer donna l’ordre, à un S. S. Unterscharführer, d’enlever la veste de Jakobs, ce qu’il fit. Ensuite il le tua.
    – A 9 h 30, le cadavre de Jakobs était déjà au crématoire. Un peu plus tard, la section politique reçut l’avis de décès selon lequel Jakobs s’était suicidé en se pendant. On avait joint à l’avis de décès, un croquis relatif au suicide et un rapport.
    – Le croquis représentait Jakobs pendu à la tuyauterie de l’installation de bains pour détenus. A proximité se trouvait un tabouret renversé. Dans le rapport, un Unterscharführer mentionnait qu’il avait trouvé Jakobs pendu de cette façon. Bachmayer ajoutait encore que le mobile du suicide était probablement la crainte d’une peine de camp. Comme toujours, dans ces cas, une procédure d’enquête fut ouverte et les dossiers furent envoyés au tribunal des S. S. et de la police de Vienne. Quelque temps plus tard, le tribunal envoya une ordonnance de non-lieu, d’après laquelle une procédure n’avait pas été entamée car le suicide était établi sans aucun doute. Pour la compréhension, il y a lieu de faire remarquer que le bain des détenus n’est jamais sans surveillance. Les détenus, contrôleurs des bains et nettoyeurs, doivent toujours y rester à moins qu’on ne les chasse. Un détenu qui est au cachot n’est pas envoyé au bain des détenus et même, s’il y va, on ne le laisse pas seul.
    Le professeur Henri Desoille, déporté français, examina au Revier de Mauthausen, une victime de ce genre particulier de torture : l’estrapade.
    – Au Revier, on voyait de temps en temps se glisser aussi discrètement qu’il lui était possible, un pauvre diable dont l’attitude caractéristique permettait un diagnostic d’emblée :
    – D’un mouvement de tête, il désignait ses mains tombantes, il ne pouvait les relever. On voyait aux poignets, sous forme de sillons, les traces de la corde qui avait servi à le suspendre et souvent une tuméfaction violacée du visage attestait qu’on l’avait en outre frappé. La paralysie rétrocédait lentement, en plusieurs semaines.
    – Le trait intéressant au point de vue neurologique est qu’il ne s’agissait pas d’une paralysie de la main par compression des nerfs serrés par le lien au niveau du poignet, mais bien d’une paralysie du membre supérieur, à prédominance distale due à l’élongation. En effet, les extenseurs de la loge postérieure de l’avant-bras se trouvent au-dessus de l’endroit où s’exerçait la compression ; les muscles du bras et de l’épaule étaient eux aussi atteints, quoique à un moindre degré ; il existait une douleur à la pression du point d’Erb le long du sternocléïdo mastoïdien. Je ne puis donner une topographie plus précise : les circonstances ne permettaient pas un examen neurologique détaillé. Pas plus que mon ami le docteur Muller, un neurologiste distingué de Cluj, qui a vu les mêmes malades que moi, je n’ai pu chercher les troubles de la sensibilité et nous n’avions, bien entendu, ni marteau à réflexes, ni oscillomètres de Pachon, encore moins une table à chronoxie à notre disposition. Quant à prendre des notes écrites, cela nous eût valu, au cas où on l’aurait su, la mise dans l’impossibilité absolue de venir raconter l’histoire, si ce n’est par le moyen fort aléatoire des tables tournantes ! Le mécanisme de l’élongation était d’ailleurs facile à comprendre.
    – L’estrapade classique consistait à attacher les mains et parfois les pieds du patient derrière le dos, à une corde, et à le laisser choir brutalement du bout d’une potence jusque près de terre de façon à produire un arrêt brusque, qui le disloquait. Une gravure de Callot représente cette manière de procéder.
    – A Mauthausen, la technique était un peu

Weitere Kostenlose Bücher