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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sous notre toit…
Va, mon enfant… »
    Cette scène eût été monstrueuse, si l’Arétin avait, comme le
supposait Bembo, joué la comédie. Mais l’Arétin était sincère. La
physionomie de Bianca l’avait bouleversé de compassion.
    Perina s’approcha de Bianca avec un charmant sourire.
    La pauvre petite, que des émotions si diverses et si violentes
avaient affolée depuis le début de cette soirée, vit ce
sourire : ses traits raidis se détendirent et ses larmes
coulèrent enfin…
    « Pauvre signorina, fit doucement Perina, venez, venez…
tant que je serai près de vous, vous n’aurez rien à
craindre… »
    Bianca serra convulsivement les mains que lui tendait Perina, se
leva péniblement, et, appuyée sur l’Arétine, disparut bientôt sans
avoir jeté un regard à Bembo, qui la suivit des yeux.
    On a vu dans quelles conditions la jeune fille avait consenti à
revenir à Venise en compagnie de Bembo. Lorsqu’elle fut assise dans
la gondole qui traversait rapidement la lagune, elle fut prise d’un
immense désespoir.
    Rentrer dans le palais de sa mère, c’était retomber au pouvoir
de Sandrigo, c’était le mariage, c’était l’horreur. L’idée seule,
le souvenir de ce mariage que sa mère lui avait proposé lui causait
un singulier effroi qui devenait de l’épouvante lorsqu’elle
songeait à ce mot échappé à la courtisane sur sa fille
évanouie :
    « Oh ! si elle pouvait être morte ! »
    Dans l’esprit de Bianca, le mot terrible s’associait fatalement
à l’idée de mariage. Et sa mère lui donnerait à choisir entre la
mort ou Sandrigo.
    Pourtant une pensée plus sinistre encore, plus effroyable la
faisait palpiter : tout infâme qu’elle fût, Imperia l’avait
aimée, idolâtrée. Et cette mère, voilà qu’elle était menacée du
bourreau…
    Ah ! oui, que faire ? que devenir ?
    Retourner au palais Imperia ! Jamais, oh !
jamais !…
    Alors ?…
    Lorsque la gondole toucha le quai, lorsque Bianca se retrouva
seule avec Bembo, elle vit qu’elle se trouvait devant un palais
qu’elle ne connaissait pas. Le cardinal qui, fidèle à sa promesse,
n’avait pas dit un mot pendant le retour, parla alors. Il parla
d’une voix calme et volontaire :
    « Nous voici arrivés, dit-il. Écoutez-moi encore, et puis
ce sera fini. Vous ne voulez pas être à moi, soit ! Je vous
fais horreur, soit encore ! Mais je jure que vous ne serez à
personne. Ce que j’ai dit, je le ferai à l’instant, j’en jure le
Christ et le salut de mon âme. Si vous consentez à vous réfugier
chez un ami éprouvé à qui je vais vous confier, votre mère n’a rien
à craindre. Si vous reprenez votre liberté, ce que je ne chercherai
pas à empêcher, dans une heure, la courtisane Imperia, assassin de
Jean Davila, sera arrêtée. Maintenant, suivez-moi ou retirez-vous,
vous êtes seul juge ! »
    Et comme il avait fait dans la forêt, il s’éloigna sans tourner
la tête.
    Bianca le suivit, comme on dit que des oiseaux suivent certains
serpents qui les attirent, les fascinent.
    Oui, ce fut ainsi que Bianca suivit Bembo.
    Il avait marché au palais devant lequel la gondole s’était
arrêtée, et avait heurté rudement.
    Bianca eut alors une minute de lucidité.
    Elle préviendrait sa mère !
    Et lorsque Imperia aurait fuit, elle, Bianca, fuirait à son
tour…
    Lorsque Bianca, soutenue par Perina, eut disparu, lorsque se fut
refermée la porte, Bembo et l’Arétin se regardèrent.
    « C’est la jeune fille dont je t’ai parlé, dit Bembo.
    – Celle qu’il s’agit de…
    – De dévergonder, oui, dit froidement le cardinal.
    – Qui est cette enfant ?
    – Ne te l’ai-je point dit ? ricana le cardinal. La
fille de la courtisane Imperia. Fille de courtisane, elle a du sang
de courtisane, elle est elle-même déjà une courtisane, sinon en
fait, du moins par l’ardeur de sa nature, par ses goûts de luxe,
par la fièvre qui inquiète son imagination en attendant qu’elle
inquiète ses sens… Qu’as-tu à dire ?
    – Je la plains », dit l’Arétin.
    Bembo sourit.
    « Il faut donc que j’étouffe tes plaintes. Prête-moi tes
outils de travail, ton bon encrier d’où sort une encre si corrosive
et d’où je veux, moi, tirer une encre d’or, ta bonne plume qui fait
de si cruelles blessures et avec laquelle je veux, moi, faire en ta
faveur une nouvelle saignée au trésor de Venise… Si je sais
compter, mon maître, il te revient cinq mille écus sur le total

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