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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Candiano, explique-moi comment tu
prétends me sauver ?
    – Je vais te le dire, Sandrigo. Venise est à
Mgr Roland. C’est son champ de bataille. Tu ne sais pas, tu ne
peux savoir ce qu’il a souffert ; je le sais, moi ! Et je
sais combien juste est l’œuvre qu’il poursuit. Eh bien, sache-le,
il va passer ici comme passent les brûlants météores qui parfois
ravagent la plaine, déracinent les arbres et renversent les
maisons. Malheur à qui se trouve sur le passage des tempêtes et des
justiciers… Pourquoi te trouverais-tu sur ce passage,
Sandrigo ? Va-t’en. Je sais qu’il ne te poursuivra pas. Je
sais que tu ne seras point frappé si tu ne lui fais obstacle…
    – Ah ! ah ! je commence à comprendre !
ricana l’officier.
    – Que veux-tu dire ?
    – Que Roland Candiano t’a envoyée à moi. Il a donc bien
peur ?
    – Tu te trompes, dit gravement Juana. Mgr Roland ne
m’a point parlé de toi. C’est moi qui ai parlé. Et j’ai lu dans ses
yeux que tu serais épargné, pour l’amour de moi, si tu te retires
du champ de bataille.
    – C’est-à-dire si je quitte Venise ? »
    Juana joignit les mains.
    « Oui, dit-elle, c’est cela. Voilà le vrai. Partons
ensemble, Sandrigo. Le veux-tu ? Je te suivrai. J’irai où tu
voudras. Je te servirai. Je serai ta servante, ta sœur ou ton
amante. »
    Une fois encore le rire terrible de Sandrigo retentit.
    « C’est pour me proposer cela que tu es venue à
Venise ?
    – Oui !
    – Eh bien, dit-il froidement, ta petite combinaison en vaut
une autre. Seulement, il y a un petit empêchement…
    – Ta haine ? Oh ! si tu connaissais Roland
Candiano…
    – Allons, tais-toi ! gronda-t-il ; si je
connaissais cet homme, ce serait pour le haïr davantage ! Mais
ce n’est pas la haine qui m’arrête, petit Juana.
    – Qu’est-ce donc alors ?
    – L’amour. »
    Elle demeura étourdie sur le coup, toute blanche, souffrant à
cette minute toutes les tortures qu’un cœur de femme est capable de
subir sans se briser.
    « Eh oui ! continua Sandrigo avec une volonté féroce
d’écraser la pauvre femme, j’aime, je suis aimé, et samedi, dans
Saint-Marc, le lieutenant Sandrigo se mariera, aux yeux de Venise
assemblée pour cette belle cérémonie… Cela a l’air de t’étonner…
Cela est, cependant. Maintenant, si tu tiens absolument à connaître
ma fiancée, je n’ai rien à te cacher : c’est
Bianca. »
    Juana, qui jusque-là était demeurée debout, se laissa tomber sur
l’un des escabeaux qui garnissaient la chambre.
    « Tu vois, acheva froidement Sandrigo, qu’il m’est
impossible de quitter Venise en un pareil moment… Allons, petite
Juana, il se fait tard, tu peux t’en aller, car à la nuit noire, tu
serais exposée à de mauvaises rencontres… J’espère que tu
reviendras me voir ?… Et même, quand je serai installé dans le
palais que je dois habiter avec Bianca, tu seras toujours la
bienvenue… »
    Depuis quelques minutes, et tout en parlant, le bandit avait
discuté avec lui-même s’il poignarderait Juana ou s’il la
retiendrait prisonnière pour l’empêcher d’aller retrouver Roland.
Mais il se dit qu’en la laissant partir, il saurait peut-être ce
qu’il voulait savoir, c’est-à-dire la véritable retraite de Roland.
En effet, il ne doutait pas que Juana ne lui eût été envoyée par
lui.
    Quant à Juana, les dernières paroles de Sandrigo semblaient
l’avoir privée de sentiment. C’était toute une vie de rêve qui
s’écroulait. Jusque-là, elle avait espéré vaguement, sans que son
espoir eût jamais pris une forme précise. Maintenant, tout était
fini.
    Elle se leva et se dirigea péniblement vers la porte.
    « À bientôt », dit Sandrigo.
    Elle balbutia quelques mots inintelligibles et s’en alla, si
abattue, si courbée, qu’on l’eût cru soudainement vieillie. À peine
eut-elle disparu dans l’escalier que Sandrigo s’élança à son tour
et se mit à la suivre de loin. Il la vit entrer dans une maison
qu’il nota soigneusement puis s’éloigna.
    Une demi-heure plus tard, il reparaissait, accompagné d’un
sbire.
    « C’est là, lui dit-il. Il faudra savoir exactement où elle
loge, de façon qu’on puisse entrer chez elle sans se tromper.
    – Ce ne sera pas difficile.
    – Bon. Vous monterez la garde devant la maison, jusqu’à ce
que vous soyez relevé. Si elle sort, vous la suivrez. Si quelqu’un
vient la voir, je devrai en être prévenu

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