Les 4 vies de Steve Jobs
les démonter, les réassembler 3 . »
Stephen Paul n’est pas ce que l’on pourrait appeler un garçon sage. S’il manifeste une activité supérieure à la moyenne, ses agissements trahissent une certaine dispersion. Par deux fois, ses parents adoptifs doivent l’amener en toute hâte aux urgences. La première fois pour un lavage d’estomac, Steve ayant avalé une bouteille d’insecticide. La seconde parce qu’il a introduit une broche dans une prise électrique.
Comme sa mère lui a elle-même enseigné la lecture, Jobsaborde l’école avec l’espoir qu’il pourra lire des livres et qu’il sera possible d’aller explorer le monde alentour. Dans la pratique, son contact avec l’autorité professorale se passe mal. « Toute la curiosité que j’avais naturellement développée a pratiquement été chassée. »
Steve Jobsa 7 ans lorsque la crise des missiles de Cuba éclate, le 16 octobre 1962 ; il reçoit cette menace sur la paix mondiale comme un choc.
« Je n’ai pas dormi durant trois ou quatre nuits parce que j’avais peur de ne pas me réveiller si je m’endormais. Je crois que je comprenais exactement ce qui se passait. Tout le monde le comprenait en fait. C’était une terreur que je n’oublierai jamais et je crois qu’elle n’est probablement jamais totalement partie. Il me semble que tout le monde la ressentait à l’époque 4 . »
Un an plus tard, le 22 novembre 1963, à trois heures de l’après-midi, Steve Jobsrentre tranquillement à la maison lorsqu’il entend un cri dans la rue : le Président Kennedy vient d’être assassiné ! Là encore, cet événement le terrasse, il a 8 ans. Sans réellement savoir pourquoi, il est conscient que l’Amérique vient de perdre l’une de ses grandes figures historiques.
L’école pèse de plus en plus sur Jobs. Aidé d’un copain de classe, Rick Farentino, il sème régulièrement la pagaille dans les classes. Leurs faits de gloire consistent à faire exploser des pétards dans les bureaux des professeurs. Ils iront jusqu’à lâcher des serpents dans une classe.
Comme il le confiera plus tard avec émotion, Steve Jobsn’a sans doute évité la prison que grâce à la sagacité de l’une de ses enseignantes de quatrième année (l’équivalent du CM1 dans le système scolaire français), mademoiselle Hill. Cette maîtresse de rêve a trouvé la méthode pour canaliser l’énergie débordante de ce trublion de 9 ans : « Je te donne 5 dollars si tu termines ce livre de mathématiques, ainsi que cette sucette géante. » Aiguillonné, Steve Jobs étudie assidûment et découvre la passion d’apprendre. À la fin de cette avant-dernière année d’école élémentaire, son niveau est devenu tel qu’il est en mesure de sauter une classe et d’entrer directement au collège.
À l’adolescence, deux courants influent sur l’existence de l’adolescent : la contre-culture hippie et la technologie. Imbibé de la musique rock des Doors ou des Beatles, et des poèmes fantasques de l’intrigant Bob Dylan, le courant contestataire qui prend forme ne peut qu’attirer ce garçon déjà soucieux de donner un sens à sa vie.
« Je me souviens d’avoir grandi à la fin des années cinquante et au début des années soixante. C’était une époque très intéressante pour les États-Unis. L’Amérique se trouvait alors à une sorte de pinacle de la prospérité d’après-guerre. Tout se déroulait selon un droit chemin, de la culture jusqu’aux coupes de cheveux. Et puis, les choses ont commencé à s’élargir jusque dans les années soixante où de nouvelles directions ont été prises de toute part. L’Amérique était encore un pays très jeune, avec une énorme réussite. Le pays semblait jeune et naïf, si je m’en tiens à mes souvenirs de cette époque », a raconté Steve Jobs 5 .
L’artiste qu’il admire le plus est Bob Dylan. Steve Jobsapprend par cœur les textes de toutes ses chansons. Avant tout, il est impressionné par la faculté qu’a Dylan de changer régulièrement de peau, comme lorsqu’il décide d’intégrer de l’électricité dans sa musique, au risque de fâcher une partie du public qui l’a porté au pinacle : les amateurs de musique folk . Désormais, lors de ses concerts, une frange des spectateurs conspue Dylan en hurlant : « Rentre chez toi ! », « Traître ! »… Pourtant, l’auteur de Like a Rolling Stone passe outre et leur livre ses mélopées
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