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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’oublie plus
jamais.
    – Tiens ! fit-il rayonnant, et moi qui me
figurais…
    – Encore ! dit-elle avec un commencement d’impatience.
Comment faut-il donc te dire les choses pour que tu les
comprennes ?
    Il se mit à rire de bon cœur. Il eût été complètement heureux
s’il avait su Pardaillan hors de danger. Il dit :
    – Oh ! je comprends va. Alors, si tu aimes le seigneur
de Pardaillan comme un frère, tu voudras bien m’aider à le tirer de
sa prison.
    – De tout mon cœur, fit-elle spontanément.
    – Bon ; c’est l’essentiel.
    – Mais pourquoi l’a-t-on arrêté ? Comment ?
    – Pourquoi ? Je n’en sais rien. Comment ? Je le
sais. J’étais là, j’ai tout vu. Je l’ai suivi, lui aussi, jusqu’à
sa prison. On l’a enfermé au couvent San Pablo.
    – Tu l’as suivi ! Pourquoi faire ?
    – Pour savoir où on l’enfermait, tiens ! Pour tâcher
de le délivrer.
    – Tu veux le délivrer ? Toi ? Tu l’aimes
donc ?
    – Oui, je l’aime. Le seigneur de Pardaillan, pour moi,
c’est plus que le Seigneur Dieu. Je donnerais mon sang goutte à
goutte pour le tirer des griffes qui l’ont frappé. C’est que tu ne
sais pas, Juana, quel homme c’est. Si tu les avais vus !
Sais-tu combien ils se sont mis pour l’arrêter ? Des
compagnies et des compagnies. Partout il y en avait et ils étaient
tous là pour lui. Et Mgr d’Espinosa aussi, et la princesse
étrangère aussi, que j’ai bien reconnue, malgré qu’elle eût pris
des habits d’homme. Ils étaient mille peut-être pour l’arrêter, lui
tout seul. Et il était désarmé. Et il en a assommé, à coups de
poing. Si tu avais vu !… Et ils l’ont pris et ils l’ont
enchaîné. Et même tout enchaîné, incapable de faire un mouvement,
tant ils l’avaient ligoté des pieds à la tête, même réduit à
l’impuissance, il leur faisait peur. Ils en avaient peur, je te
dis !
    Voilà maintenant que le Chico, si peu loquace habituellement,
parlait, parlait sans s’arrêter, et s’enthousiasmait et s’exaltait.
Et ce n’était pas à son sujet, à elle, qui, jusqu’à ce jour, avait
été l’unique et constante préoccupation du petit homme, elle le
savait bien. Aussi la petite Juana allait de surprise en
surprise.
    Décidément, il y avait quelque chose de changé chez sa poupée,
et elle se demandait, non sans inquiétude, jusqu’où il irait et
quelle nouvelle surprise déconcertante il lui réservait.
    Et elle récapitulait dans son esprit : le Chico, si timide,
s’était présenté devant elle avec une impudente audace ; lui,
si sensible à tout ce qui lui venait d’elle, il avait accueilli ses
reproches avec la plus complète indifférence ; lui qui n’avait
d’yeux que pour elle, qui la comblait de délicates prévenances, lui
qu’elle croyait si passionnément épris, il n’avait pas eu le plus
petit mot aimable, pas la plus petite attention, et c’est à peine
s’il avait daigné l’honorer d’un coup d’œil distrait.
    C’était à croire qu’elle n’existait plus pour lui. C’était
l’abomination, la désolation, l’immolation, la fin des fins,
quoi ! À qui se fier, bonne Vierge ! après pareille
trahison !
    Pour l’amener à se départir de cette inconvenable froideur, elle
avait mis en œuvre tout l’arsenal compliqué et redoutable de ses
petites ruses puériles de coquette ingénue, elle avait eu recours
aux mille et un stratagèmes, qui, d’ordinaire, lui réussissaient si
bien : attitudes penchées, regards provocants ou alanguis,
gestes lents et câlins de ses mains fines et blanches, grâces
mutines, sourires ensorceleurs. Tout cela en pure perte.
    D’un geste machinal, elle avait enlevé la fleur posée dans ses
cheveux. Elle avait joué distraitement avec, l’avait portée, à
différentes reprises, à ses lèvres, comme pour en respirer le
parfum, et finalement l’avait laissée tomber… par mégarde. Il
n’avait pas bronché. Naïvement, elle pensa qu’il ne voyait
peut-être pas la fleur qu’elle lui jetait.
    Sans en avoir l’air, elle l’avait poussée du bout du pied
jusqu’à ce qu’elle fût bien en évidence. Et lui qui, autrefois,
n’eût pas manqué d’implorer la faveur d’emporter cette fleur, ou
qui l’eût sournoisement ramassée et cachée précieusement dans son
sein, il l’avait laissée où elle l’avait poussée. Assurément, c’est
qu’il ne voulait pas la ramasser, le mécréant ! Quelle
humiliation !
    Il

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