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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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point à une aussi vulgaire aventure d’amour. Par
tous les diables, j’en ai vu bien d’autres avec ce Jean de Médicis.
Que Bianca devienne ce qu’elle peut. Que Bembo fasse ce qu’il veut.
Or çà, l’heure de dormir est venue, il me semble. Voilà le jour qui
point… »
    Et arrivé dans sa chambre à coucher, on entendit ses
vociférations :
    « Paolina ! Chiara ! Perina, Margherita !
Chiennes d’enfer ! Mon lit n’est pas bassiné ! Mon feu
est éteint ! Vous dormez, carognes, pendant que je travaille.
Attendez ! Je vais vous réveiller à coups de
matraque… »

Chapitre 11 LE CARDINAL-ÉVÊQUE DE VENISE
    Comme on vient de le voir par les paroles de Pierre Arétin, il
faisait presque jour lorsque le cardinal Bembo, ayant quitté son
compère, se dirigea vers son palais. Sur le pas de la porte
attendait son valet de chambre, qui se précipita vers lui aussitôt
qu’il l’aperçut, en disant :
    « Ah ! monseigneur, quelle nuit ! quelle
alerte !
    – Silence ! fit Bembo en voyant que deux ou trois
passants s’arrêtaient pour le dévisager. Quoi qu’il soit arrivé,
apprends une bonne fois à éviter le scandale. Rentrons d’abord. Tu
t’exclameras ensuite. »
    Le valet courba humblement la tête et suivit son maître.
    Une fois arrivé dans son cabinet, Bembo commença par faire
panser les blessures de sa main qui le faisaient cruellement
souffrir.
    « Maintenant, dit-il en s’asseyant, parle ; et
surtout, sois bref.
    – Monseigneur, dit le valet, le palais a été envahi cette
nuit.
    – Envahi ? fit Bembo en fronçant le sourcil. Par des
voleurs ?
    – Non, monseigneur, puisque ces gens n’ont touché à rien,
ainsi que je m’en suis assuré après leur départ. »
    Bembo commença à pâlir.
    Le pillage de son palais par une bande de truands ne l’eût que
médiocrement surpris et affecté. Mais ces hommes qui n’avaient rien
pris, qu’étaient-ils venus chercher ? Ce fut le valet qui se
chargea de le lui apprendre.
    « Donc, monseigneur, il était un peu moins de deux
heures ; les domestiques étaient couchés depuis
longtemps ; mais je veillais, d’après l’ordre que vous m’en
aviez donné. Tout à coup, on heurta à la grande porte. Ne
reconnaissant pas votre signal, je me garde d’ouvrir. On heurte à
nouveau. Et comme je gardais le silence, j’entends qu’on détraque
les vantaux de la porte avec des barres de fer. Je me mets à crier.
Les domestiques accoururent. Mais en même temps la porte s’ouvre,
et une bande de démons fait irruption dans le palais. Les
domestiques sont saisis et tenus en respect par quelques-uns des
malandrins, tandis que d’autres allument prestement des lumières.
L’un d’eux, leur chef sans doute, demande qui est le valet de
chambre du cardinal. Je me nomme. Alors il vient à moi, me place un
pistolet sous le nez en me disant : « Conduis-moi à la
chambre de ton maître. » Je veux résister ; il arme son
pistolet. Alors j’obéis ; je le conduis dans la chambre de
monseigneur. Voyant que vous n’êtes pas là, il s’écrie :
    – « Où est ton maître ?
    – « En voyage.
    – « Tu mens !
    – « Non, par la Madone.
    – « Fais-moi visiter le palais. »
    « Alors, toutes les pièces, l’une après l’autre, sont
fouillées par ces gens ; ils regardent derrière les rideaux,
ouvrent les armoires, enfin accomplissent une perquisition qui dure
deux heures. Après quoi, ils se retirent sans avoir fait d’autre
mal, et sans avoir rien emporté, comme je le disais à
monseigneur. »
    Et le digne valet acheva :
    « Vous m’en voyez encore tout saisi.
    – Roland ! murmura Bembo livide… C’est bien,
ajouta-t-il à haute voix, laisse-moi. J’ai besoin de repos. Tu me
réveilleras dans trois heures exactement.
    – Bien, monseigneur.
    – Tu feras fermer partout, et tu iras toi-même chez le chef
de police, le seigneur Guido Gennaro, en lui disant de ma part ce
qui est arrivé ici cette nuit ; prie-le de me venir trouver
et, en attendant, d’envoyer une garde d’une vingtaine d’archers
pour protéger le palais, puisqu’en ces temps malheureux la demeure
des fils de l’Église n’est pas à l’abri de l’audace des brigands.
Va ! »
    Le valet de chambre se hâta vers l’exécution de ces ordres que
Bembo avait donnés pour dépister les recherches de ses gens. Il ne
croyait nullement à un retour offensif en plein jour.
    « Roland est sur moi ! songea-t-il avec

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