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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bien, fit Gennaro, vide ton sac…
    – Votre Excellence saura qu’à la suite de certaines idées
qui m’étaient venues, je me suis mis cette nuit en surveillance
devant l’Ancre-d’Or. »
    Gennaro tressaillit.
    On se rappelle la visite qu’il avait faite cette même nuit à
Bartolo le Borgne, patron de ce cabaret.
    « Qu’as-tu vu ? demanda-t-il vivement.
    – J’ai vu Bartolo sortir avec quelqu’un que je n’ai pas
reconnu. »
    Gennaro respira.
    « À quoi es-tu bon ? grogna-t-il.
    – Là n’est pas l’intérêt de mon affaire, Excellence…
Pendant que Bartolo le Borgne causait sur le quai avec ce
quelqu’un, je surveillais, moi, un troisième individu qui se
glissait dans l’allée du cabaret.
    – Un voleur ?
    – Non, Excellence. Il n’en avait pas la tournure. Un
voleur, je flaire ça à cent pas, moi !
    – Oui, je sais ton habileté ; continue…
    – Eh bien, Excellence, Bartolo rentra à son tour. Alors,
j’allai coller mon oreille à la porte, et j’entendis comme un bruit
de dispute… et je crus reconnaître la voix de l’inconnu.
    – Ah ! ah !…
    – Votre Excellence va voir que c’est réellement
intéressant. Après le bruit de dispute, j’entendis clairement le
bruit d’une lutte. Puis il y eut un long silence, puis l’homme s’en
alla enfin.
    – Tu l’as suivi ? Reconnu ?…
    – Votre Excellence va voir. J’ai suivi l’homme avec
d’autant plus de curiosité qu’il m’avait semblé reconnaître sa voix
d’abord, et qu’ensuite je reconnus positivement sa démarche et sa
stature. L’homme se rendit à l’île d’Olivolo… »
    Le chef de police bondit :
    « Et c’était ?
    – C’était Scalabrino, Excellence. Je sais maintenant où il
gîte, et nous le prendrons quand vous voudrez.
    – Pas un mot de tout cela, tu entends ?
    – Oui, Excellence ; mais ce n’est pas tout… Je me suis
naturellement demandé ce que Scalabrino avait été faire chez le
Borgne, – et je sors de l’Ancre-d’Or.
    – Et qu’as-tu appris ? fit Gennaro avec une certaine
inquiétude.
    – Lorsque je suis arrivé, le cabaret était fermé, contre
ses habitudes. Nombre de buveurs habitués du lieu frappaient du
poing à la porte. Je leur suggérai l’idée qu’un crime s’était
peut-être commis dans la maison. Aussitôt on court chercher les
archers. Ils arrivent, frappent en vain, et finalement enfoncent la
porte. Tout le monde entre. Dans la salle, rien. Dans
l’arrière-salle, je vois la trappe d’une cave. J’y descends. Et
qu’est-ce que je vois ? Le cadavre de Bartolo à demi plongé
dans de l’eau, qui a filtré sans doute du canal et qui
croupissait.
    – Bartolo assassiné !…
    – Par Scalabrino, oui Excellence. »
    Guido Gennaro se leva, se promena quelque temps d’un air
rêveur.
    « C’est bien, finit-il par dire. Tu n’as parlé à personne
de cette affaire ?
    – Pas de danger, Excellence.
    – Oui, tu es discret. Eh bien, il est inutile d’en parler.
Il est même utile que le plus grand silence soit observé sur tout
ceci pendant… voyons… pendant cinq ou six jours… jusqu’au 2
février, par exemple, tu m’as entendu ?
    – Oui, Excellence. »
    L’agent se retira. Les autres espions entrèrent successivement,
et Gennaro écouta d’une oreille distraite leurs rapports.
    Quand le dernier eut disparu, il cria :
    « Ensuite ! »
    Un homme entra, que Gennaro ne reconnut pas.
    « Mes compliments, dit le chef de police. Je ne te
reconnais pas moi-même. Qui es-tu ? »
    L’homme fit tomber ses cheveux et sa barbe et dit :
    « Peut-être me reconnaîtrez-vous maintenant, monsieur
Gennaro. »
    Le chef de police se leva précipitamment.
    « Monseigneur Candiano ! exclama-t-il d’une voix
étouffée.
    – Si vous criez ainsi mon nom, fit Roland, vous allez être
obligé de m’arrêter… à moins que je ne sois forcé de vous arrêter
vous-même.
    – Excusez-moi, monseigneur, dit-il ; je m’attendais si
peu à l’honneur de vous recevoir ici…
    – Pourquoi donc, monsieur ? N’avons-nous pas des
intérêts communs, et n’est-il pas nécessaire que nous puissions
nous voir ? Quant à moi, c’est ma conviction. Et la preuve
c’est que, rentré à Venise depuis hier, ma première visite est pour
vous. Je viens vous demander si l’occasion vous paraît enfin
propice pour vous saisir de ma personne et me livrer au Conseil des
Dix… »
    Guido Gennaro avait écouté ces paroles

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