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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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résumait à cela. Car, chose incroyable, l’idée
ne lui venait pas que le prisonnier, ayant peut-être pénétré son
projet, pouvait avoir eu assez de force, d’adresse et d’habileté
pour jouer une longue et macabre comédie, à laquelle ses
subordonnés, jusques et y compris le moine chimiste qui avait
composé la drogue atrophiante se seraient laissé prendre.
    Et comment admettre que le prisonnier eût pu résister à l’effet
du poison expérimenté toujours avec un succès sur d’autres
sujets : ces malheureux qu’il avait montrés à Pardaillan
parqués comme des bêtes dans une cage ?
    Et en admettant même que la constitution extraordinairement
robuste du condamné l’eût mis à même de résister plus longtemps
qu’un autre à l’action dissolvante, comment admettre qu’il eût pu
résister à l’effroyable jeûne qui lui avait été imposé ? Si
exceptionnellement doué qu’il fût, ceci était inadmissible. Et
c’est pourquoi cette pensée d’une comédie admirablement jouée ne
l’effleura pas.
    Coûte que coûte, il gagnerait donc les quelques minutes
nécessaires. Et si le prisonnier devenait trop menaçant, il s’en
débarrasserait d’un coup de dague. Il abrégerait ainsi son
agonie ; mais à tout prendre, il pouvait se déclarer satisfait
des tourments qu’il lui avait fait endurer.
    Voilà ce que disait le grand inquisiteur en étudiant Pardaillan,
cependant que sa main, sous la robe rouge, cherchait la dague qu’il
avait cachée. Alors seulement il s’aperçut qu’il n’avait plus cette
arme sur laquelle il comptait en cas de suprême péril.
    Il sentit la sueur de l’angoisse perler à la racine de ses
cheveux. Mais il montra le même visage impassible, le même regard
aigu qui n’avait rien perdu de son assurance. Et comme il croyait
toujours que Pardaillan, en le saisissant à la gorge, avait obéi à
un mouvement tout impulsif, non raisonné, il pensa que dans sa
chute la dague s’était peut-être détachée de sa ceinture et qu’elle
gisait à terre, peut-être tout près de lui. Il fallait la retrouver
à l’instant. Et du regard il se mit à fureter partout.
    Alors, avec cet air d’ingénuité aiguë, sur un ton narquois, le
prisonnier lui dit :
    – Ne cherchez pas plus longtemps, voici l’objet.
    Et en disant ces mots, il frappait doucement sur la poignée de
la dague passée à sa ceinture et il ajoutait avec un sourire
railleur :
    – Je vous remercie, monsieur, d’avoir eu l’attention de
songer à m’apporter une arme.
    D’Espinosa ne sourcilla pas. C’était un lutteur digne de se
mesurer avec le redoutable adversaire qu’il avait devant lui.
    Au même instant une idée lui traversa le cerveau comme un éclair
et, d’un geste instinctif, il porta les mains à son sein où il
avait caché le fameux parchemin.
    Une teinte terreuse, à peine perceptible, se répandit sur son
visage. Le coup lui était, certes, plus sensible que la perte de
l’arme qui devait le sauver.
    Alors, seulement, il commença de soupçonner la vérité et qu’il
avait été joué de main de maître par cet homme vraiment
extraordinaire qui avait su déjouer la surveillance d’une nuée
d’espions invisibles ; cet homme qui avait pu tromper les
moines médecins qui avaient passé de longues heures à l’étudier et
à l’observer ; cet homme, enfin, qui avait su si bien jouer le
rôle qu’il s’était donné qu’il en avait été dupe, lui
d’Espinosa.
    Il jeta sur celui dont il était le prisonnier – par un
renversement de rôles inouï d’audace – un regard d’admiration
sincère en même temps qu’un soupir douloureux trahissait le
désespoir que lui causait sa défaite, l’écroulement de ses vastes
desseins, sa perte inévitable avant d’avoir pu accomplir les
grandes choses qu’il avait rêvées pour la plus grande gloire de
l’Église.
    Et comme il avait lu dans son esprit, Pardaillan dit, sans nulle
raillerie, avec une pointe de commisération que l’oreille subtile
de d’Espinosa perçut nettement et qui l’humilia
profondément :
    – Le parchemin que vous cherchez est en ma possession…
comme votre dague. Ce précieux document, que j’étais venu chercher
de si loin, qui, devait donner un royaume à votre maître et faire
de mon pays une province espagnole, je n’eusse jamais cru que je
n’aurais qu’à tendre la main pour m’en emparer Je suis vraiment
honteux du peu de difficulté que j

ai rencontré

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