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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tout aussitôt.
    – Les ordres de Votre Seigneurie seront exécutés de point
en point. »
    Sandrigo rentra alors tranquillement chez lui.
    Dans son pauvre logis, Juana sanglotait…
    *
    * *
    Pendant que Juana se désespérait et pleurait, pendant qu’elle se
penchait, avec ce vertige particulier de l’affolement, sur le
nouvel abîme qui s’ouvrait dans son cœur, et qu’elle se demandait
avec terreur si elle allait se mettre à être jalouse de Bianca,
pendant ce temps, Sandrigo, rentré chez lui, faisait une toilette
soignée.
    On venait de lui apporter un costume de grande tenue qu’il
allait endosser pour la première fois. Ce costume se composait d’un
haut-de-chausses violet, d’un pourpoint de velours de même couleur,
d’un manteau court doublé intérieurement de soie violette et d’une
toque à plume blanche sur le galon de laquelle était brodé en or le
lion de Venise. Un baudrier de soie brodée soutenait l’épée de
parade, tandis qu’à la ceinture pendait un court poignard à manche
d’or, accroché à une chaînette d’or.
    S’étant revêtu de ce costume, Sandrigo se regarda dans une glace
et murmura :
    « Qui donc reconnaîtrait en moi le bandit Sandrigo ?
Personne, je pense. »
    Un nuage voila soudain le sourire qui avait éclairé sa
physionomie.
    « Non, personne… pas même mes anciens compagnons de la
montagne. »
    Il avait fait tomber cette barbe un peu hirsute qu’il portait
jadis, et ses cheveux noirs bien peignés, naturellement ondulés,
n’encadraient pas sans une sorte de grâce un visage qui, au repos,
pouvait inspirer à des indifférents une certaine sympathie.
    À ce moment, ce visage n’eût inspiré que de la terreur.
    Les sourcils froncés, les dents aiguës à demi découvertes par un
rictus de menace, les yeux durs, Sandrigo songeait :
    « Cette bonne Juana ! Grâce à elle, je vais retrouver
celui qui m’a chassé, qui m’a volé la royauté de la montagne. Et ce
jour-là, malheur à lui ! Allons, petite Juana, va retrouver
ton cher protecteur Roland Candiano ; va ma fille, montre-nous
le chemin… »
    La sombre expression disparut soudain, et le visage se
détendit.
    Sandrigo venait d’achever sa toilette en posant sa toque sur sa
tête, et ses pensées prenant un autre cours, il murmura :
    « Allons !… La conquête que je vais entreprendre ce
soir est moins difficile ! »
    Sandrigo se trompait. Semblable à tous les « beaux
garçons » il avait de lui-même trop bonne opinion, ou des
autres trop mauvaise opinion, comme on voudra.
    En réalité, il lui était peut-être plus aisé de tuer Roland,
tout doucement, au détour de quelque ruelle, que de mener à bien la
conquête de Bianca. Car c’est à cette conquête-là que songeait
Sandrigo.
    Il sortait de chez Bembo où Juana l’avait vu entrer.
    Et Bembo lui avait assuré que tout serait prêt pour la cérémonie
du surlendemain ; on était au jeudi soir et le mariage dans
Saint-Marc, avec bénédiction épiscopale, chants et hautbois, en
présence de la meilleure société de Venise, devait avoir lieu le
samedi.
    Ce soir-là, Imperia donnait une grande fête à laquelle elle
avait convié tout ce que Venise comptait de patriciens ou
d’artistes. Cette fête devait être une sorte de célébration des
fiançailles. Le mariage, qui déjà faisait du bruit dans la ville,
devait être officiellement annoncé. Sandrigo devait être présenté,
ainsi que Bianca.
    On comprend dès lors tout l’intérêt que cette soirée avait aux
yeux de Sandrigo.
    Mais il n’était pas le seul à s’intéresser à cette fête.
    Dans la maison de l’île d’Olivolo, Roland et Scalabrino se
préparaient, eux aussi, à y assister.
    Roland revêtait un costume pareil à celui qu’il portait dans
cette nuit à jamais mémorable en son existence où il avait délivré
Imperia sur les quais d’Olivolo.
    Par bravade, peut-être, ou parce que cela rentrait dans son
plan, Roland ne changea rien à son visage et ne se livra à aucun
déguisement de la tête. Mais il mit un loup noir. Dans Venise, cité
du mystère, le loup était non seulement toléré, mais accepté comme
faisant presque partie du costume. En plein jour, les jolies
Vénitiennes portaient un loup pour garantir leur visage contre les
ardeurs du soleil, comme on met parfois des écrans devant certaines
pêches pour leur conserver leur duvet. Dans beaucoup de fêtes, les
hommes portaient également un loup, soit pour ne pas être

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