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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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suffit. Dès qu’il aperçut ce
moine, Pardaillan poussa un cri de détresse, se blottit dans un
coin et, cachant son visage dans son bras replié – le geste d’un
enfant qui veut se garer de la taloche – il hoqueta d’une voix
suppliante :
    – Ne… me… battez pas !… Ne me battez pas !
    Le moine posa tranquillement à terre le pain et la cruche et le
regarda un instant curieusement. Lentement, il leva le bras armé du
fouet.
    – Grâce ! gémit Pardaillan, sans chercher d’ailleurs à
éviter le coup.
    Le bras du moine retomba doucement sans frapper. Il hocha la
tête en le regardant, toujours avec la même attention curieuse, et
murmura :
    – Il est inutile de le prévenir que je lui apporte sa
pitance d’un jour : il ne comprendrait pas. Il est inutile de
le frapper, c’est un enfant inoffensif.
    Et il sortit.
    Pardaillan resta longtemps sans bouger, dans le coin où il
s’était réfugié. Peu à peu, il se risqua, écarta son bras, et ne
voyant plus personne, rassuré, il reprit son jeu avec le pan de son
manteau.
    Deux fois le moine se présenta ainsi pour renouveler ses
provisions. Chaque fois la même scène se produisit. La troisième
fois, le moine était accompagné d’Espinosa. Et, cette fois encore,
Pardaillan montra la même terreur enfantine.
    – Vous voyez, monseigneur, fit le moine, c’est toujours
ainsi. Le sire de Pardaillan n’existe plus, c’est maintenant un
enfant faible et peureux. De toutes les secousses qu’il a reçues,
et aussi grâce à mon philtre, il ne reste plus qu’un sentiment
vivant en lui : la peur. Son intelligence remarquable :
abolie. Sa force extraordinaire : détruite. Regardez-le !
Il ne peut même pas se tenir debout. C’est miracle vraiment qu’il
soit encore vivant.
    – Je vois, dit paisiblement d’Espinosa. Je connaissais la
puissance dévastatrice de votre poison. J’avoue cependant que je
redoutais qu’il ne produisît pas tout l’effet désirable. C’est que
le sujet sur lequel nous avions à l’appliquer était doué d’une
constitution exceptionnellement vigoureuse. Vous avez trouvé là
quelque chose de vraiment remarquable.
    Le moine s’inclina profondément sous le compliment et, avec la
modestie d’un savant qui connaît toute la valeur de sa
découverte :
    – Oh ! fit-il, le régime auquel on l’a soumis, les
différentes épreuves par où on l’a fait passer ont puissamment aidé
à le mettre dans l’état où vous le voyez.
    Pendant cet entretien, Pardaillan, réfugié dans son coin, le
visage enfoui dans ses bras, secoué de tremblements convulsifs,
gémissait doucement. Et le grand inquisiteur et le moine savant
parlaient et agissaient devant lui comme s’il n’eût pas existé.
    – Pour ce que j’ai à lui dire, reprit d’Espinosa, après un
silence passé à considérer froidement le prisonnier de
l’Inquisition, j’ai besoin qu’il retrouve un moment l’intelligence
nécessaire pour me comprendre.
    – J’étais prévenu, dit le moine avec une paisible
assurance, j’ai apporté ce qu’il faut. Quelques gouttes de la
liqueur contenue dans ce flacon vont lui rendre ses forces et son
intelligence. Mais, monseigneur, l’effet de cette liqueur ne se
fera sentir guère plus d’une demi-heure.
    – C’est plus qu’il n’en faut pour ce que j’ai à lui
dire.
    Le moine, sans s’attarder davantage, s’approcha du prisonnier
qui redoubla de gémissements, mais ne fit pas un geste pour éviter
l’approche de celui qui l’effrayait à ce point.
    Avec autorité, le moine saisit le coude, écarta le bras, mit le
visage de Pardaillan à découvert, sans que celui-ci opposât la
moindre résistance, fît autre chose que de continuer à gémir
doucement. Le moine écarta les lèvres et approcha son flacon. Il
allait verser la liqueur, préalablement dosée, lorsque, posant sa
main sur son bras, d’Espinosa l’arrêta en disant :
    – Faites attention, mon révérend père, que je vais rester
en tête à tête avec le prisonnier. Cette liqueur doit lui rendre sa
vigueur, dites-vous, il ne faudrait pourtant pas que je sois
exposé. Je suis, certes, de taille à me défendre et j’ai pris soin
de me munir d’une dague. Mais malgré ma force, je ne pèserai pas
lourd entre les mains de cet homme s’il retrouve ses forces, et si
l’idée lui vient de les utiliser contre moi. Il importe que le
grand inquisiteur sorte vivant de ce cachot ; il ne doit pas
disparaître avant d’avoir

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