Les 4 vies de Steve Jobs

d’alors, Chris-Ann Brennan, dans une petite maison en bois dans les régions montagneuses de Santa Cruz. Il s’essaye au LSD, mais abandonne très vite toute consommation. « D’un seul coup, le champ de blé s’était mis à jouer du Bach », confiera-t-il en souvenir 12 .
    L’adolescence de Steve Jobstire à sa fin, il déborde de curiosité, mais manque de certitude quant à la voie qu’il devrait suivre. Chris-Ann Brennanrapporte qu’il lui aurait confié ceci : « Un jour, je serai riche et célèbre !… »
    À cette époque, un magazine alternatif que Jobsadore, le Whole Earth Catalog cesse sa parution. Ce catalogue recensait des produits alternatifs associés à la contre-culture, permettant notamment de vivre en autosuffisance. « C’était une revue idéaliste débordant d’outils épatants et de notions géniales », dira plus tard Jobs.
    Sur la dernière édition du Whole Earth Catalog , en dos de couverture, l’image d’une route de campagne apparaît. Un slogan est scandé, en guise d’au revoir :
    « Demeurez affamé. Demeurez fou. »
    Cette devise va marquer Jobsà jamais…

Chapitre 3
    Prise de conscience
    L orsque je l’ai connu au Reed College, c’était un individu silencieux, d’apparence très timide.
    Steve Jobsétait quelqu’un d’intense, de profond et c’était avant tout un bon ami qui a su se montrer généreux lorsque j’avais besoin d’aide. C’était quelqu’un d’altruiste, très intéressé par la philosophie et la spiritualité.
    Rien ne montrait qu’il pouvait avoir de l’ambition.
    Il était aussi très secret… »
    Telle est la description qu’a donnée de Jobsson ami d’alors, Daniel Kottke.
    Il est probable que le fils de Paul et Clara Jobsse reconnaît dans la chanson qu’a écrite Brian Wilson, leader des Beach Boys, I Just Wasn’t Made for These Times (je n’étais pas fait pour cette époque), dans un album expérimental entré dans la légende, Pet Sounds . Wilson a voulu décrire son malaise personnel : il se sentait un peu trop en avance sur son époque et avait l’impression que l’on n’arriverait pas à le suivre…
     
    « Je cherche en vain un endroit où je pourrais me sentir dans mon élément
    Où je puisse exprimer ce que je ressens
    J’ai longuement tenté de trouver les gens
    Que je n’allais pas laisser derrière moi (…)
    Je n’arrive à pas à trouver quelque chose où je pourrais mettre mon cœur et mon âme. »
     
    Depuis, Brian Wilson a été désavoué par les autres membres des Beach Boys qui jugeaient son approche trop « avant-gardiste » et il a lentement décroché de la réalité. Il passe ses jours chez lui, désœuvré et dépourvu d’inspiration.
    L’humeur de Steve Jobsn’est pas bien éloignée de celle du démiurge Wilson. Il n’est pas à sa place dans ce monde dont il peine à repérer les clés. Quel rôle pourrait-il y jouer ? L’esprit en décalage, il cherche confusément sa voie. À défaut de trouver des réponses dans le savoir universitaire, il va les chercher dans les spiritualités orientales…
    « Dix-sept ans après ma naissance, j’entrais à l’université. J’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité », a raconté Jobs.
    « Stephen Paul avait l’habitude de dire que s’il ne pouvait pas aller au Reed College, il n’irait nulle part ailleurs », s’est rappelé son père Paul 13 .
    Situé en Oregon, au nord de la Californie, le Reed College a la réputation d’être non conformiste de par la diversité de son cursus : sciences, histoire, littérature… Le campus s’étend sur 47 hectares avec un style architectural inspiré de l’université britannique d’Oxford. Le hic, c’est que Reed College est une université privée et l’une des plus chères des États-Unis. Une année de scolarité représente 8 000 dollars, ce qui est une somme conséquente en ce début des années soixante-dix. Les dollars patiemment amassés par Paul et Clara Jobsont cependant été alloués à des études au Reed College, conformément à la parole jadis donnée à la mère biologique de Stephen.
    D’emblée, Steve Jobsse retrouve dans une situation inconfortable. Les étudiants qui fréquentent le Reed College sont pour la plupart issus de familles aisées. Jobs, s’il est inscrit à l’université, n’a aucunement les moyens de s’offrir