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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sans
doute, car une subite indisposition de Barbara, qui m’accompagnait,
m’a fait quitter la plaza après que le sire de Pardaillan eût si
brillamment dagué le taureau. Aussi demain irai-je faire brûler un
cierge à la chapelle de Notre-Dame la Vierge !
    Elle mentait effrontément, on le sait. Mais pour rien au monde
elle n’eût voulu lui donner cette satisfaction de lui dire qu’elle
l’avait vu dans son triomphe et que c’était ce qui l’avait fait
quitter sa place.
    Lui ne vit qu’une chose : c’est que, par bonheur, elle
avait pu regagner paisiblement sa demeure sans se trouver dans la
mêlée, où elle eût pu, en effet, recevoir quelque coup mortel.
    – Tu ne sais rien, dit-il avec un air de mystère. On
voulait assassiner le Torero. C’est pour lui qu’on s’est battu.
Heureusement ses partisans l’ont enlevé, et maintenant, bien caché,
il est hors de l’atteinte de ses ennemis.
    – Sainte Vierge ! que me dis-tu là ? fit-elle,
vivement intéressée.
    – Ce n’est pas tout. La rébellion dont tu as entendu
parler, c’était en faveur de don César. On dit qu’il est le fils du
roi ; c’est lui qui est, paraît-il, le légitime infant et
c’est lui qu’on voulait placer sur le trône à la place de son père,
le roi Philippe, lui qu’on acclamait sous le nom de roi Carlos.
    Il paraissait très fier de savoir tout cela, fier surtout de
connaître personnellement un homme qu’on prétendait fils du
roi.
    Elle, du coup, en oublia et sa feinte colère et son réel dépit,
et joignant ses petites mains :
    – Don César, fils du roi ! s’exclamait-elle. Eh bien,
à dire vrai, cela ne m’étonne pas. J’ai toujours pensé qu’il devait
être de très haute naissance. Tout de même je n’aurais pas cru
qu’il fût de sang royal. Et tu dis qu’il est l’infant
légitime ? Qui donc osait attenter à sa vie ?
    – Le roi… son père, dit le Chico en baissant la voix.
    – Son père ! Est-ce possible ? fit-elle
incrédule. Il ne savait pas, sans doute.
    – Il savait, au contraire. C’est même pour cela qu’il
voulait le faire meurtrir. Tout le monde ne sait pas ça, mais moi
je le sais. Il y a bien des choses que je sais, tiens ! et
personne ne s’en doute.
    – Mais pourquoi ? C’est horrible, cela, qu’un père
veuille faire tuer son fils !
    – Ah ! voilà ! Ceci, c’est ce qu’on appelle
« la raison d’État ». Je sais cela aussi.
    Malgré elle, elle eut un coup d’œil admiratif à l’adresse du
petit homme. C’est vrai, tout de même, qu’il savait des choses que
nul ne soupçonnait. Comment s’arrangeait-il pour savoir ?
    Il reprit, très sérieux :
    – Je servais de pago à don César dans sa course. Tu n’as
pas pu savoir, puisque tu étais partie quand nous sommes entrés sur
la piste.
    Elle savait très bien. Elle l’avait très bien vu. N’importe,
elle feignit d’être surprise. Lui continua :
    – Tu comprends que je devais savoir où on le conduisait. Je
l’ai suivi. C’est là que j’ai été si mal arrangé.
    Et avec un soupir de regret :
    – J’avais un si beau costume… tout neuf. Si tu m’avais
vu ! Regarde donc dans quel état on l’a mis.
    Oui, oui, elle voyait. Elle comprenait aussi. Il ne pouvait plus
être question de gronder. Il avait fait son devoir en suivant son
maître, le petit homme ; c’était bien.
    – Ce n’est pas tout, reprit tristement le Chico. J’ai
encore une nouvelle à t’apprendre… une mauvaise nouvelle,
Juana.
    – Parle… Tu me fais frémir.
    Il disait cela pour la préparer doucement et elle ne soupçonnait
pas où il voulait en venir. Alors il lâcha
précipitamment :
    – On a arrêté le sire de Pardaillan.
    Il était persuadé qu’elle allait s’effondrer à cette nouvelle.
Pas du tout, elle reçut le coup avec un calme qui le déconcerta.
Oh ! évidemment elle parut affectée, mais enfin ce n’était pas
le désespoir auquel il s’attendait. Voyant qu’elle se taisait, il
dit doucement :
    – Tu as du chagrin ?
    – Oui, dit-elle simplement.
    – Tu l’aimes toujours ?
    Elle le considéra avec un étonnement qui n’était pas joué.
    – Oui, dit-elle, je l’aime, mais pas comme tu penses.
    – Oh ! fit-il tout saisi, pourtant tu m’as dit…
    – J’aime le sire de Pardaillan, interrompit-elle, comme un
bon et brave gentilhomme qu’il est. Je l’aime comme un frère aîné,
mais pas plus. N’oublie pas cela, Chico. Ne

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