Les 4 vies de Steve Jobs
Jobsgagne son argent de poche en achetant de vieilles chaînes stéréo qu’il répare et revend avec profit. Pourtant, l’adolescent ne se contente pas de reproduire à l’identique ce qu’il découvre, il fait déjà preuve d’un sens de l’innovation, de la simplification. Son professeur d’électronique de Homestead, Hohn McCollum, s’est d’ailleurs souvenu de lui comme « un solitaire qui posait toujours un regard différent sur les choses 11 ».
Lorsqu’il désire quelque chose, Stephen ne se donne aucune limite. Doté d’un culot hors norme, il se montre prêt à tout pour parvenir à ses fins. Un jour, alors qu’il est en quête de pièces détachées pour l’une de ses créations, il commence par appeler la société Burroughs, à Detroit. Faute de trouver son bonheur, il appelle William Hewlett, cofondateur de Hewlett-Packard.
Ce jour-là, Hewlett décroche son téléphone et entend au bout du fil la voix d’un gamin de 13 ans :
« Je m’appelle Steve Jobset je suis à la recherche de pièces détachées pour fabriquer un compteur de fréquences. Pourriez-vous me les fournir ? »
L’aplomb du collégien séduit William Hewlett qui discute avec lui durant vingt bonnes minutes. À l’issue de cette conversation, il lui offre les pièces demandées et, mieux encore, lui propose un petit travail d’été chez Hewlett-Packard. L’adolescent va conserver un excellent souvenir de ce premier contact avec le monde du business.
Il ne lui manque plus qu’un alter ego avec qui partager cette flamme pour la technologie…
Chapitre 2
Woz
1970 est une année folle… Plusieurs héros des années soixante porteuses de tant d’espoir vont quitter cette Terre prématurément. Jimi Hendrix est l’un des premiers à s’envoler vers d’autres cieux. À trop flirter avec des substances qui procurent une éphémère libération, le guitariste métis y a laissé ses plumes. Le 18 septembre, il entre dans un sommeil dont on ne se réveille pas. Janis Joplin, l’oiseau blessé, le rejoint le 4 octobre. Fidèles à leur rôle de précurseurs, les fameux Beatles ont annoncé leur séparation le 10 avril, mettant fin prématurément au rêve multicolore de All you need is love . Visiblement mal informé, Elvis Presley va s’offrir une visite privée au Président Nixon pour l’assurer de son soutien et clamer que lesdits Beatles seraient « antiaméricains » – comment pouvait-il imaginer que ce dirigeant paranoïaque enregistrait ses moindres conversations et qu’elles seraient rendues publiques lors de la sinistre affaire Watergate ?
Le 8 juin, Bob Dylan, l’artiste vénéré, le poète intègre et visionnaire, celui dont on a dit en 1963 qu’il « a mis le doigt sur le pouls de notre génération », casse volontairement sa propre image dans l’album Self portrait . Assagi, il chante d’une voie sirupeuse, et se positionne à mille lieues du symbole de porte-parole générationnel qu’on a voulu faire de lui.
Il se trouve qu’en cette année 1970, l’Amérique subit les remous d’un tsunami culturel qui bouleverse les consciences. La présidence est détenue par un individu si retors que les caricaturistes n’ont aucun mal à en tirer le portrait. La prétendue croisade pour libérer le Vietnam a tourné au bourbier et une majorité de jeunes refuse d’y être mêlée – certains ont publiquement brûlé leur livret militaire. En cette période chaotique où les valeurs qui ont construit la nation sont secouées de toute part, même la conquête spatiale ne fait plus recette. La mission Apollo XIII qui devait amener des astronautes à poser une nouvelle fois le pied sur la Lune a bien failli tourner au tragique : trois moteurs sur quatre et deux réserves d’oxygène sur trois ont défailli.
Telle est l’atmosphère mouvementée de cette année 1970. De tous les États d’Amérique, la Californie est sans doute le plus touché par la révolution des idées, des mœurs, des styles de vie. Steve Jobs, qui fête ses 15 ans le 24 février, se retrouve aux premières loges, trop jeune pour y participer pleinement, mais suffisamment mûr pour s’abreuver des courants de pensée contradictoires.
Pourtant, l’essentiel de sa vie est ailleurs. En 1970, Jobsrencontre un individu qui va changer son existence. Un fêlé d’électronique comme lui, mais débordant d’idées, d’imagination, d’esprit d’invention…
C’est un ami du quartier, Bill
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