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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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joues si pâles, et,
joignant ses petites mains amaigries, dans un cri qui ressemblait à
un gémissement, elle fit :
    – Sainte Marie !… Monsieur le chevalier…
    Et après ce petit cri d’oiseau blessé, elle chancela et serait
tombée si, d’un bond, Pardaillan ne l’avait saisie dans ses bras.
Et chose curieuse, qui accentua le sourire malicieux de Pardaillan,
elle avait crié : « Monsieur le chevalier ! »
et c’est sur le Chico que ses yeux s’étaient portés, c’est en
regardant le Chico qu’elle s’était évanouie.
    Pardaillan l’enleva comme une plume et, la posant délicatement
sur un siège, il lui tapota doucement les mains en
disant :
    – Là, là, doucement, ma mignonne… Ouvrez ces jolis
yeux.
    Et au Chico pétrifié, plus pâle, certes, que la gracieuse
créature évanouie :
    – Ce n’est rien, vois-tu. C’est la joie.
    Et avec un redoublement de malice :
    – Elle ne s’attendait pas à me revoir aussi brusquement,
après ma soudaine disparition. Je n’aurais jamais cru que cette
petite eût tant d’affection pour moi…
    L’évanouissement ne fut pas long. La petite Juana rouvrit
presque aussitôt les yeux et, se dégageant doucement, confuse et
rougissante, elle dit avec un délicieux sourire :
    – Ce n’est rien… C’est la joie…
    Et par un hasard fortuit, sans aucun doute, il se trouva qu’en
disant ces mots, ses yeux étaient braqués sur le Chico, son sourire
s’adressait à lui.
    – C’est bien ce que je disais à l’instant même : c’est
la joie, fit Pardaillan, de son air le plus naïf.
    Et aussitôt il ajouta :
    – Or ça, ma mignonne, puisque vous revoilà solide et
vaillante, sachez que j’enrage de faim et de soif et de sommeil.
Sachez que voici quinze jours que je n’ai ni mangé, ni bu, ni
dormi.
    – Quinze jours ! s’écria Juana, terrifiée. Est-ce
possible ?
    Le Chico crispa ses petits poings et, d’une voix
sourde :
    – Ils vous ont infligé le supplice de la faim ? fit-il
d’une voix qui tremblait. Oh ! les misérables !…
    Ni lui ni elle ne doutèrent un instant des paroles de
Pardaillan. L’idée ne leur vint pas que ce pouvait être là une
manière de parler.
    Puisqu’il avait dit quinze jours, c’est que c’était quinze
jours. Et s’il paraissait encore si robuste, si merveilleux de
force et de vie, c’est que c’était le seigneur Pardaillan,
c’est-à-dire un être exceptionnel, une manière de dieu, au-dessus
des faiblesses humaines, puisque plus fort, plus audacieux, plus
savant que le troupeau des humains.
    Et Pardaillan qui comprit cela, doucement chatouillé par ce naïf
et sincère hommage, les regarda un instant avec une douce pitié.
Mais Pardaillan, qui était homme de sentiment, avait précisément
horreur de manifester ses sentiments. Il s’écria donc, avec la
brusquerie qu’il affectait en ces moments :
    – Oui, mordieu ! quinze jours ! C’est vous dire,
ma jolie Juana, que je vous recommande de soigner le repas que vous
allez me faire servir et de soigner surtout le lit dans lequel je
compte m’étendre aussitôt après. Car j’ai besoin de toutes mes
forces pour demain. Seulement, comme j’ai besoin de m’entretenir
avec mon ami Chico de choses qui ne doivent être surprises par
nulle oreille humaine – à part les vôtres, si petites et si roses –
je vous demanderai de me faire servir dans un endroit où je sois
sûr de ne pas être entendu.
    – Je vais vous conduire chez moi, en ce cas, et je vous
servirai moi-même, s’écria gaiement Juana, qui paraissait renaître
à la vie.
    Et, gamine qu’elle était, saisissant Pardaillan d’une main, le
Chico de l’autre, elle les entraîna en riant, d’un rire un peu trop
nerveux peut-être, mais incontestablement heureuse de les revoir,
heureuse de les avoir à elle, chez elle, rien que pour elle.
    Lorsqu’elle les eut introduits dans ce cabinet qui lui était
personnel, elle voulut sortir pour donner ses ordres, mais
Pardaillan l’arrêta et, avec une gravité comique :
    – Petite Juana, dit-il – et sa voix avait des inflexions
d’une douceur pénétrante – je vous ai dit que vous seriez une
petite sœur pour moi. Si j’en juge d’après la joie que vous avez
montrée en me voyant de retour sain et sauf, vous avez pour moi
l’affection qu’on doit avoir pour un grand frère. N’est-ce donc pas
l’usage ici, comme en France, que frère et sœur s’embrassent après
une longue

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