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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avec un autre événement que Votre Éminence ne connaît sans
doute pas à l’heure qu’il est, et avec un autre événement qui ne
tardera pas à s’accomplir.
    – Que voulez-vous dire ? fit Bembo avec une sourde
inquiétude.
    – Voici d’abord l’événement en question. On a retrouvé tout
à l’heure dans le canal deux cadavres enlacés. C’était le cadavre
d’un homme et d’une femme. La femme s’appelait Juana. Ce nom ne
dit-il rien à Votre Éminence ?
    – Non, fit sincèrement Bembo, étonné de la question.
    – Cette femme, continua alors Guido Gennaro, nous l’avons
longtemps surveillée, puis elle avait disparu, et nous avions
acquis la conviction qu’elle servait les complots du fils de
l’ancien doge.
    – Roland Candiano ! exclama sourdement le
cardinal.
    – Lui-même. Votre Éminence n’ignore pas qu’il n’a pas
renoncé à la prétention de prendre la succession de son père… Quant
au cadavre de l’homme, nous l’avons également reconnu. C’était
celui d’un ancien bandit que, par une faveur tout à fait
extraordinaire et dont plusieurs s’étonnaient ouvertement, on avait
récemment créé lieutenant dans le corps des archers.
    – Sandrigo ! »
    Le cardinal poussa cette exclamation avec une véritable terreur.
Il ne songea même pas à se réjouir de la disparition d’un aussi
redoutable rival. Il frémit d’épouvante. Car la mort de Sandrigo,
œuvre de Roland, à n’en pas douter, lui présageait la
sienne !
    Le chef de police sourit.
    « Monseigneur le connaissait donc ? demanda-t-il.
    – Je sais qu’il avait rendu de grands services, voilà
tout… »
    Et après un instant de rêverie, il ajouta :
    « Ainsi, Sandrigo a été assassiné !
    – Je ne l’avais pas dit à Votre Éminence. Mais elle a
deviné juste. Le cadavre du lieutenant – puisqu’il était
lieutenant ! – portait un poignard solidement enfoncé dans le
sein. Celui qui a frappé ce coup-là, doit rarement manquer son
but !
    – Et que suppose-t-on ? demanda Bembo.
    – On suppose, ou du moins je suppose, moi, dont c’est le
métier de voir clair dans tous les mystères, je suppose donc que
Sandrigo a été attiré par cette Juana dans un guet-apens, et frappé
par Roland Candiano.
    – Mais elle-même ?
    – Elle a été tuée peut-être parce qu’elle trahissait en
partie… Mais je vois que ce récit frappe l’imagination de Votre
Éminence beaucoup plus que je ne voudrais.
    – Non, non ! Continuez… Seulement, de pareilles
horreurs sont bien faites pour émouvoir un homme aussi paisible que
moi…
    – Je le comprends d’autant mieux, monseigneur, que
moi-même, j’ai été vivement frappé de ce double meurtre.
    – Mais vous parliez aussi d’un autre événement…
    – J’y arrive. Les deux cadavres ont été retrouvés dans le
canal, comme je le disais à Votre Éminence. Or, non loin de là, on
a retrouvé une gondole chavirée ; belle gondole, par ma
foi.
    – Sans doute la gondole dans laquelle avaient pris place
ces deux malheureux ?
    – Peut-être ! Moi, je l’ai reconnue tout de suite.
C’est la gondole de cérémonie d’une femme dont Votre Éminence a
peut-être entendu parler, et dont je rougirais de prononcer ici le
nom.
    – Cette femme ? interrogea Bembo sans relever la
phrase de Gennaro, et surtout sans vouloir approfondir l’ironie de
son accent.
    – Une courtisane célèbre, fit lentement le chef de police,
la courtisane Imperia. »
    Bembo se dressa tout droit :
    « Quoi ! aurait-elle été tuée, elle
aussi ? »
    Le visage du cardinal s’était décomposé. Ses dents claquaient de
terreur. Sandrigo frappé ! Imperia frappée ! Son tour
allait venir !
    « Non, monseigneur, fit tranquillement le chef de
police ; si vous portez quelque intérêt à cette femme, vous
pouvez vous rassurer, elle n’est pas morte… »
    Bembo se rassit, ou plutôt se laissa retomber sur son siège.
    Guido Gennaro continua :
    « La courtisane Imperia est dans son palais, je m’en suis
tout doucement assuré ; d’autant plus qu’une de mes premières
idées avait été que cette femme était l’assassin de Sandrigo et de
Juana. Mais j’ai vite acquis la conviction qu’elle n’était pour
rien dans ce double meurtre. Et cependant, elle doit, elle aussi,
avoir quelque chose de ce genre à redouter. Car je sais qu’elle
fait ses préparatifs de départ. Demain au plus tard, la courtisane
Imperia aura quitté

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