Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
représentant de Dieu. Mieux,
c’était une émanation directe de Dieu. Offenser le roi, c’était
comme si on offensait Dieu. Nul châtiment n’était assez violent,
assez douloureux pour faire expier ce crime.
    Or, Pardaillan l’avait commis ce crime. Non seulement il avait
bafoué, insulté ce roi, considéré à l’égal de Dieu, mais encore il
avait émis la prétention de s’opposer à l’exécution de ses vastes
projets.
    Ce crime méritait un châtiment d’autant plus extraordinaire que
celui qui l’avait commis était un homme extraordinaire.
    Fausta lui avait indiqué un moyen qui, dans son infernale
barbarie, lui avait paru le meilleur. Il l’avait adopté et
perfectionné dans les détails. On serait venu lui en indiquer un
autre qui lui eût paru supérieur, il aurait renoncé à celui de
Fausta pour adopter celui-là.
    Il poursuivait la mise à exécution de son plan avec une rigueur
d’autant plus inexorable qu’elle était froidement raisonnée. Il
agissait pour un principe – et c’est ce qui le faisait si terrible,
si redoutable – non pour l’assouvissement d’une haine personnelle.
Il n’avait pas menti lorsqu’il l’avait dit à Pardaillan.
    Cette incroyable et abominable invention de la machine à hacher
était donc destinée non à broyer le chevalier, mais à achever de
porter l’épouvante dans son esprit déprimé par les tortures de la
faim et de la soif.
    Et cette épouvante, amenée à son paroxysme par une graduation
dosée avec un art infernal, avait été initialement préparée par un
stupéfiant, et en même temps devait compléter l’œuvre dévastatrice
de ce poison.
    En conséquence, les premières faux apparues étaient réellement
de bel et de bon acier ; elles étaient parfaitement
tranchantes et acérées. Mais les hachoirs du bas, ceux que
Pardaillan n’avait pu voir, attendu que, étendu à plat ventre sur
le plancher, cramponné à la traverse, il leur tournait le dos, ces
hachoirs du bas, sur lesquels, grâce à la déclivité du plancher,
son corps devait rouler, étaient placés là comme un leurre et
s’étaient repliés comme du caoutchouc sous le poids du corps qu’ils
auraient dû hacher.
    Pardaillan, lorsqu’il avait lâché prise, était à moitié évanoui.
Lorsqu’il parvint, sans se faire du mal, au bas de la pente, il
demeura étendu à terre, sans connaissance.
    Longtemps, il resta ainsi privé de sentiment. Petit à petit, il
revint à lui et jeta autour de lui un regard sans vie.
    Il se trouvait dans un cachot de dimensions exactement égales à
celles de la chambre d’où il venait d’être précipité. Le plancher
d’acier était remonté automatiquement et constituait le plafond de
sa nouvelle cellule.
    Ici, comme à l’étage supérieur, il n’y avait aucun meuble, pas
d’issues visibles autres qu’une porte de fer dûment verrouillée.
Seulement, ici le sol était en terre battue, les murs étaient épais
et couverts d’une couche de moisissure et de salpêtre, l’air chaud
et fétide.
    Pardaillan regarda tous ces détails d’un œil sans expression et
ne vit rien. Il prit un coin de son manteau qui avait roulé avec
lui, il se mit à le tortiller comme un enfant qui, d’un chiffon,
s’amuse à fabriquer une poupée, et il éclata de rire.
    Longtemps, avec cette gravité particulière aux tout petits et
aux grands dont l’intelligence s’est éteinte, il s’occupa à cette
distraction enfantine.
    Comme un enfant il parlait à la poupée, que ses doigts
tortillaient inlassablement ; il lui disait des choses
puériles qui n’avaient aucun sens, il la pressait dans ses bras, la
repoussait, la grondait avec des airs courroucés, puis la
reprenait, la berçait, la consolait et, fréquemment, sans motif
apparent, il laissait échapper le même éclat de rire sans
expression.
    D’autres fois, il paraissait lui faire des confidences
importantes, il la prenait à témoin des malheurs imaginaires, et il
se lamentait doucement, avec de petits sanglots convulsifs. Et
c’était infiniment triste. Ce jeu dura des heures sans qu’il parût
se lasser ; il n’avait plus conscience du temps.
    La porte s’ouvrit. Un moine parut. Il apportait un pain et une
cruche d’eau. Mais sans doute craignait-on un retour
d’intelligence, une crise de révolte et de fureur, car ce moine,
solidement bâti, tenait un fouet à la main.
    Il ne fit pas un geste de menace, il ne parut même pas regarder
le prisonnier. Sa présence seule

Weitere Kostenlose Bücher