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Les 4 vies de Steve Jobs

Les 4 vies de Steve Jobs

Titel: Les 4 vies de Steve Jobs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ichbiah Daniel
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mûrit une excellence digne d’un Michel-Ange. Son désir de perfectionnisme n’est pas en surface. La tendance est ancrée dans son âme et il ne tolère pas d’à peu près. Plus d’un ingénieur s’est arraché les cheveux face à ses prétentions. Déjà en 1977, il voulait que les chemins de la carte mère de l’Apple II soient dessinés de manière rectiligne, peu importe si cela rendait sa conception incroyablement plus ardue. Et alors ? On ne bâtit pas la chapelle Sixtine comme on fait les motels. Le moindre détail doit relever de la perfection…
    Pour créer le Macintosh, Jobss’est entouré d’une équipe d’esprits rarissimes, triés sur le volet avec un art de la sélection impitoyable. Un an et demi plus tôt, alors qu’il était en conférence à l’Institut Smithsonian, il était revenu là-dessus… « Il est douloureux de ne pas avoir les meilleurs gens du monde à ses côtés. Mon job a été exactement cela : me débarrasser de certaines personnes qui n’étaient pas à la hauteur. »
    Steve se revoit plantant un drapeau de pirates dans le repaire des artistes de l’équipe du Macintosh, une bande de marginaux sublimes tentant de prolonger artificiellement la fiesta du Flower Power des années soixante. Ils s’étaient réfugiés dans une bâtisse séparée du reste d’Apple pour mieux préparer une révolution de l’intérieur.
    L’épopée du Macintosh s’est déroulée dans des conditions homériques, tout en faisant fi de l’opinion commune et en dépit d’obstacles que d’autres jugeraient insurmontables. Elle n’était pas sans rappeler les péripéties vécues par Francis Ford Coppola sur Apocalypse Now . Des individus plutôt rebelles par nature tels que Andy Hertzfeldou Randy Wiggintonont donné le meilleur d’eux-mêmes alors qu’on les aurait mal imaginés en faire autant en d’autres circonstances. À l’instar de ses collègues de l’équipe du Macintosh, Hertzfeld a élaboré avec finesse l’interface du Macintosh sans ménager ses heures ni sa créativité, acceptant de bon cœur les brimades régulières du capitaine au long cours…
    Impétueux et fier, Steve n’en faisait qu’à sa tête, intervenant sur les moindres détails de sa Joconde à lui. Il se revoit entrer dans le bureau d’Andy Hertzfeld, cet anticonformiste dont le radeau avait échoué on ne sait comment sur les rivages d’Apple. Il avait surgi, sans préambule, pour clamer :
    « Andy, je t’annonce que tu fais désormais partie de l’équipe du Macintosh !
    – Super, avait rétorqué Hertzfeld. Donne-moi juste quelques jours, le temps que je termine un programme pour l’Apple II.
    – Rien n’est plus important que le Macintosh ! », avait décrété Jobs.
    Joignant le geste à la parole, il avait débranché l’Apple II d’Hertzfeld, empilé l’écran et le clavier et aussitôt s’était dirigé vers le parking. Andy avait couru tant bien que mal derrière lui, protestant comme il le pouvait contre l’absolutisme de son nouveau boss.
    Jobsest ainsi : dévoué corps et âme à la cause qu’il a entreprise. Le mot compromis ne fait pas partie de son dictionnaire.
    Le Mac est apparu en janvier 1984, sous une pluie d’acclamations. Jobsa fait réaliser un clip fantastique, ultra-audacieux, par Monsieur Blade Runner , alias Ridley Scott, et, malgré la réserve de ces pleutres du conseil d’administration, ce film coup-de-poing a envahi par surprise les écrans de millions de foyers américains. Le monde est entré dans l’ère du Macintosh.
    Cette citadelle, Jobsl’a établie comme on bâtit une cathédrale, pierre par pierre, animé d’un sens sans compromis de la perfection. Son histoire avec Apple a eu un parfum romanesque, imbibé de défis, de victoires, de coups de théâtre. Telle a été sa deuxième vie, une inoubliable épopée. Nos plus belles années.
    Pourtant, alors que Jobsvenait d’atteindre son Graal, qu’il était au faîte de sa gloire, le sol s’était dérobé… Un félon avait tiré le tapis sous ses pieds. Jamais, au grand jamais, il ne le lui pardonnera. JohnSculley, celui qu’il avait recruté lui-même pour prendre les rênes d’Apple, a organisé sa destitution.
    Depuis, Sculleya couché ses mémoires sur le papier et tenté d’expliquer, arguments à l’appui, qu’il n’avait pas d’autre choix : à l’en croire, Jobsétait en train de couler Apple. Qu’en savait-il au juste ?
    La rancœur est demeurée intacte

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