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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voulait sauver Sandrigo, mais elle voulait avec non moins
de force empêcher Sandrigo de frapper Roland ou Scalabrino.
    Elle se trouvait ainsi prise dans un tourbillon de pensées qui
tantôt la poussait d’un côté, tantôt la rejetait d’un autre,
malheureuse épave s’en allant à la dérive du flot qui
l’emportait.
    Il se passait en elle un étrange phénomène. Ce réveil soudain
d’un amour qu’elle avait pu croire assoupi, sinon éteint,
l’étonnait et la bouleversait.
    Elle avait aimé Sandrigo avec toute la foi naïve, toute la
pureté chaste de sa première jeunesse. Puis, Sandrigo disparu
pendant des années, elle avait fini par croire qu’elle ne le
verrait plus jamais, et que sans doute elle l’oublierait à la
longue.
    Le bandit avait soudain reparu dans sa vie.
    Elle avait dès lors compris que l’homme aimé était toujours
présent dans son cœur et qu’il était inutile de résister à cet
amour.
    Arrivée à Venise, elle se demanda tout d’abord comment elle
retrouverait Sandrigo et fut obligée de convenir que le hasard seul
pouvait la mettre sur la voie.
    Pendant quatre jours, elle erra dans Venise, parcourut surtout
le port et les quais.
    Le soir du quatrième jour, comme elle traversait la place
Saint-Marc, elle vit tout à coup Sandrigo à quelques pas d’elle, et
s’arrêta stupéfaite, se demandant d’abord si c’était lui.
    Sandrigo en officier des archers !
    Sandrigo accompagnant le cardinal-évêque de Venise !
    Lorsqu’elle revint de son étonnement, Sandrigo avait disparu
dans l’intérieur du palais de Bembo.
    Elle alla se poster dans un coin, près de la Loggia, et
attendit, tremblante, la tête pleine de bourdonnements confus,
cherchant vainement à mettre un peu d’ordre dans ses pensées.
    Sandrigo demeura une demi-heure environ chez Bembo.
    Juana le vit sortir seul. Elle le suivit.
    Sandrigo s’arrêta devant une maison de médiocre apparence.
    C’est là qu’il demeurait. Il n’avait nullement remarqué qu’il
était suivi, et d’ailleurs, sûr qu’il était de la forte position
qu’il avait conquise, il ne s’en fût pas autrement inquiété.
    Il occupait au premier étage de cette maison un logis composé de
deux petites pièces. Il s’était logé là en attendant mieux. Et ce
mieux, dans son esprit, ne pouvait être que le palais qu’il
pourrait louer sur le Grand Canal lorsque la prise de Roland
Candiano l’aurait enrichi.
    Au moment où il poussait la porte de son logement, une main
légère se posa sur son bras, et une voix tremblante
murmura :
    « Sandrigo… »
    L’officier se retourna brusquement déjà prêt à frapper. Mais
dans la demi-obscurité, il reconnut Juana, et un sourire d’ironie
dédaigneuse plissa ses lèvres.
    « Toi à Venise ? fit-il.
    – Oui, je suis venue pour te parler, Sandrigo.
    – Entre donc, ma chère
cara mia,
entre. Tu vois
combien je suis heureux de ta visite. »
    Avec sa politesse narquoise, il s’effaça. Juana entra, calme et
grave. Sandrigo entra après elle et referma la porte.
    « Assieds-toi, petite Juana », dit-il.
    La pauvre femme tressaillit. C’est ainsi qu’il l’appelait jadis,
dans leurs longues conversations, alors qu’elle écoutait avec une
admiration attendrie le récit de ses bienfaits, comme elle eût
écouté quelque belle légende.
    Cependant, elle refusa d’un signe de tête l’invitation.
    Son cœur battait fort, et maintenant qu’elle se trouvait en
présence de l’homme aimé, toute sa résolution s’évaporait.
    « Tu as donc renoncé à ton métier de gardienne pour
vieillards et petites filles ? demanda Sandrigo railleur. Je
te félicite. Je ne comprends pas comment une belle fille comme toi,
en plein éclat de jeunesse, en pleine maturité de beauté, telle
qu’une grenade qui s’ouvre au soleil, ait pu consentir à s’enterrer
vive près de ce fou. Tu avais perdu la tête, petite Juana. Mais te
voilà, c’est bien. Que viens-tu faire à Venise ?… Si tu veux,
je te trouverai une situation… Oui, je devine ta pensée. Tu
regardes mon modeste logis, et tu te demandes ce que je pourrais
bien faire… Ne te fie pas aux apparences. D’ici peu, je serai une
manière de personnage indispensable, ayant acquis toutes sortes de
droits, et qui saura en user, je t’en réponds… Parle, petite Juana.
Je t’ai conservé toute mon affection, bien que tu m’aies reçu un
peu fraîchement lors de la visite que je te fis à Mestre. Je fus
même obligé,

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