Les 4 vies de Steve Jobs
pouvoir d’attraction digne d’un gisement de magnétite envers ses congénères.
« Robert Friedlandétait incroyablement charismatique. Je n’avais jamais connu de personnalité de ce genre. Il me semble que Steve Jobsa acquis un certain nombre de ses aptitudes à convaincre les autres chez Friedland », estime Kottke.
En cette rentrée 1972, Robert Friedlandrevient d’un voyage d’été en Inde et il se plaît à raconter comment il a visité l’ashram de Neem Karoli Baba. Électrisés, Jobset Kottkeboivent la moindre de ses paroles. C’est en écoutant ses récits aventureux qu’ils élaborent un rêve : se rendre eux-mêmes en Inde. Qui sait ? Dans cette contrée lointaine, ils pourraient bien trouver la sagesse évoquée dans leurs lectures… Friedland leur prodigue toutes sortes d’informations utiles au pays de Krishna : qui contacter, où loger…
Steve Wozniak, de son côté, est entré chez Hewlett-Packard où il est affecté au design d’ordinateurs. Durant son temps libre, il gère un service téléphonique conçu dans l’esprit des Marx Brothers, “Dial-a-joke” : on appelle un numéro et on entend alors une blague. C’est en testant ses boîtes bleues que Wozniak a découvert qu’il existait de nombreux services de ce type dans le monde et a donc décidé de monter le premier “Dial-a-joke” de la région de San Francisco.
En 1973, les répondeurs n’existent pas, Wozniakest donc obligé de louer une machine très coûteuse, fabriquée pour les réservations des théâtres. Il installe ledit appareil dans son appartement de Cupertino et passe diverses annonces dans des fanzines locaux pour promouvoir son “Dial-a-joke”. Parfois, Wozniak répond à un appel en direct, il prend alors un accent russe prononcé et apparaît sous le nom de Stanley Zebrezuskinitski. C’est à l’occasion d’un de ces appels qu’il va rencontrer sa future épouse.
« Je recevais tellement d’appels que je devais constamment changer le numéro. Faute de quoi, on pouvait recevoir 100 appels par jour ! », s’est rappelé Wozniak.
Absorbé par ses lectures, Jobsa trouvé une raison de vivre. Le souci, c’est qu’en toile de fond, il traîne un sentiment de culpabilité tenace. Le cursus de Reed College l’indiffère au plus haut point. Il a commencé par sécher certains cours et, progressivement, il a purement et simplement cessé de suivre le programme normal. Il en est venu à la conclusion qu’à tout prendre, il devrait pouvoir réussir sa vie sans avoir nécessairement un diplôme.
« Au bout de six mois, je ne voyais toujours pas la justification de mes études. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là, en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant… »
Au risque de peiner Paul et Cl ara, Jobsdécide d’abandonner ses études. Sa démission présente un avantage, même s’il ne s’agit que d’un pis-aller : Reed College lui rembourse une partie de ses frais de scolarité et il juge préférable de redonner à ses parents un peu de cet argent qu’ils ont durement gagné.
« Ses parents étaient heureux de payer son éducation et ils auraient volontiers continué à le faire », estime pour sa part Dan Kottke.
Libéré de toute obligation, Jobsdécide de suivre certains cours en tant qu’auditeur libre. Il assiste avec intérêt aux exposés sur la littérature, notamment tout ce qui peut concerner William Shakespeare. Il se passionne par ailleurs pour la calligraphie. Envoûté, il découvre tout ce qui concerne l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie.
« C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné. »
Le séjour de Jobsau Reed College se poursuit durant la majeure partie de l’année 1973, agrémenté de longs débats avec Dan Kottkesur le sens de l’existence qui peuvent se prolonger à des heures avancées de la nuit. Un nouveau livre marque bientôt Jobs : Rational Fasting ( Santé et Guérison par le jeûne ), d’Arnold Ehret. Ébloui par la doctrine de ce docteur disparu en 1922, Jobs décide de devenir un « fruitarien », c’est-à-dire de ne manger que les parties des plantes qui ne tuent pas celles-ci :
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